Je ne crois pas que j'aurais voulu que ma vie ressemble à un chemin large et droit, sans embûche. Je crois qu'à tout prendre je préfère ressembler à un petit chemin tortueux qui serpente au creux de la campagne qu'à une autoroute.
Moi qui ne supporte pas le tumulte de la ville, qui n'aime pas le bruit des voitures, qui préfère respirer les âpres odeurs de la campagne que celles des pots d'échappement.
Je préfère sentir mon souffle mourir, chercher l'air dont j'ai besoin de me nourrir, haletant de sentir mes pieds s’écorcher sur les pierres du chemin. Je préfère ne pas voir ce qui se cache au tournant en imaginant y découvrir des senteurs plus belles encore. Je préfère me tromper, encore une fois, ma chance reviendra d'une façon ou d'une autre ; le monde peut s'effondrer mais toujours le printemps revient. Je préfère prendre le temps plutôt que croire l'avoir perdu.
Depuis quelques semaines, je sens que le vent change. Il murmure à mon oreille des choses dont j'ai encore de la peine à saisir le sens mais chaque jour il me semble que la clé n'est pas loin, qu'il suffit de prendre le temps de tendre l'oreille, un peu plus...
Depuis quelques semaines, il me semble qu’imperceptiblement plus souvent le soleil perce la cime des arbres pour venir éclairer le chemin.
C'est étrange cette sensation d'être arrivée comme au tournant de ma vie. C'est comme se tenir là, debout dans la clairière et sentir qu'il va falloir avancer. Mais le chemin n'est pas encore dévoilé et je n'ai pas envie, je n'ai plus envie d'emprunter la noirceur. J'ai envie de choisir un chemin de soleil. Un chemin de chaleur, un chemin sur lequel des bras doux comme des nuages m'entourent et protègent mes secrets.
C'est sans doute aussi le moment de doucement déposer à terre mon costume de "juste maman" et de glisser timidement dans celui de la femme qui était et qui sera. Le moment de cueillir les fleurs de ma féminité qui poussent juste sous mes pieds au lieu de les fouler douloureusement.
C'est peut-être le moment de réapprendre à faire de ma maternité une force pour vivre ma vie de femme. Le moment de retrouver mon sourire caché derrière mes pitreries, le moment de rouvrir mes grands yeux baissés sur mes deux filles.
C'est peut être le moment d'avoir envie d'à nouveau frissonner, m’exalter, de rougir jusqu'au bout des oreilles et d'ouvrir mon cœur plus grand.
C'est peut être ça, le tournant...
Le moment de laisser refleurir la passion de vivre.
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