vendredi 19 avril 2013

J' ai peur...

J'ai peur de la maladie,LA maladie qui aurait pu me voler ma mère lorsque j'étais si jeune, celle qui a emmené tant de gens qui comptaient, autour de nous. J'ai peur qu'encore,à nouveau elle rôde et frappe là où ça fait si mal.

J'ai peur de voir partir les gens que j'aime, de ne pas être là,d'être là aussi et surtout de ne pas savoir dire au revoir.

J'ai peur de pleurer, de laisser voir aux autres ce qui ruisselle au fond de moi.

J'ai peur de voir la mort.

J'ai peur des hôpitaux, jamais je n'ai pu effacer de ma mémoire les quelques minutes passées en réanimation auprès de celui qui fut mon meilleur ami et que j'ai cru perdu à tout jamais. La maigreur de ce corps que j'avais avant tenu contre moi, devenu si pâle, gris et jaune à la fois. Ses yeux fuyants, et moi, qui me perdais... Je n'oublierai jamais et j'ai si peur que ça arrive, un jour.

J'ai peur des hôpitaux, ma petite mamy. J'ai si peur que je ne peux pas venir te voir, pas comme ça, pas si je ne sais pas si tu te réveilleras un jour, ni comment cela arrivera. J'ai peur,mamy, peur de te perdre sans même t'avoir dit au revoir, sans même un dernier bisou, sans une dernière visite de ton arrière petite fille.

Alors je te le demande, accroche toi à la vie, la vraie. On a encore des rires à partager. Encore des gens à connaître et à aimer. Encore des étoiles à admirer, encore des fleurs à semer.

Le printemps arrive,mamy, la nature renaît. Alors vite, toi aussi...ouvre tes yeux mamy, on commence tous à paniquer. Arrête de blaguer,mamy, ils n'ont pas le coeur à rigoler.

Réveille-toi, ma petite mamy, réveille toi pour de vrai. Je n'ai pas eu le temps de te dire que je t'aime comme la seconde mère que tu as été quand Maman ne pouvait pas être là. Je n'ai pas eu le temps de te dire que j'ai encore besoin de toi.
Mamy...s'il te plaît...réveille-toi...

mardi 9 avril 2013

Le jour où j'ai visité une école "alternative"

Vous le savez, j'en ai déjà parlé ici, je ne suis pas très rassurée avec le fait que Petite Elfe entre à l'école en septembre. Pour elle, j'aurais aimé une "autre" école que celle que je connais. Je suis bien placée pour savoir que le souci, ce n'est pas les enfants mais l'Education Nationale qui n'est pas adaptée à la majorité des enfants. Bref.

Aux hasards de facebook, la semaine passée, je découvre l'ouverture en septembre tout près de chez moi d'une école "alternative", un établissement (privé bien entendu) dans lequel on ferait classe selon les pédagogies Freinet et Montessori notamment. Une journée portes ouvertes est annoncée samedi. Et là, à cet instant, je me dis "Wahhhoooooou bingo youpee tralala" et ni une, ni deux je m'inscris à cette rencontre, j'y pense pendant deux jours, je vois avec ma mère comment on pourrait s'arranger pour les trajets l'an prochain, etc. En un mot comme en cent, je suis RA.VIE!

Arrive donc samedi. Le rendez-vous est fixé à 10h, on arrive pile à l'heure et je commence déjà à me dire que zut quand même on aurait pu arriver 5 minutes plus tôt mais bon.
Premier souci : il est 10 heures, il ,n'y a personne, les bâtiments sont immenses et RIEN n'indique où nous devons nous rendre. Etant donné qu'il pleut, me voilà un peu perplexe sur la marche à tenir.
Nous attendons donc dans la voiture l'arrivée d'autres compagnons de galère parents. Ah...les voilà. Tous aussi peu informés que moi, voilà qui me rassure. Ou pas.

Aux alentours de 10h10, nous voyons arriver un homme, très décontracté, qui vient poser des petits panneaux pour indiquer aux gens où se rendre (pour la porte ouverte de 10h, je me dis qu'ils sont bien organisés...). Nous voilà donc parties, Mamie Elfe, Petite Elfe et moi, à la découverte de l'école.
A ce stade-là, il faut que vous sachiez que lorsque je lis "journée portes ouvertes" associé à "ouverture en septembre" et que l'on est au mois d'avril, je m'attends donc à visiter les locaux de l'école où j'inscrirai ma fille, j'imagine un peu que ce sera coloré, j'ai hâte de voir à quoi ressemble une classe Montessori, de pouvoir montrer à ma fille à quoi va ressembler (peut-être) sa rentrée.

Et là...c'est le drame la déception. Nous entrons dans des locaux complètements vétustes, dans lesquels règne un joyeux bordel, un froid qui nous glace et qui ne ressemble en rien à ce qui sera (peut-être) la future école. Une table est posée au milieu d'une pièce, avec quelques gâteaux (très bons au demeurant) et des boissons chaudes.
Des gens plutôt "roots" (je n'ai rien contre hein, mais j'ai envie, quand j'envisage de confier ma fille à des adultes pour toute une année scolaire, de le faire à des personnes en qui je sens que je peux avoir confiance et qui n'ont pas l'air d'émerger d'une courte nuit arrosée de chichon) nous "accueillent à coup de "salut, tu vas bien? jte fais la bise hein". Ok, ambiance.

A partir de ce moment, je commence à me demander ce que je fais là, Petite Elfe glacée accrochée à moi comme à une bouée. J'attends. Encore. Encore. Rien ne bouge.

Il est 11heures, une porte s'ouvre, nous pouvons nous installer dans une minuscule salle de classe des années 60 qui contient environ la moitié des chaises nécessaires. On va pouvoir enfin savoir comment s'annonce l'année scolaire. Un cours débute, très magistral, dans lequel on parle de la motivation extrinsèque/intrinsèque. Ok, je laisse un peu mon esprit vagabonder, je connais tout ça je l'ai appris à l'IUFM (et oui...comme quoi). Ensuite, deux animatrices viennent parler des méthodes Montessori et Freinet (tout en expliquant que l'enseignante Montessori n'est pas venue et qu'elles ne connaissent pas vraiment la pédagogie Freinet). Elles commencent par dire que leurs explications seront un échange, pas du tout un discours magistral comme le précédent. Peine perdue, pendant 30 minutes, elles parlent, parlent, parlent. Montrent un tout petit peu de matériel. Fin de l'explication.
Viendra ensuite la fin du cours magistral, là où on comprendra pourquoi l'école coûte les yeux de la tête (avec un magnifique tableau qui, en outre, présente le coût mensuel de l'école, en semblant oublier que l'on ne va pas payer une école deux mois d'été pour ne pas y venir...), là où on apprendra que si on veut qu'elle ouvre ce sont donc nous, les parents, qui devront faire les travaux, là où on découvrira que l'école sera fermée le mercredi.

Je passe sur les explications savamment distillées qui prouvent par A plus B que cette école est la seule dans laquelle un enfant pourrait s'épanouir et apprendre sereinement, et donc, si tout va bien, en sortant, si tu as décidé de ne pas inscrire ton enfant pour quelque raison que ce soit, tu devrais te sentir coupable de l'envoyer dans un système atroce dans lequel il deviendra un mouton malheureux.
Je passe aussi sur le très sérieux budget prévisionnel qui montre que l'école coûterait moins cher à faire fonctionner avec un poêle à bois (15 euros de moins par mois et par enfant que l'électricité) mais qui ne prend pas en compte le prix d'achat du poêle...hum. Sans compter que l'école fonctionnera parfaitement avec 8 stères de bois par an. En Auvergne. Quelle chance...

En résumé, je suis allée visiter une école fantôme (et qui à mon sens ne verra pas le jour, à moins d'un miracle). J'ai donc compris que, si j'y inscrivais ma fille, cela me coûterait à peu près 300 euros par mois (plus les frais de nourrice pour le mercredi puisque moi je travaille le mercredi), plus les frais de cantine, plus les frais de transports. Que je devrais également  mettre la main à la pâte pour faire que cette école fonctionne (en gros, que je vienne y faire des travaux et que je donne de mon argent aussi pour acheter des matériaux). Et j'avoue que le côté "centre aéré" et "équipe d'animation roots et sympa" m'a complètement déçue. J'ai trouvé que cela donnait un côté non sérieux à l'affaire, en plus de discréditer, à mon sens et de marginaliser plus encore des pédagogies différentes qui, elles, sont très intéressantes.

J'ai bien compris que cette école était le fruit d'une longue réflexion, du rêve de toute une équipe qui souhaite proposer une école différente, une de celles dans lesquelles les enfants avancent à leur rythme, sont heureux d'aller à l'école. J'ai entendu que cela faisait deux ans que le projet mûrissait et qu'ils n'attendaient qu'un lieu pour pouvoir l'ouvrir. Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai décidé de partir. Je ne vois pas comment je pourrais confier sereinement ma fille à des personnes qui ont réfléchi deux ans durant à un projet qui semble si peu sérieux.
J'aurais bien laissé ma fille y entrer...pour une semaine de vacances, pour une sorte de "centre aéré" peut être. Pas comme ça. Franchement, j'ai presque eu peur.

J'ai par contre appris qu'une école Montessori était ouverte non loin de la maison depuis quelques années, étant donné qu'ils prennent les enfants à partir de 4 ans, je compte aller visiter celle-là pour me faire une vraie opinion concernant cette école. Concernant une VRAIE école, qui existe.

Voilà...le jour où j'ai essayé de visiter une école alternative fantôme, j'ai décidé que dorénavant je ne ferai plus de plan sur la comète (en carton).