vendredi 23 novembre 2012

Sur le fil

Je suis la mère de Petite Elfe, depuis bientôt deux ans et demi. Deux ans et demi sur le fil...

Depuis plusieurs semaines, j'ai senti le vent du changement (pas le souffle venu de Hollande, non...le changement à la maison), je vois bien que son comportement est perturbé, j'entends bien ses peurs.
Et j'ai la sensation de plus en plus nette de marcher sur un fil, puis au moindre faux pas de chuter, pour devoir nous relever, encore, et repartir, espérant atteindre l'autre côté de la faille sans choir encore.

J'ai toujours donné le maximum de mon amour à mon enfant, sans la laisser pleurer (dans la limite des stocks de calme disponibles), en la serrant contre mon coeur si tel était son besoin.

J'ai toujours pensé que je devais lui "apprendre à faire seule" (Maria, si tu m'entends...), être là pour la guider sur le chemin de son autonomie.

Je ne sais pas vraiment quand tout a basculé. Quand de guidance, je suis revenue à gérance. Quand, loin de la serrer contre moi pour la réconforter, j'ai refermé mon amour sur elle pour l'empêcher de voler.

Comment brise-t-on sa promesse inconsciente? Pourquoi oublie-t-on qui l'on est?

Et puis j'ai atteint la limite. Alors j'ai ouvert les yeux. Et j'ai vu. Ce que j'avais fait, sans doute, trop engluée dans les méandres de mes propres problèmes pour me rendre compte à quel point mon enfant glissais dans sa propre souffrance.

Je me suis vue, finalement, l'empêcher de faire toute seule. Etre fatiguée d'être sans cesse l'objet de ses besoins mais ayant créé de toutes pièces probablement, cette situation. 
Je crois bien que j'ai fait tout ce que je m'étais jurée de ne jamais faire. Je crois que sans être consciente de cela, j'ai fait en sorte que ma fille redevienne totalement dépendante de moi. Accrochée à moi comme un jeune koala à sa mère. Refusant le contact avec les autres, refusant tout ce qui ne venait pas de moi. C'est commode, ça me permet d'exister, d'être le centre de son monde. Ca me permet de me raccrocher à elle lorsque tout autour s'effondre.

Ces derniers temps j'ai oublié qui je suis.  J'ai tressé moi-même brin à brin le fil sur lequel nous marchons.

Mais j'ai compris. Pleuré aussi. Beaucoup.

Et puis...tout doucement... j'ai recommencé l'apprentissage. Lui montrer qu'elle peut voler de ses propres ailes, des ses propres Elle. Ne plus faire pour elle mais avec elle. Tenir sa main, oui, mais surtout faire en sorte qu'elle s'autorise à le faire parce que je lui en aurais laissé la latitude.
La laisser retourner vers les autres, ma petite fille au grand coeur et au sourire immense. Lui montrer que j'ai suffisamment confiance en elle pour être sûre qu'elle saura toute seule où elle se sent bien.

Chaque "victoire" emplit mon coeur de joie. Je me rends compte que tout va très vite, elle est intelligente cette petite, mine de rien (comme sa mère. Hum). En quelques jours les pleurs se sont estompés considérablement, les nuits sont redevenues plus sereines. Les couchers remplis d'amour, de calme et de confiance. Les matins douceurs sont revenus sans pleurs.
En quelques jours, elle a grandi parce que je l'ai laissée le faire. Parce que j'ai RE-pris ma place d'adulte. Parce qu'au fond je suis une femme (et une mère) responsable, je crois. Parce que mon Bonheur n'appartient qu'à moi et que j'en suis la propre actrice.

Parce qu'elle est une enfant, mais qu'aujourd'hui autant que lorsqu'elle aura 20, 30 ou 40 ans je n'ai pas le droit de lui voler sa vie. Etre mère, c'est lui donner les plumes pour qu'elle s'envole. Et souffler, doucement, pour qu'elle prenne le vent.

Et cesser, enfin, de marcher sur le fil.

vendredi 16 novembre 2012

Elle...

Je ne crois pas au hasard. De fait, je pense qu'il était écrit quelque part, sur une étoile ou sur un oreiller ou au fond de la galaxie que nous devions nous rencontrer.

Cela fait un an que l'on a échangé nos premiers mots, sans se connaître, sans savoir rien l'une de l'autre que ce témoignage que j'avais déposé à l'époque dans le secret d'un blog.

Elle a dans la voix ce soleil qu'elle a laissé derrière elle et qui chaque fois me redonne le sourire.
Elle a dans le cœur une place immense.
Elle a le courage démesuré d'exercer le travail qu'elle a choisi et j'admire la manière dont elle fait face à tout ce qui se présente.
Elle a passé récemment 8 heures dans le train en deux jours, pour passer une soirée concert avec moi.
Elle est un peu comme moi, et en même temps si différente.
Elle a aussi fabriqué une petite princesse au caractère bien affirmé.
Elle est sans doute la seule fille qui pourrait me supporter à long terme avec qui je pourrais vivre.
Elle a un forfait "Mamanelfeillimitix" et il manque toujours un petit quelque chose à ma journée quand on ne s'est pas appellées.
Elle est toujours là depuis 12 mois, dans les bons comme dans les mauvais moments.
Elle a un don pour me faire rire quand elle téléphone pour poser juste une question...toujours hyper incongrue (en vrai, elle est un peu folle comme moi, mais chut, ne lui dites pas que je l'ai dit)
Elle sait bien que si je ne donne pas de nouvelles pendant quelques temps j'ai besoin de ma solitude, elle le respecte et elle ne me le reproche pas.

Hier, elle fêtait ses 20 ans (bon, d'accord, un peu plus...). Alors...Si j'avais été moins loin (moins pauvre aussi), j'aurais pu l'inviter au resto. Ou venir sonner à sa porte avec mon costume elfique et mes grandes oreilles pointues (mais peut-être que ses voisins auraient alors appelé la police et que ça aurait très mal fini pour un anniversaire). J'aurais pu lui faire livrer 20 (et quelques) roses pour lui montrer à quel point elle compte pour moi (mais le bouquet, sa maman m'a piqué l'idée... et je suis toujours pauvre, si vous suivez...). J'aurais pu au moins écrire ce billet hier (si seulement je n'avais pas eu à la maison une Petite Elfe en perdition de l'oreille droite).

Comme je n'ai rien fait de tout ça, j'ai décidé de juste rassembler ces quelques mots ici, parce que je sais bien qu'elle me lit...parce qu'elle mérite bien que tous mes lecteurs sachent qu'elle est une fille géniale. Parce qu'elle est mon amie...

Ma Petite Maman préférée... Que cette année de ta vie qui commence déroule le long chemin d'un Bonheur infini. Bon anniversaire!