Hier j'écrivais un billet sur les nouveaux bonheurs qui s'offrent à moi depuis que je suis mère, et après en avoir parlé avec une amie, une autre réflexion m'est venue. A propos de ce que j'écris et de ce que ça laisse entrevoir de ma vie.
Il est vrai que je prends souvent le clavier pour vous dépeindre mes
beaux moments. La douceur de vivre qui fait que j'arrive peu peu à
avancer. Plus ou moins.
C'est important pour moi d'écrire ce qui est beau pour mieux ancrer le
positif dans mon esprit, pour me rappeler, aujourd'hui, demain ou dans
un an, que ma vie est belle, toute tordue qu'elle soit parfois, et que
je l'aime.
Mais il ne faudrait pas penser que je suis une maman merveilleuse, que
tout est rose et que ma vie se déroule telle une envolée de licornes
dans un ciel pailleté.
Bien sûr qu'il y a -souvent- des soirs longs, si longs. Que parfois,
durant quelques minutes, je sens le découragement m'envahir. Je lui interdis juste de prendre ses quartiers chez moi, je n'ai pas la place pour lui.
Bien sûr que les nuits sont hachées (menu), toujours. Que je n'ai pas
dormi une nuit entière depuis des mois, que mon dos me fait souffrir
plus que de raison et que mes cernes me défigurent. Bien sûr que je me
trouve moche, que j'atteins chaque jour un peu plus ce que je pense être
les limites de ma fatigue. Et puis non finalement. J'avance, je survis.
C'est difficile les premières minutes, j'ai mal, je voudrais tellement
m'exiler sous ma couette pour mille années au moins et dormir... Mais ça
serait manquer quelques sourires, une occasion de déjeuner ensemble. Et
je vois bien que le temps file, si vite...
J'ai envie de profiter de chaque instant, de ne jamais me réveiller plus tard avec au cœur des regrets.
Je suis une femme exigeante, très. Avec les autres oui mais avant tout
avec moi même. Je ne peux pas me faire à l'idée qu'un jour je puisse
m'en vouloir alors je fais tout pour ne pas atteindre ce point là.
Alors oui, bien sûr, parfois c'est dur. Souvent, même, depuis la
naissance de Petite plume. Mon corps souffre et ça me pèse. Mais tant
pis. Ce n'est pas ce que je veux retenir. Quand j'y repenserai, dans un
mois, dans un an.
Elle aura 4 mois très bientôt et déjà c'est comme l'éternité à ses côtés qui s'est déroulée.
Alors j'écris, j'écris pour retenir les beaux moments au creux de moi.
Les longues balades sous le soleil et la brise printanière, pour oublier
les après-midi pluvieux à tourner en rond avec deux enfants énervées à
la maison. J'écris les gâteaux au chocolat recouverts de bonbons pour
oublier les kilos de pâtes ingurgités depuis quelques mois. J'écris les
câlins à deux ou trois, mon cœur qui se gonfle à en éclater de joie. Et
je n'écris pas les longues soirées de pleurs qui s'éternisent. Je
n'écris pas ma fille qui ne sait toujours pas s'endormir sans mon petit
doigt. Un jour elle le lâchera alors peu importe.
J'écris pour ne pas oublier de vivre ma vie comme je la veux et non pas
comme je la subis. J'écris pour qu'un jour lointain, quand elles me
liront, elles sachent que chaque minute à leurs côtés me fut précieuse.
Que ce ne m'a jamais réellement coûté de mettre des parenthèses à
certains aspects de ma vie pour les élever dans ce que je pensais
important.
Bien sûr que parfois j'ai envie d'un bon gros carré de chocolat au lait
et au sel de Guérande, mais je n'allaiterai pas Petite Plume toute ma
vie et tant pis le chocolat attendra puisque le lait lui fait si mal au
ventre. Bien sûr que danser me manque à en crever, que je suis incapable de regarder des gens qui dansent sans qu'une larme me monte aux yeux, sans que mon cœur se serre à la pensée que moi je ne danse plus. Un jour ça reviendra et ce jour-là ce sera encore plus beau qu'avant.
Bien sûr que parfois je perds patience, que je crie, toujours un peu
trop encore. Que mon caractère impulsif prend encore le dessus. Bien
sûr que chaque fois, juste après, je me déteste.
Alors j'écris. J'écris pour moi, pour ne pas oublier que jamais je ne
lève la main sur mon enfant. Que même si je suis une grosse brute je
respecte mes enfants. J'écris pour me souvenir que ces quelques années
de ma vie à prendre sur moi bâtissent les dizaines d'années de leurs
futurs à elles et à leurs enfants. J'écris pour me rappeler que d'autres
solutions existent. J'écris pour que plus tard elles sachent que
toujours ça ne va pas de soi mais que l'Amour est un moteur plus
puissant que n'importe qu'elle autre énergie renouvelable.
Bien sûr qu'une sourde angoisse m'étreint parfois quand je songe à tous ces aspects de ma vie que je n'ai pas réussi. Je suis fière de certains de mes choix, je me trouve assez naze en concernant certains autres. J'écris pour me permettre de faire le tri de ce que je veux garder. Sans doute pas les regrets.
J'écris pour me rappeler qu'écrire dans cet espace m'a ouvert un champ
des possibles insoupçonnable. Que je me nourris de vos rencontres, de
vos idées, de ces pistes glanées ici ou là.
Je ne suis pas une mère qui aurait la prétention de se croire parfaite.
Je pense que chaque mère a en elle la capacité d'être la mère parfaite
pour ses enfants, il suffit de ne pas oublier chaque matin d'enfiler sa
confiance en sautant hors du lit. Je pense que nos enfants nous ont
choisi, bien avant d'arriver, lorsqu'ils étaient là haut dans les
étoiles comme je dis à Petite Elfe. En connaissance de cause. Pour
grandir et pour nous faire grandir. Le cercle de la vie, un éternel
recommencement.
Je voudrais vous dire, à toutes les mères, qu'on a reçu le plus beau des
cadeaux. Que chaque matin se renouvelle la possibilité de rendre la vie
plus belle. Qu'on a le choix de la saisir ou non. Qu'il y a des matins
plus pénibles que d'autres, des jours où on a le droit de s'accorder la
vivacité d'une limace. Qu'on peut parfois enchaîner 2 DVD parce que ce
jour là ben non impossible de faire autrement. Nous sommes humaines,
toutes (oui même moi "Maman Elfe").
Notre vie a de beaux aspects, toujours, quelle que soit notre journée.
Je sais aussi que parmi mes lecteurs il y en a dont les enfants sont loin. L'épreuve est difficile, je n'ai même pas idée à quel point ça peut l'être. Je pense aussi à vous. Ne pas perdre l'espoir, chaque épreuve de la vie nous renforce et un jour les choses prendront leur sens.
On peut choisir, toujours. Voir les mauvaises petites choses cumulées
qui font que la journée a été juste pourrie ou voir le rayon de soleil
qui a brillé certes une seule minute mais qui en cet instant a réchauffé
notre cœur. Tout est une question de point de vue...
Je ne vous raconte pas que ma vie est merveilleuse, loin de là . Il y a
beaucoup trop de choses qui cafouillent, beaucoup d'angoisses tapies en
moi. Des regrets, de la colère. De la tristesse.
Mais il y a aussi une tonne d'espoir. Et cet espoir, c'est lui qui vous écrit....
Maman Elfe, tu es comme une maman pour tous. Tu apaises tout. Et des bisous !
RépondreSupprimerRho ... <3
SupprimerTon texte est simplement à couper le souffle. Tes mots coulent sur ma fatigue comme du miel doré. Merci de me rappeler pourquoi j'ai commencé à écrire également. Tu es une maman "ordinaire" (et c'est pour moi un immense compliment !), qui fait de ta vie quelque chose d'extraordinaire par tes partages, tes doutes et ton espoir !
RépondreSupprimerje croyais que c'était dehors qu'il pleuvait aujourd'hui moi...
SupprimerMerci pour tes mots!
Quel texte magnifique (encore une fois)!
RépondreSupprimerMerci pour ça! Merci pour tes mots! Merci de me permettre de relativiser les choses! Merci de m'aider à me rendre compte de la chance que j'ai là maintenant tout de suite!
<3
SupprimerC'est chouette, de relativiser ;)
Très beau billet.
RépondreSupprimerEt tes écris me donnent souvent beaucoup d'espoir à moi aussi ♥
RépondreSupprimerJ'aimerai savoir écrire plus positif comme toi! <3 c'est tjrs si optimiste! Moi, je râle, je chouine, je crie.. C'est pas toujours très constructif!! :p
RépondreSupprimerC'est beau. J'aimerai être capable de si bien ouvrir mon Coeur et mes pensées ça apaiserai sûrement.
RépondreSupprimermon bonheur a moi c'est ma fille et comme toi je puise dans chaque seconde passée avec elle pour tenir. Il y a des soirs où j'ai envi de la prendre et de m'enfuir loin, loin de tout ce qui m'entoure, loin de ce mari qui lutte contre ses propres démons et qui fait que je l'oubli pour l'aider a lutter contre ses envies d'alcool. Il y a des jours ou presque j'envi, c'est con a dire et affreux mais j'envie les sans conjoint parce que ca me parait tellement plus sain, tellement plus clair tellement plus libre. Alors ce soir, pendant que je donnais la tétée du soir et d'endormissement à ma fille j'ai lu tes articles et j'ai eu envi de commenter celui ci parce que malgré tout, il est plein d'espoir et que mon espoir c'est ma princesse..
il faudra qu'on se voit un jour dans nos montagnes, dans notre campagne qu'on aime tant, cette passion que je partage avec toi :)