vendredi 21 février 2014

Je serai là

Être une mère depuis les premiers de vos souffles contre ma peau. Du début de cette vie à la fin des temps. Être une mère et être là.

Tenir vos mains entre mes doigts, pour vous aider à avancer.
Plonger mes yeux au fond des vôtres pour vous emplir de confiance.
Glisser mon cœur contre les vôtres et vous réchauffer de mon amour.
Fermer les yeux, vous respirer tout doucement et me gorger de la plus douce des odeurs.
Poser mes lèvres dans votre cou, le plus beau des endroits sur terre.

Écouter même ce que vous ne dites pas, tenir vos mains et être là. Juste là, sans juger. Être là.
Vous voir grandir, vous voir partir. De loin en loin suivre vos pas. Et être là.
Toujours avant vous faire passer, et être là.
Sans vous ne plus m'imaginer, être mère au creux de nos bras. Et être là.

Et quand un jour je partirai, matin d'été ou nuit d'hiver, le printemps toujours reviendra, et à jamais je serai là.
 Dans la douceur de la neige immaculée, dans la chaleur des soirs d'été, dans le printemps qui renaît, je serai là.
Dans les étoiles, au cœur des nuits, dans les orages qui grondent  plus fort, dans le vent qui murmurera mon amour, je serai là.
Dans la chaleur du soleil, dans la fraîcheur d'une pluie d'automne, je serai là.
Le printemps toujours reviendra, et dans vos yeux, je serai là.

Dans les promenades au fond des bois, dans les bouquets de fleurs de champs, dans les baignades à l'Océan, je serai là.

Dans les odeurs chaudes et fruitées, dans les gâteaux de votre enfance, dans les cueillettes de fruits d'été, je serai là.
Le printemps toujours reviendra, et dans vos cœurs, je serai là.

Dans les demoiselles aux ailes bleues, dans le chant d'un rouge queue espiègle, dans une grande ourse étoilée, je serai là.

Dans l'odeur de la menthe froissée du bout des doigts, dans celle du linge qui a séché au grand vent et dans le goût du chèvrefeuille, je  serai là.

Dans les confitures fleuries, dans le goût du sirop d'érable, dans les fraises des sous-bois, je serai là.
Le printemps toujours reviendra et sous vos doigts, je serai là.

Dans ce que vous aurez construit, dans l'amour que vous porterez à la vie, j'espère qu'alors, je serai là.

Le printemps toujours reviendra, et dans vos sourires, je serai là.

Le printemps toujours fleurira, et dans l'Amour, je serai là.






lundi 17 février 2014

Et repartir...

Depuis longtemps j'ai l'impression que ma vie s'est arrêtée, comme si le bouton pause était coincé, comme si tout ce qui faisait ce que je suis était mis en suspens.Tout est en place, le soleil se lève chaque matin et je reproduis les mêmes gestes.

Moi qui déteste la routine, je vis comme coincée dans cette mécanique toute bien huilée qui de jour en jour m'entraîne dans un futur inconnu que je déteste déjà.

 J'ai pourtant bien au monde ma Petite Plume, je l'apprends jour après jour dans ses sourires, dans ses yeux  qui plongent au fond de  mon âme et me questionnent soir après soir.
Je me suis pourtant remise en question, j'essaie de grandir, de comprendre.
J'ai pourtant deux filles adorables, en excellente santé.
Je suis pourtant comblée par ce second allaitement qui fait s'envoler une nuée de papillons dans mon ventre.

Et cependant... il y a toujours là, caché en moi ce sentiment de m'être perdue en chemin, d'avoir oublié comment marcher sur le chemin de ma vie.
Déçue de mal gérer cette seconde maternité, obligée que je suis de moins être présente pour Petite Elfe.
Fatigué d'être énervée, souvent. En colère, beaucoup.
Triste de ne plus me retrouver, me reconnaître. Fuir ces yeux croisés dans le miroir et qui me transpercent de remords.
Perplexe. Où est-elle, Karine? Où est Maman Elfe? Pourquoi?

J'étais rêveuse, j'aimais rire. J'adorais les surprises, autant en faire qu'en recevoir.
J'étais joyeuse. J'étais active, sans cesse.
J'adorais lire, parfois jusque très tard le soir, juste pour continuer un peu, encore un tout petit peu...
J'aimais flâner dans mon jardin, cueillir des fleurs et voir la lumière jouer dans les bulles que j'envoyais vers les nuages.

C'était comme si le temps s'était figé là, laissant sur place celle que  j'étais, prise dans la spirale du temps qui passe et n'emporte rien.

Et puis... il y eut des projets, un en particulier. L'envie de revoir des gens que j'aime, d'en connaître d'autres. L'envie d'ouvrir ma porte et de m'abandonner, pour quelques heures. L'envie de vivre ce joyeux bordel que j'imaginais déjà.

Ils sont venus. Ils ont traversé la France pour rejoindre mon jardin. Même malades, même avec les enfants. En train, en voiture, ils sont venus.

C'était évident, comme si on s'était dit au revoir hier seulement. Comme si depuis notre enfance on marchait côté à côte.

J'ai mis le temps mais j'ai compris. J'ai trouvé.

C'était là, juste sous mes yeux. Dans mes amis que je me cachais. Dans nos échanges que je pouvais exister à nouveau.
C'était avec eux, sous leur regard que je pouvais laisser s'envoler le poids qui pesait si lourd sur mes épaules. C'était dans notre groupe que je pouvais retrouver qui j'étais.
C'était comme ça qu'à nouveau j'avais envie de rire. Que d'un seul coup j'avais l'impression que le chemin devenait plus clair.


Pendant des mois je me suis cachée. J'ai essayé d'enterrer au plus profond de moi ce que j'aurais du laisser vivre. Nous sommes loin, la vie coule et le temps nous manque. Alors j'avais comme oublié.
J'y pensais moins, on s’appelait moins. Je me disais que c'était comme ça, que j'étais peut être juste en train de vieillir, de devenir un peu plus adulte. Je me disais que grandir c'était un peu comme mourir. Mourir à l'enfant qui est en nous. Je trouvais ça bien dommage.

Finalement, c'est en m'autorisant à être moi que je me suis retrouvée. En tenant des promesses, en en brisant d'autres qui n'avaient d'autre sens que de faire mal. En n'essayant plus d'être  celle que j'aurais aimé être que je pouvais être celle que j'étais.

Et puis j'ai adoré préparer leur arrivée. Un anniversaire à fêter, un week end à organiser. J'ai pris le temps de choisir à chacun un cadeau, pour les remercier d'être venus, de me donner le sentiment d'être à ma place. Pris le temps de leur écrire chacun un petit mot. D'imaginer ce qui pourrait plaire aux enfants.
J'ai adoré acheter des bulles, avec l'espoir qu'on déballerait tout ça pour aller buller dehors, ce qu'on a fait.
J'ai aimé chercher le bon cadeau, celui qui toucherait juste là où j'en avais envie. Merci à Stéphanie de Kidéclate de m'avoir aidée dans ma démarche (je vous en reparle très bientôt).



J'ai adoré les heures qui viennent de passer, et celles qui restent à vivre, je les aime déjà.
J'ai adoré la tribu qui a squatté mon canapé et la mini tribu qui le squatte encore.

Les rires des enfants m'ont rempli le coeur à déborder.
Je me suis sentie plus à l'aise, plus patiente avec Petite Elfe.
J'ai été moins à cheval sur l'horaire du coucher, j'ai osé rester plus tard, discuter, rire.
J'ai adoré jouer avec eux. Rire à gorge déployée et constater que oui, c'est évident, Ils me connaissent bien.
J'ai pleuré quand j'ai lu leurs quelques mots sur cette carte. Je me suis dit qu'il était plus que temps d'écrire à nouveau. Plus. Mieux.

J'ai eu à chaque instant le sentiment d'avoir débloqué quelque chose.
Le sentiment qu'enfin ça bougeait. Et que je le pouvais.
Repartir.

Aujourd'hui il me fallait juste dire merci, merci à Toi, Toi et Toi. Merci à vos enfants. Merci d'être vous.
Leur dire merci...et repartir.