samedi 26 septembre 2015

Je n'écris pas sur toi (oui, ok, copyright Zazie)

Je voulais vous parler de lui, mais c'est beaucoup trop compliqué.
Parce qu'aucun mot n'arriverait à dire ce sentiment intense qui remplit chaque jour un peu plus mon cœur. Au point d'en oublier comment c'était, avant. Au point de demander comment ça pourrait être possible, sans lui.
Parce qu'aucun mot ne serait assez précis pour décrire son sourire. Je ne saurais pas dire la forme de son visage, sa barbe si délicieusement piquante et sa façon de me sourire quand j'ai besoin d'être rassurée. 
 
Je ne sais pas comment vous dire combien au creux de ses bras on peut se sentir à la fois unique, aimée et en sécurité.
Je ne saurais vous parler de sa vie avant nous, elle existe, et c'est bien. Il est aussi tout ce qu'il a vécu et c'est tout ça qui fait que je l'aime, là, maintenant.
Je ne crois pas que j'arriverais à vous dire ce que je ressens lorsque je vois mes filles se pelotonner dans ses bras. Ce sourire immense qui m'agrandit le cœur. 
 
Je ne sais pas s'il y a pour moi une place spéciale dans ce monde mais je suis certaine que si c'est le cas, c'est au même endroit que la sienne.
 
Je croyais que l'amour, ça faisait mal, que le manque était terrible. C'est qu'il me paraît si doux, le manque, lorsque le monde entier est tout empli de lui. 
Je n'arriverais pas à dire combien ma peau frissonne d'être proche de la sienne. Combien la communion des corps est évidente. 

Impossible de dire combien c'est évident. A quel point j'aime m'installer en cuisine à ses côtés. Ou combien notre table est devenue riche de saveurs imaginées ensemble.
 
Je me souviens comme si c'était hier de ce soir de novembre où il a frappé à ma porte avec ce bouquet de fleurs blanches dont les lys embaumaient toute la rue. Je le revois encore, quelques minutes plus tard, à préparer naturellement le repas dans cette cuisine qu'il n'a presque plus jamais quittée. Je me souviens du lendemain, d'un après-midi un peu fou. Bien évidemment, je n'ai absolument pas passé tout le temps où il installait mes appliques murales à regarder ses fesses. Quand même. 

J'aimerais tant vous parler de lui, de sa douceur. De sa tendresse et de sa force immense. De ses yeux dans lesquels on plongerait à s'en noyer l'âme. J'aimerais savoir dire à quel point il me plaît, cet homme qui dort dans les mêmes draps que moi. Non, vraiment... les mots ne viennent pas et je reste plantée là, le sourire aux lèvres et le feu à l'âme.

Je voudrais tant pouvoir dire ces passions partagées. L'immense bonheur de nos lectures échangées, des moments complices, les doigts noués sur les pages de ces livres à explorer ensemble.

J'aurais aimé raconter combien sa famille m'a ouvert ses bras comme si j'étais un de leurs membres depuis longtemps. Ça sent si fort l'Amour, chez eux...

J'adorerais savoir trouver les mots pour parler d'Amour. Pour raconter ses surprises, ses cadeaux si bien trouvés que même moi je n'aurais pas songé à me les offrir. 
J'adorerais. Un jour, peut-être...

mercredi 23 septembre 2015

L'absente

Je t'ai dit au revoir un jour de juillet sous le soleil brûlant et la pluie qui tombait de mes yeux.
Il faisait froid dans cette petite église et la chaleur de nos cœurs saignait de ton absence.

J'ai cueilli un bouquet de fleurs des champs, tes préférées, et je les ai doucement déposées dans ta tombe avec mes derniers mots d'au-revoir.

Je suis retournée dans cette maison imprégnée de ton odeur. J'ai marché dans tes pas et respiré ta présence immobile qui déjà s'efface. C'est comme si tu étais toujours là, bien cachée, mais la blague n'en finit pas et mon cœur se serre.

J'ai ouvert ton armoire, trouvé cachées les photos de mon mariage que tu gardais quand même, peut-être juste pour le plaisir de revoir la jolie robe et de te souvenir de ce joli moment.  Trouvé aussi les malabars cachés entre deux piles de vêtements.
J'ai emporté une robe fleurie. Je la porterai l'été prochain, quand les reines des prés refleuriront et que j'irai embellir la dernière maison de ton enveloppe. Quand mon chagrin, peut-être, sera comme un doux voile de douceur sur le temps qui passe.

Je n'ai pas encore osé cuisiner tous ces plats que j'aimais tant te voir me préparer. Ca rendrait trop vraie ton absence.

Je suis retournée plusieurs fois chez toi, je suis allée voir papy et je me suis assise sur ta chaise aux coussins colorés.
J'ai emporté aussi un plat à tarte, des saladiers. Je meurs de trouille de les perdre ou de les casser et je souris chaque fois que j'en prends un dans mon placard.

Je sais que tu es mille fois mieux là-haut qu'avec nous dans cette enveloppe usée qui te pesait fort. Ca n'enlève en rien le vide de ton absence.

Je crois que pas une journée n'a passé sans que je ne songe à toi. Je revois ton sourire, je sens encore la chaleur de tes bras. Je regarde les étoiles et je me souviens des soirées passées ensemble à les observer, les soirs d'été.

Je suis heureuse, parce que je t'ai connue et que c'est un immense cadeau que la vie m'a fait. Un cadeau que je chérirai chaque jour un peu plus jusqu'à ce qu'arrive mon tour de laisser derrière moi mes souvenirs.

Mais toujours, ce foutu manque de toi...

mardi 22 septembre 2015

De mon éducation et des réseaux sociaux

J'ai deux enfants. Je suis devenue mère à 25 ans, après avoir bien expérimenté la fonction de "belle-mère" et ayant une idée assez précise de là où j'allais.
Bien entendu, mes idées étaient plus que faussées.

Petite Elfe est née et je me suis rendue compte que la violence éducative, ça n'allait pas être possible. Ma belle-fille avait déjà pris quelques fessées sans que le moindre remord ne m'effleure, portée par l'éducation que j'avais reçue, portée par la pression sociale et surtout bricolant ce que je pouvais du haut de mes 21 ans quand je fis sa connaissance.
Oui mais voilà...Petite Elfe, c'était MA fille. La chair de ma chair. Mon enfant. La frapper, c'était impossible.
Je suis donc devenue une maman prônant l'éducation non violente, plutôt à l'aise entre les couches lavables de ma fille, mes purées maison, le portage et tout mon temps libre que je lui consacrais.

Bien sûr, j'étais contre le fait de laisser pleurer son enfant. Les premiers pleurs de Petite Elfe me remuaient tellement que je pleurais avec elle, la serrant contre mon sein. J'ai passé des nuits entières à la bercer pour calmer ses pleurs, à refuser de la laisser seule.
Sauf que... sauf qu'un jour, un jour où j'étais chez un thérapeute, elle a pleuré. Elle était là, dans sa poussette, fatiguée, à attendre la fin de ma séance et elle a commencé à pleurer pour me dire sa fatigue. J'étais désolée, en colère de ne pas pouvoir la prendre. J'étais embêtée, j'en aurais pleuré mais il fallait attendre quelques minutes. C'était comme ça, je n'avais pas le choix. Ce jour-là, elle a pleuré moins de 5 minutes dans sa poussette. Puis elle s'est instantanément arrêté et a dormi pendant deux heures. Sans moi, sans se réveiller en panique. Elle était si calme, si belle dans son sommeil.

Cette journée-là a allumé une petite lumière en moi. Je me suis autorisée à réfléchir. Moi qui depuis des semaines ne savais pas commencer gérer l'endormissement de ma fille dans les pleurs, et qui de fait avait une enfant qui ne dormait jamais autrement que dans sa poussette, je tenais peut-être là une piste.
J'ai observé. Je me suis rendue compte que mes bras l'énervaient, que quand elle commençait à pleurer c'était déjà trop tard et que rien ne la calmait plus alors. Sauf que les signes avant les pleurs étaient indétectables pour moi. Je ne savais pas bien quoi faire. Alors, je l'ai fait. Je l'ai déposée dans son lit, en lui expliquant, en lui parlant de mon incapacité à la calmer. Elle pleurait mais je l'ai fait. Je l'ai posée doucement dans son lit et je suis sortie. En l'écoutant pleurer derrière la porte, de longues minutes. Et puis dormir. Plusieurs heures. Dans son lit, sans moi. Sans se réveiller au moindre bruit.
Ca a duré des mois. Des mois durant lesquels elle n'a pas su s'endormir sans pleurer de longues minutes. A la sieste, le soir. Des mois, puis...ca s'est arrêté comme c'était venu.
J'avais fait ce que je pouvais, avec mes moyens et mon état émotionnel. Je me sentais armée pour la suite.

Trois ans et des pâquerettes plus tard, voilà Petite Plume. Ma grossesse s'est émotionnellement mal passée. Très mal. Sans entrer dans les détails, je me sens mal, pas heureuse et surtout, surtout, énormément coupable vis-à-vis de cette enfant qui débarque dans ma vie et ne demande qu'à avoir des parents aimants.

La CUL.PA.BI.LI.TE. Quelle saloperie. La culpabilité, c'est le pire bouton sur lequel tu peux appuyer pour une jeune maman. Ca fait mal et ça marche à tous les coups.

Parce que voilà, dans le contexte, je me sens coupable. Mais ça, c'est rien face à la déferlante de culpabilité qui va me noyer sous ma fréquentation des réseaux sociaux. Pourquoi? Parce que j'ai trop lu.

J'étais crevée, fragile. J'ai lu tellement de billets que j'ai vu passer sur des blogs, des sites "spécialisés". J'ai fréquenté assidument les écrits de la Leche League.
 J'ai lu Rufo....
 Mais non, j'déconne !

J'ai eu peur. Peur d'être une mauvaise mère. Peur de traumatiser mon enfant si :
Je ne l'allaitais pas aux moindres signes d'éveil quand elle était nourrisson
Je ne la portais pas dès que le besoin de proximité se faisait sentir
Je la laissais pleurer
Je lui imposais des horaires de tétées
Et tout le reste...
Je l'avais bien lu, que si je ratais ça, elle risquait de devenir dépressive à 40 ans, de ne jamais avoir confiance en moi ou bien en elle. D'être mal dans sa peau, d'être une enfant renfermée ou une adulte en colère.
Alors oui j'exagère. A peine.

Bien sûr que j'aurais du plus réfléchir ( ou moins). Faire le tri dans ce que je lisais. M'écouter. Sauf qu'à l'époque, m'écouter, c'était pas possible. J'étais sur le fil de la déprime, je voyais la dépression me tendre les bras juste en-dessous et je ne pouvais pas me permettre de me glisser dedans. Je me suis raccrochée à ce que je pouvais. Les avis des "spécialistes".

Aujourd'hui je commence tout juste à me relever. A prendre conscience de ce qui va, de ce qui ne va pas. A faire le point. A envisager doucement le sevrage, parce que je suis à la fois fière et comme repue de ces 21 mois d'allaitement. Je commence à réaliser que les réseaux sociaux, à cette époque, loin de m'aider, m'ont complètement plombée. Par l'usage que j'en ai fait. Par l’échappatoire néfaste qu'ils étaient devenus.

Aujourd'hui, je réalise que pour la première fois de ma vie, je suis tombée dans le piège le plus basique qui soit, les deux pieds devant et sans filet. Comme une bleue. La faute à moi, à cette putain de culpabilité que j'ai laissée me ronger jusqu'à l'os, encore et encore.

Ca va être long. Reprendre possession de moi, de mes envies, de mes besoins. Etre la mère aimante et attentionnée que je veux sans être "trop". Etre toujours bienveillante mais en me protégeant.

J'aurais jamais pensé, il y a même deux ans que ça pouvait s'avérer si compliqué d'avoir des enfants...
J'écrivais il y a 4 ans sur le plus beau métier du monde, aujourd'hui j'écris sur le plus difficile aussi. Heureusement que l'amour, ça paye bien!