mardi 31 décembre 2013

Les chaussettes noires

Bonjour, je suis la paire de chaussettes noires. J'ai changé la vie de Maman Elfe et désormais, quand elle m'enfile, c'est toujours avec ce léger sourire niais accroché aux lèvres et un petit chatouillis au cœur.
Je vous vois sourire...mais ne riez pas, vous aimeriez peut être vous aussi avoir une paire de chaussettes noires dans votre vie!

Tout a commencé la 19 décembre. Il est environ 20h30, comme tous les soirs depuis deux semaines, je suis déposée sur une chaise de la cuisine "au cas où on devrait partir en pleine nuit". Parano, un peu, Maman Elfe?Stressée? Flippée?
Bref, je m'apprête donc à passer une nouvelle nuit dans la cuisine, entre les bâillements du chien et le plancher qui craque quand Elle se lève (4 fois, 5 fois) pour vider sa vessie.

Quand soudain, 22 heures sonnent et Elle débarque comme une dingue dans la cuisine en apostrophant sa mère d'un truc un peu décousu débité d'une traite qui ressemblait à "J'ai senti la tête descendre dans mon bassin-je perds du sang-j'ai mal-on s'en va". On m’attrape, on me tiraille, on me malmène et on m'enferme dans une paire de bottes à l'odeur douteuse (pardon de casser le mythe mais zut à la fin, l'elfe pue des pieds, il faut le dire!). Je sens soudain des vibrations intenses, on se croirait sur un circuit automobile, les instructions du copilote en moins, les pleurs et les "ne sors pas dans la voiture s'il te plaît" en plus. Elles sont dingues je crois.

Le trajet passe très vite, on arrive dans un endroit très silencieux et j'entends Maman Elfe dire à un homme "c'est le moment". Il lui répond de monter vite, qu'on verra le reste plus tard. En effet, elle monte vite la bougresse, elle a comme retrouvé sa jeunesse perdue ces dernières semaines durant lesquelles elle arrivait à peine à m'enfiler.

Là-haut, c'est confus, je ne comprends pas tout, mais très vite on me débarrasse de ces fichues bottes qui m'empêchent de voir. On m'installe sur un lit et la dame dit "on va quand même vérifier que c'est bien le moment avant de faire l'admission". Et Mamie Elfe qui se décompose, semblant dire "non mais c'est une blague, elle a failli accoucher dans ma voiture!". Et l'Autre qui chouinasse en marmonnant que ça ne peut pas être une fausse alerte.

Au bout de quelques minutes, les emmerdes commencent. J'ai envie de vomir tellement on me secoue en tous sens. Elle se prend pour une girouette ou bien elle a perdu la tête. A quatre pattes, assise, par terre, sur le lit. Elle ne sait vraiment pas ce qu'elle veut, j'en ai le tournis. Et pas moyen de dormir, elle gigote à chaque minute en gémissant qu'elle a mal.

Finalement je comprends qu'elle va rester ici, la gentille dame toute douce n'arrête pas de dire un nombre qui n'est jamais le même, et ça a l'air d'être plutôt positif. 2, 3, 5 il est 23 heures, j'ai chaud. Ca tombe bien, Elle commence à retirer tous ses vêtements. Chic, je vais pouvoir siester, ce fauteuil m'a l'air pas mal confortable!

Mais....c'est quoi ce délire? Elle est complètement à poil et moi? Tu m'as oublié? Youhou, je suis là! Enlève moi au lieu d'enfiler cet espèce de drap bleu qui laisse voir la moitié de tes fesses à tout le monde! Non mais oh!
Peine perdue. Ces chouinasseries ont du la rendre sourde. Il en faudrait moins pour ça.
C'est le nombre 8 qui semble être le signal du départ. Je me retrouve installée sur un fauteuil qui roule, on arrive dans une salle toute froide avec une table bizarre au centre. On se croirait dans un laboratoire d'expériences. J'espère qu'il ne sont pas spécialisés dans les tests sur les chaussettes.
Et pendant ce temps-là, je peux vous dire qu'elle braille, la dinde. Elle pleure-crie des trucs du genre "j'ai maaaaaaaaal", "sors de ce corps bordel". Et elle qui commençait à devenir plutôt polie ces derniers mois ponctue chaque spasme de "putains" dont elle s'excuse aussitôt. C'est gai. Mais qu'est ce que je fous là, moi, putain? Pardon.

A partir de là tout s'enchaîne très vite, Elle crie tellement que la gentille dame fait tout pour la faire taire, je le vois bien. Elle perce une poche (je vois pas bien laquelle vu que Maman Elfe est quasiment à poil mais bon), elle s'active. Et l'Autre braille "j'ai mal, je suis fatiguée, sors de là"...rien de bien nouveau. Je me retrouve soudain dans les airs, je prends de la hauteur sur la situation. Je vois un truc noir qui tente de sortir d'un tunnel, là, en bas. C'est un peu étrange, ce truc, je ferme les yeux.

Elle râle, je crois comprendre qu'elle pousse (je ne sais pas trop quoi ou qui hein, je vous rappelle que j'ai les yeux fermés). Elle semble prise de panique aussi, lorsque la gentille dame demande d’appeler un médecin parce que le cœur du bébé baisse. Elle se met à râler de plus belle, je sens jusqu'au bout de ses orteils qu'elle est en train de fournir un effort immense.Tout à coup, elle braille, mais c'est différent. Elle crie "Ca y est, je l'ai sentie, la tête est sortie!" Suivi presque aussitôt de "Ca y est c'est fini!". Il est minuit 53, qu'elle dit la dame. Ca a l'air important.

J'ouvre timidement les yeux, mince alors! Y'a un bébé tout chevelu posé sur Maman Elfe qui a une tête de mort vivant échappé de sa tombe. Et pourtant elle se marre comme une baleine, va comprendre. Tout ne tourne pas très rond dans sa tête, je vous jure. Parce que, vous savez quoi? C'est à cet instant précis, tellement épuisée qu'elle peine à parler, que j'entends sa toute petite voix qui s'élève et qui dit "ben mince, j'ai accouché en chaussettes!"

Les femmes. Cette énigme.

jeudi 26 décembre 2013

6 jours

Il y a une semaine, j'étais couchée dans ce grand lit tout contre Petite Elfe et je désespérais que les contractions qui m'avaient tenue toute la journée durant se soient stoppées. Je commençais à appréhender le déclenchement prévu pour le lendemain soir.

Il y a une semaine, je ne savais pas encore que dans moins d'une demie-heure je sentirais littéralement la tête de ma fille descendre entre les os de mon bassin tandis qu'une énorme contraction me scierait en deux et marquerait le début d'une travail intense et éprouvant. Je ne savais pas que 3 heures 30 plus tard je tiendrais contre mon sein cette deuxième petite fille qui m'a choisie pour mère.

Il y a une semaine j'ignorais encore à quel point cette fois-ci ce serait difficile de donner la vie. A quel point l'état qui me caractérisait était beaucoup plus proche de l'épuisement que de la fatigue. A quel point pendant 3 longues heures j'allais pleurer, me plier en deux et supplier ce petit être en moi de vouloir sortir.  A quel point j'allais avoir l'impression de mourir à moi-même en lui donnant la vie.

Il y a une semaine, je ne savais pas encore que j'allais rencontrer des personnes extraordinaires, à l'écoute. Une sage-femme juste merveilleusement humaine, qui ne jugerait aucun de mes choix, qui me laisserait prendre toutes les positions les plus incongrues pour me soulager sans jamais remettre en question mon choix d'accoucher sans anesthésie. Une sage-femme qui serait là pour moi entièrement, trois heures durant. Qui me masserait le dos pendant les contractions difficiles, qui m'encouragerait, qui serait juste parfaite pour moi.

Il y a une semaine je ne savais pas encore que quelques heures plus tard ma mère tiendrait ma main et serait submergée par l'émotion quand ma fille ouvrirait ses yeux sur le monde pour la première fois.

Il y aune semaine, je ne savais pas que quand on prononcerait son prénom, ce petit être de quelques secondes ouvrirait grand ses yeux en nous fixant comme pour dire "oui, c'est moi, je suis (enfin) là"

Il y a une semaine j'ignorais si je serai capable de donner tout l'amour du monde à cette enfant, je ne savais pas comment la suite allait se passer.

Il y a une semaine je m'apprêtais à quitter Petite Elfe pour quelques jours, le cœur en miettes de ne pas l'avoir auprès de moi.

Il y a une semaine, je me demandais si je me souviendrais. Si je saurais gérer les longues nuits sans sommeil. Je me demandais si je serais cette mère qui saurait calmer ses pleurs et apaiser ses peurs. Je me demandais si j'étais digne d'être sa maman.

Je suis loin de savoir où nous mènera le futur. Si les colères de Petite Elfe se calmeront vite. Si elle cessera d'étouffer de la présence de sa sœur rapidement. Je ne sais pas quand Petite Plume dormira ailleurs que dans nos bras. Je ne sais pas combien de temps on devra lui donner notre petit doigt à sucer quand elle n'arrive pas à trouver le sommeil. Je ne sais pas si elle continuera à s'endormir lorsque je mets Tryo en fond sonore.

Je sais bien peu de choses, au fond. Mais j'ai trouvé un équilibre, précaire, sur le fil. Je me sens bien malgré la fatigue, malgré les doutes, malgré les peurs. Malgré mon envie de vouloir faire plus sans pouvoir. Malgré mon envie d'accélérer le temps, trop impatiente que je suis.
Je sais bien que j'étais faite pour être leur mère. Je sais que je suis fière de mes deux demoiselles, ma blonde et ma brune.

Bienvenue au monde, ma Petite Plume....

dimanche 1 décembre 2013

Petit Papa Noël...

Je sais bien que tu as sans doute beaucoup de travail en ce moment, mais je me permets de t'écrire ce petit mot pour voir si tu peux faire quelque chose pour moi.

D'abord je tiens à t'assurer de ma sincère croyance en toi (à l'heure où tout le monde se demande si oui ou non leurs enfants doivent croire en toi, moi je peux t'assurer que j'y crois dur comme fer. Parce que j'ai désespérément besoin de rêver encore, prolonger les délicieuses croyances de mon enfance et chercher encore la magie de ces Noël les yeux pétillants).

Petit Papa Noël, je voudrais tellement continuer à rêver, je voudrais être heureuse. Je voudrais voir des étoiles s'allumer chaque matin au réveil dans les yeux de mes enfants pour n'en être que plus brillantes le jour suivant.
Je voudrais des instants fugaces de bonheur par milliers, des sourires qui fleurissent sur nos lèvres. Je voudrais qu'on chante ensemble fort et faux, qu'on pleure de joie. Je voudrais des surprises, par milliers. Des matins câlins, des couchers de soleil les mains entrelacées aux leurs.

Je voudrais des dizaines de Noëls heureux qui sentent le chocolat et les agrumes. Des soirées blotties sous la couette à regarder ensemble un dessin animé puis s'en aller rêver aux cadeaux qu'on trouvera le lendemain sous le sapin déposés par tes soins.

Je voudrais de l'amour qui brille plus fort que toutes les guirlandes de notre sapin.

Je voudrais qu'on soit heureuses, si tu savais...pour cette vie-là et toutes celles qui viendront après. Je voudrais être cette maman à laquelle plus tard on repense avec tendresse. Je voudrais que mes enfants gardent toujours dans leur cœur l'image d'une maman qui sourit et qui donne toujours ce qu'elle peut, et plus encore ce qu'elle n'a pas.

Je voudrais sourire à travers les larmes, je voudrais que ça pèse moins lourd sur mes épaules. Relever la tête, remettre du rose sur mes joues et oublier que l'année qui vient de passer ne sera pas une année heureuse.

Petit Papa Noël, je voudrais être égoïste et que tu ne m'oublies pas...