lundi 9 juillet 2012

Tu seras un homme, mon fils...

J'abordai récemment la notion de maternité au cours d'une conversation passionnante. Et j'en concluais.. que pour moi, être femme et donner la vie, c'était... Ne plus penser qu'à soi, pour soi.

Envisager un avenir pour lui, son enfant ;  être fière de le voir croître sous la pluie de notre amour et s'épanouir sous la lumière du soleil de notre coeur.
Essayer de lui donner les clés pour quitter le nid qu'on lui a patiemment construit.
Etre mère, c'est l'antithèse de l'égoïsme. Bâtir pour lui, pour son enfant. Et ne rien attendre en retour, que la fierté de voir que le fruit de notre amour est devenu un bel arbre.

Etre mère c'est espérer, à chaque heure qui s'avance, que l'on a réussi. Qu'un jour on pourra entendre quelque chose qui ressemblerait à "Merci, Maman, je suis heureux et ça, c'est un peu grâce à toi".

C'est aussi parfois avoir mal. Quand le cœur de notre enfant saigne, quand on se demande ce que l'on a bien pu rater pour que son sourire cache autant de tristesse. Quand on aimerait le voir déployer ses ailes immenses pour rejoindre le ciel de son bonheur.

Etre mère, c'est tout concilier. Faire en sorte de ne pas s'oublier dans la maternité, être une femme, rester la femme de l'homme que l'on aime. Se partager en cent sans oublier de rester une.

Etre mère c'est penser au jour où son enfant nous annoncera les yeux brillants de bonheur qu'il a tissé le fil de la vie, qu'il va à son tour endosser le merveilleux rôle de parent. Et sentir son coeur se gonfler de bonheur.

Etre mère c'est pouvoir tout entendre même si on ne le comprends parfois pas toujours.

Etre mère c'est ne jamais baisser les bras. Lui ouvrir encore et toujours les bras, la maison et le coeur tant qu'il en aura besoin. Et continuer à tout faire pour qu'il s'envole. Lui apprendre à prendre le risque de vivre, parce que ça fait mal,parce que ça fait du bien, parce que c'est beau.

Etre mère c'est cacher ses larmes. Les laisser couler dans son coeur ou bien derrière la porte doucement refermée sur ses songes. Porter à bout de bras son monde, quel qu'en soit le prix. Silencieusement, discrètement, être là.

Etre mère, c'est pouvoir dès le premier instant lui dire "tu seras un homme, mon fils".

mercredi 4 juillet 2012

Voilà, c'est fini....

Voilà, nous y sommes. Demain, le grand livre de l'année scolaire se referme. Sur ses bonnes notes et ses ratures. Sur les colères et les petits bobos.Sur les discussions philosophiques. Sur les parties de foot dans la cour de l'école.

Demain, une année de plus s'achève dans cette même école où j'ai débuté ma courte carrière. Je débrancherai un à un les ordinateurs, rangerai soigneusement mon bureau. Je reprendrai ma trousse et mes chewing-gum cachés dans le tiroir sous le bureau. Je regarderai encore une fois en arrière, puis doucement je fermerai la porte sur mes souvenirs. Oh non, je ne pars pas, je serai là en septembre mais j'ai besoin de ce rituel. Clore l'année comme on clôt un livre pour ne pas y revenir, ou plus tard, avec nostalgie.

Je rejoindrai ensuite mes élèves dans le couloir, la gorge serrée je dirai au revoir à mes CM2, en leur faisant promettre de revenir me voir quand ils le pourront. Je ferai un gros bisou à ceux qui en ont envie puis je les laisserai se disperser comme des papillons vers le bus qui les entraînera dans la folle aventure des vacances.

L'année s'achève et moi je rêve... à mes vacances à moi, et aux dizaines de livres que je vais pouvoir avaler. A mes départs vers des contrées que je veux découvrir. Aux travaux de la maison, qu'on puisse enfin la vendre. Au futur qui m'attend et qui se bâtit aujourd'hui.

L'année s'achève et je dresse le bilan. Les réunions interminables, les discussions plutôt âpres. Les mauvais moments. Les belles surprises. Les erreurs qu'on répare mais qu'on n'oublie pas. Les 21 âmes que j'ai eu entre les mains et que j'ai vu grandir et progresser. Les 5 ou 6 stylos rouges que j'ai vidés. Les centaines de kilomètres avalés, sous le vent, la pluie, la neige et le soleil. Les renards et les chevreuils croisés au petit jour sur la route de l'école. Les bouquets de jonquilles offerts pas les filles, qui me donnaient la migraine mais qui trônaient quand même sur mon bureau. Les dizaines de livres lus le soir, sur le canapé vert ou au pied du grand arbre, dans la cour. Les dictées du vendredi matin et l'origami du jeudi.

S'il faut fermer la porte, je la fermerai demain sur les yeux qui pétillent et les sourires. Sur les dessins par dizaines et les poèmes appris.

Demain, de maîtresse je redeviens juste maman, pour deux mois seulement. Pour une éternité.