mardi 27 mars 2012

Comme si c'était ma fille..

J'avais 21 ans quand je suis devenue "belle-mère". Je n'aime pas trop ce terme hein, ça me rappelle la marâtre laide et méchante de Cendrillon mais je n'ai pas encore trouvé mieux.

Depuis des années je savais qu'un jour je deviendrais mère, j'en avais envie, alors je me disais que belle-mère, c'était déjà un bon début.Je me suis donc lancée avec bonheur dans l'aventure. Au début. Franchement, je n'ai jamais eu peur. J'ai refusé d'écouter les mauvaises langues qui disaient que je n'aurais pas du, qu'elle était petite, que je m'attacherai, que le jour où je me séparerai de son père ça serait dur de laisser la petite... Ce que j'ai vu c'est ce petit bout de femme de même pas 18 mois qui avait plein d'amour à recevoir, et comme j'en avais plein à donner...

Pendant des années, on m'a beaucoup entendu dire "je la considère comme ma fille". Parce que je le croyais, sincèrement. Parce que tant qu'on n'a pas vécu une maternité, on ne sait pas. Depuis la naissance de ma fille, je n'ai plus jamais prononcé cette phrase.

Parce qu'elle n'est plus exacte. Je ne suis plus d'accord avec moi-même. Avant, quand je la considérais comme ma fille, c'était un peu comme si je me "l'appropriais". Comme une façon de satisfaire mon désir de maternité. Un week end sur deux et la moitié des vacances. Une relation plutôt chouette. Un temps pour l'amour, les câlins et un temps pour vivre ma vie de femme nullipare. Les avantages sans les inconvénients, en somme. Au début.
Etre belle-mère, ce n'est pas si simple. Une belle-fille va toujours avec sa mère, et forcément, vu que la maman en question est l'ex de ton amoureux, il y a de très fortes chances pour que ça coince entre vous. Et d'infimes chances que vous soyiez copines comme cochonnes à faire les magasins ensemble un mercredi sur deux.

Oui parce qu'en fait, deux options s'offrent généralement à toi :
- Soit la nana a été larguée par ton amoureux, et comme c'est le père de son enfant et qu'elle l'aime, elle te déteste. Non seulement tu partages le lit la vie de son ex, en plus tu lui "voles" son enfant tous les 15 jours. Elle est joie. Dorénavant, elle n'aura qu'un but. Te détruire pourrir (la vie).

- Soit la nana a largué ton amoureux parce qu'elle pouvait plus le supporter et elle t'en veut de toute façon. Elle t'en veut de lui "voler" son enfant et d'arriver à supporter ce con mec qu'elle ne peut plus voir en peinture.


Dans tous les cas, il faut savoir que la maman a du mal à voir son enfant sourire avec toi, à le voir te faire des câlins et à voir que son enfant t'aime. Moi qui suis une mère, maintenant, j'ai envie de dire que c'est normal. Sincèrement, j'appréhende le jour où le père de Petite Elfe aura sa propre maison et une autre femme... Mais ceci est une autre histoire.

Je disais donc qu'au début, c'était chouette et puis.. et puis la réalité revient toujours remettre un peu de plomb dans la cervelle. Le temps passe et on se rend compte que l'amour, ça ne suffit pas toujours. Que la vie est déjà bien compliquée et qu'on a beau ne pas vouloir que l'enfant trinque, il se retrouve au centre de conflits stupides d'adultes qui passent plus de temps à chercher comment emmerder l'autre qu'à faire le bonheur de leur enfant. Je ne juge pas, je serais bien mla placée pour le faire...mais je constate.

Etre belle-mère, c'est expérimenter à quel point il est difficile de trouver sa place, sans déborder sur l'espace parental. D'être, en quelque sorte, la troisième roue du carrosse. Je sais que je n'ai pas été capable de ça. Que j'ai pris une trop grande place, évincé le papa en quelque sorte pour assouvir cette soif de materner.

J'ai aimé cette enfant, je l'ai prise sous mon aile de belle-mère poule. J'ai accompagné ses pas, tenu sa main fort dans la mienne. J'ai consolé ses chagrins, je me suis levée les nuits. Je l'ai vue apprendre à parler, je l'ai emmenée à la piscine et au zoo. J'ai passé mes vacances avec elle et je lui ai acheté des kilos de jolis vêtements.

Aujourd'hui, je l'aime encore, bien sûr. Ce n'est pas la question. Mais c'est devenu compliqué (au moment où j'écris ça je vois très bien la scène du film Troie, avec Brad Pitt dans le rôle de celui qui dit "c'est devenu compliqué". Comment ça vous vous en fichez?)

Pendant que ma Petite Elfe remplissait peu à peu mon ventre, j'entendais très souvent ma belle-fille me dire "maman elle dit que quand tu auras ton bébé tu ne t'occuperas plus de moi, c'est vrai?". A chaque fois que je lui répondais "mais non, ce n'est pas vrai. Je t'aime, ma puce", je sentais mon coeur se fissurer un peu plus. J'avais déjà un poids énorme sur les épaules, je voulais seulement qu'on me fiche la paix, qu'on me laisse profiter de ma grossesse. Je voulais le silence, la paix. La paix de mon âme, s'entend.

Je ne l'ai jamais trouvée. Alors j'ai lâché prise. Pris du recul et une énorme distance. J'ai materné mon enfant tout mon soûl, j'ai découvert ce qu'était qu'être mère. J'ai redonné sa place au père de ma belle-fille. Brutalement, sans doute.

Je pense que ça a été douloureux pour tout le monde, sur le moment. Je pense aussi que ça valait mieux comme ça. Parce que dans quelques mois( semaines?), quand nous n'habiterons plus ensemble, j'espère que ça sera moins douloureux pour ma petite belle-fille. J'ai pris tellement de distance vis à vis d'elle que je ne suis pas sûre de lui manquer. Elle a retrouvé son papa, c'était vital pour elle.

Et moi... J'ai eu tout le temps de réfléchir. De comprendre pourquoi ma belle-fille et moi nous nous sommes éloignées. Je ne peux pas tout dire ici mais certains événements extérieurs peuvent détruire une relation plus sûrement que le temps qui passe. Je n'ai pas détesté être une belle-mère, au contraire. Le papa de Petite Elfe m'a dit un jour "si j'avais eu une belle-mère, j'aurais voulu qu'elle soit comme toi". Je l'espère, vraiment.

Peut-être même qu'un jour, j'aurais la chance d'être à nouveau une "belle-mère" et de recommencer l'aventure.... qui sait?



Chasse aux oeufs...oeuf facile à trouver^^


jeudi 15 mars 2012

Je suis venue te dire...

Que le temps a passé.

Que de notre rencontre ne reste que les bribes de bons souvenirs. Comme une douce chaleur dans le coeur qui me rappelle que j'avais 20 ans et que je dérivais un peu dans ma vie. Jusqu'à ce que, du haut de tes 34 ans, tu me tires vers le rivage.
Je suis venue te dire merci, de m'avoir aidée à parler, d'avoir su être à mes côtés dans L'épreuve. Merci d'avoir accepté de ne pas toucher mon corps pendant des années.

Je suis venue te dire qu'Arwen a été le plus beau cadeau que tu m'aies fait. Que les plus chers cadeaux ne valent pas l'amour d'une mère à son enfant.

Je ne suis pas venue te dire "ne pleure pas"... juste te rappeler qu'aimer, ce n'est pas posséder. Que même le coeur en lambeaux, lorsqu'on aime on peut laisser l'autre prendre son envol... Ne dis pas que c'est facile de le penser, je le sais, je l'ai déjà fait...

Je suis venue te dire que je ne regrette rien. Que notre mariage était un beau moment. Que nos voyages restent autant de portes ouvertes sur mes souvenirs. Que nos projets étaient réels. Et que ce n'est pas parce que je n'ai pas de regrets que cela doit continuer.

Je ne t'ai pas menti. A chaque "je t'aime" j'ai ouvert mon coeur au tien et j'y ai cru. Mais nous avons changé. Evolué, je crois. Grandi, j'espère. Un peu trop différemment. Un peu trop "côte à côte" plutôt qu'"ensemble". Un peu trop ce que je redoutais.

Je suis venue te dire que nous sommes responsables de nos actes. Toi, moi. Que le point final n'est pas mis par ton ex, ta mère, ton frère ou qui sais-je. C'est seulement que je n'ai plus la force d'écrire dans le livre de notre relation. Le point final, j'en prends la responsabilité. Seule. Comme une femme que je suis devenue.

Je suis venue te dire qu'il n'est plus temps de regretter, de s'apitoyer ni d'espérer. Il est temps de vivre. De se prendre en main. D'être heureux séparément plutôt que malheureux ensemble.

Aujourd'hui, je suis venue te dire au revoir...

dimanche 4 mars 2012

Mes amis, mes amours, mes emmerdes

Pour fêter la barre des 200 personnes présentes sur la page, je vous avais proposé de me donner des thèmes. J'ai choisi d'écrire sur l'amitié virtuelle, parce que c'est un peu d'actualité pour moi en ce moment.

D'abord, ça m'a ramenée des années en arrière. Au temps où, alors qu'on avait la télé à la maison depuis seulement 3-4 ans  et on ne se moque pas, internet est arrivé dans ma vie. Au temps où connexion signifiait téléphone qui sonne occupé et donc maman qui râle.

Je devais avoir 14 ans quand j'ai ouvert mon premier compte messagerie. Caramail. C'était mignon, caramail, tout sucré, tout doux. J'ai appris les smileys, j'ai découvert mes premiers amis virtuels. Je me souviens que j'avais "rencontré" un mec qui vivait à l'île Maurice. On a papoté pendant plus d'un an, il m'a même envoyé des cartes et proposé de me loger si je passais en vacances là-bas. Je ne me faisais pas d'idées, hein, j'étais une nana oui d'ailleurs je le suis toujours, lui un mec toujours aussi, j'imagine et j'avais de la distance vis-à-vis de cette "amitié" mais quand même...ce fut mon premier ami virtuel.

Ensuite, je suis devenue moins "mignonne", j'ai basculé chez Hotmail. Déjà rien que le nom...ça annonce la couleur! Hot, check.
Il ne s'est rien passé de bien extraordinaire chez Hotmail mais moi j'avais grandi. J'y ai rencontré mon premier gros chagrin d'amour. Celui qui avait habité chez moi un mois mais qui a laissé des traces dans ma vie pour des nombreux mois par la suite. Bon, ok, je m'égare un peu, c'était pas vraiment un "ami".

Les années suivantes ont mis en pause mes amitiés virtuelles. Je me suis investie dans ma vie, j'ai eu mon concours, je me suis mariée pour le meilleur et surtout pour le pire, j'ai eu Petite Elfe.
C'est quand tout a commencé à merder que j'ai rebasculé du côté "obscur". D'abord, facebook. Moi qui me moquais des copines connectées sur "face de bouc" je me suis faite avoir. Ensuite, il y a eu le blog et tout s'est accéléré.

J'ai redécouvert l'amitié virtuelle. J'ai fait de belles rencontres, donné ma confiance. J'ai eu raison, et parfois je me suis trompée. Comme dans la "vraie vie" quoi. Parce qu'après tout... Le virtuel, pourquoi ça ne serait pas vrai?
Sur internet, je suis sincère, peut -être plus qu'en "vrai". Parce que c'est plus facile. Quand un ami sonne à ta porte en te demandant "je te dérange?", c'est assez difficile de lui répondre "non tu me déranges pas mais là, j'ai pas envie de te voir! Je voudrais juste pouvoir bouquiner tranquille". Petite parenthèse : je pourrais aussi installer un système qui détecte les amis et diffuse à leur approche cette très bonne chanson (pardon, mais j'adore!) :




Sur internet... je ne parle vraiment aux gens que quand j'en ai envie. Rien ni personne ne me force. Je n'ai pas peur d'être jugée pour ce que je dirai.
Et puis... là je parle plus précisément du blog, j'ai rencontré des gens qui me "ressemblent", qui ont des affinités avec moi forcément et du coup, ça simplifie un peu les rapports.

En bref, l'amitié virtuelle ce n'est PAS virtuel. Pour moi, c'est on ne peut plus réel.

Dans mon cas, cette amitié, elle s'est traduite par :
Une journée vraiment chouette à Paris, suivie de réflexions sur le fait que m**** Clermont c'est fichtrement loin de Paris b*****!!!
Un roman, un recueil de contes en cours d'écriture. Un partage dans l'écriture.
La confiance en moi retrouvée (enfin, là... un peu repartie mais bon)
Avoir enfin pu dire, pour de vrai "je suis ton amie, tu as besoin de moi et je suis là pour toi"
L'envie de donner, de partager avec des gens qui me touchent
Des larmes, une bonne cargaison de larmes. De toutes sortes. Je suis sensible, trop peut-être.
Une personne qui s'est impliquée pour moi. Qui m'a soutenue, au prix de son amitié à elle. Je n'oublierai pas ça.
Des heures de papote, au téléphone, en Facetime ou sur internet.
Quelques kilomètres de plus au compteur de la voiture, des kilomètres de bonheur.
Et tout le reste à venir, avec vous, peut-être?
...

En bref, l'amitié virtuelle, c'est chouette, c'est fort, et c'est comme toutes les autres amitié aussi... quand elle est cassée c'est terminée. Je déteste donner ma confiance et la voir bafouée. Et sur internet, il est d'autant plus facile de "tourner" la page. N'avoir pas à affronter l'autre en vrai, ne jamais le revoir en vrai, ça aide. Enfin, j'espère...

Allez... j'en ai fini pour aujourd'hui avec l'amitié virtuelle mais j'attends vos réponses, vos remarques... L'amitié, virtuelle ou non, c'est toujours un échange.

jeudi 1 mars 2012

Il n'avait pas 20 et pourtant...

C'était un lundi de septembre. Je faisais ma première rentrée scolaire, avec mes 13 premiers élèves. J'étais super angoissée contente et impatiente de rentrer chez moi le soir connaître mes élèves.

Cette année-là, j'ai rencontré ma vocation, mes premiers parents d'élèves pénibles. Mais pas que. Cette année-là, j'ai rencontré 13 enfants. L'idée, c'était que mes 4 petits CE1, je les suivrai 4 ans de leur vie. Que je les verrai grandir, que quelque part, je serai autant fière d'eux que leurs parents. Leurs progrès, leur curiosité de la vie.

Tout ne s'est pas passé ainsi. Un premier départ, un déménagement. Puis un second, un échec. Je n'ai pas su arrondir les angles, pas su expliquer que je n'étais pas responsable de la chute. Pas su retenir.

Si vous suivez bien, il me reste, à la fin de l'année, deux CE1. Et trois ans à avancer ensemble. Naïve que je suis.

La vérité, c'est que j'ai eu la chance de connaître un enfant extra-ordinaire. Un petit homme en devenir dont je suis super fière. Et pas parce que ses parents lisent mon blog. (d'ailleurs, coucou à vous!)
Ce petit homme, il répondait toujours aux questions que je posais aux plus grands avant eux, il avait besoin de ma présence "maternelle" et de mon soutien.  On se faisait des grimaces quand il rêvassait en classe et on a pris des fous rires mémorables à la cantine, plus d'une fois.

Au début, quand ses résultats ont baissé j'ai pensé à une petite baisse de régime, un truc du genre ou bien le début des hormones qui bouillent. J'ai décidé d'observer. Jusqu'au jour où... à l'occasion d'un conversation je suis devenue dépositaire d'un presque secret. D'une angoisse. L'angoisse d'une maman, il n'y a rien de plus important pour moi. Il me fallait réagir, vite. Chercher des infos, vois si j'avais le droit de lui faire "sauter" son CM2, savoir si il serait bien accueilli au collège.

C'est à ce moment là qu'ont commencé les surprises. Les bonnes, et les moins bonnes.

L'oscar de la meilleure surprise revient aux parents de mon loulou. Ils m'ont donné leur confiance, le bien le plus précieux dans mon métier.  On a avancé ensemble et on a su faire au mieux pour que tout se passe bien. Pour que parents et enfant aient confiance en l'avenir. Ou tout du moins confiance en eux. En leur sphère familiale si joliment soudée.
Je vous raconte même pas... le jour de la rentrée quand je l'ai vu à la porte de l'école alors qu'il avait quitté ces lieux en juillet pour aller rejoindre la sixième. Il était venu avec son père me faire un coucou. Ou bien essayer de me faire pleurer je sais pas trop ... mais j'ai pleuré en cachette, quand ils sont partis, na!

L'oscar de la plus belle déception revient aux collègues, à ma hiérarchie...à tous ceux qui m'ont dit "Quoi? Non mais les surdoués ça existe pas hein... puis de toute façon si il était si bon que ça, il aurait 20 de moyenne générale, non?"

Justement, eh bien non, non et non! Ce gamin il s'emmerdait à mourir dans la classe, je n'avais absolument pas les moyens de lui offrir tout ce dont il avait soif. D'ailleurs, je ne sais pas qui ne a les moyens... accrochez-vous m'sieurs dames!
Il n'avait pas 20 et pourtant... Il avait 9 ans quand il est entré en sixième. Et certains profs ne s'en sont même pas rendus comptes. Il avait 9 ans quand il a été élu délégué de sa classe de sixième alors qu'il avait derrière lui une année de CM1 avec un CM2 suivi "illégalement" pendant 4 mois.

Je vais vous dire... J'ai fait confiance à la psychologue, confiance à cet enfant, à sa famille. Je me suis aussi un peu fait confiance. J'ai dit merde bon, ok, dans ma tête aux bien-pensants, aux jaloux. A tous les frustrés de ne pas EUX être aussi intelligents. J'ai pris la décision la plus importante de ma toute jeune carrière. Je lui ai donné son passeport pour la sixième. Avec deux ans d'avance et toutes ses dents.

Alors... aujourd'hui, un repas entre amis et quelques mois plus tard...

Je dois aussi te donner un oscar à Toi, mon loulou... toi qui ne savais pas si tu voulais partir en sixième, toi qui as décidé que oui quand je t'ai dit que je ne serai peut-être plus là l'année suivante. Toi qui m'a envoyé ce petit courrier en septembre, que j'ai rangé dans mon portefeuille et qui me suit maintenant partout. Toi qui m'as faite pleurer pour de si belles raisons...

Je suis si fière de toi. Continue ton chemin, aies confiance en toi et en l'homme que tu vas devenir. Sois fier de toi comme nous le sommes, car tu as toutes les raisons de l'être.
Et tu sais quoi? Merci, je suis fière, tellement fière d'avoir été ta maîtresse.





Chasse aux oeufs