samedi 20 décembre 2014

La première année de sa vie

Léger comme le temps qui file entre mes doigts
Doux comme mes seins lourds de lait, source de vie
Sucré comme le goût des baisers
Long comme les nuits vides de sommeil
Agité comme les longues heures de pleurs dans le noir, une petite bouche accrochée à moi comme un naufragé à sa bouée
Chaud comme ces petites mains qui caressent ma peau en souriant du bout des yeux
Souriant comme deux petites bouches qui murmurent ou crient des "maman"
Lourd comme de longues heures à porter contre moi un petit corps épuisé
Beau comme l'amour qui grandit dans les cœurs comme autant de fleurs s'épanouissant dans le jardin de nos vies
Humide comme les larmes qui coulent le long des joues, lorsqu'un cœur déborde de tout ce qui s'y terre


Un an.

Un an de jours où le temps qui passe si vite s'écoule parfois si lentement
Un an de tétées, partout, à toutes heures, assises, debout, en balade, en voiture, en train, dans l'herbe ou les magasins
Un an de papillons légers déposés sur des joues rebondies
Un an de nuits trop courtes, jamais entières, toujours hachées d'appels, de pleurs, de besoin de réconfort. Un an à se demander jusqu'où se repoussent les limites de la fatigue, jusqu'à quand on peut rester debout le sourire aux lèvres sans dormir
Un an de nos doigts qui se mêlent
Un an d'une fratrie qui doucement se construit. D'amour parfois un peu brutal, de mains qui se cherchent et se repoussent. Un an à découvrir que le cœur est un monde immense dont l'étendue ne cesse de croître
Un an de portage, de bébé contre moi qui vient chercher le repos, la réassurance ou la douceur.
Un an de progrès à observer. Premiers sourires, éclats de rires. Premier maman. Premiers pas.
Un an à cueillir du bout de mes doigts les perles de pluie qui pleuvent de ces yeux couleur d'orage comme le soleil doucement capture la rosée du matin pour la chauffer de ses rayons

Un an de doutes balayés d'un revers de sourire.
Un an pour le début d'une vie à s'apprendre.
Ma toute Petite Plume, déjà si grande...


mardi 9 septembre 2014

La sixième

Septembre.
Dans lequel pour la sixième fois que je pose mes valises. Toujours au même endroit, avec la même émotion qui m'étreint à chaque rentrée.
Tic-tac...arrivée des élèves, M moins 20...


Si quelque part j'avais eu des doutes sur le choix de ce métier, chaque année septembre les balaye d'un coup de vent.

Il y a d'abord cette odeur de temps qui a passé. Septembre en a vu défiler des générations d'élèves au creux de ces vieilles pierres et sur le plancher qui craque. Les élèves d'hier tiennent désormais par la main ceux d'aujourd'hui.

Il y a les montagnes qui entourent cette toute petite école nichée entre les forêts de résineux. Le soleil qui se lève rouge comme le brasier de l'été indien qui se consume doucement durant ces quelques semaines.

Il y a cette route tortueuse et dangereuse, comme une épreuve à passer chaque matin pour pouvoir accéder à ce petit paradis.

Il y a la neige qui s'invite parfois très tôt, qui recouvre d'un manteau blanc chaque parcelle de ce que les Hommes ont sali et qui étouffe les cris d'enfants qui glissent dans la cour de l'école.

Il y a ce silence lorsque le matin je pousse la grande porte de bois sur les tables alignées qui semblent épier attentivement chacun de mes mouvements.

Il y a la douce solitude, le poids de la classe unique qui ne se partage pas.

Il y a eu tant d'éclats de rire, de sourires complices. Il y a eu aussi de terribles moments. Des rencontres inattendues. Des rencontres avec des auteurs que je n'oublierai jamais, des souvenirs par dizaines.

Cette année je récris pour la sixième fois le livre d'une année scolaire dans cette petite école où j'ai eu tant de mal à trouver ma place. Cette année pour la première fois je n'ai plus envie de partir. Même si la route est longue, même si l'hiver est rigoureux, même si la fatigue est là et même si ce n'est pas toujours facile de gérer de front 4 niveaux, 14 individualités.

Mais cette année a aussi une saveur particulière après un an d'absence. Cette année c'est une maîtresse un peu différente qui fait la classe dans la petite école. Une maîtresse plus sensible à la communication non violente, une maîtresse qui s'est promis de nourrir l'esprit de chacun de ses élèves. Une maîtresse qui s'est donné pour mission de leur prouver à tous qu'ils sont capables de choses merveilleuses pourvu qu'ils respectent la règle numéro un de cette classe : venir en étant curieux.

Septembre, trouver ma place dans les yeux qui pétillent, suspendus à mes lèvres.

Septembre, lâcher mes enfants pour aller tenir d'autres mains. Septembre pour serrer contre moi d'autres enfants que les miens. Septembre pour sécher des larmes un matin un peu difficile. Septembre pour un "je t'aime bien moi, maîtresse".

Septembre. Ou le début d'une nouvelle aventure. La sixième.



mercredi 23 juillet 2014

23 juillet

J'ai ancré tout au fond de moi le battement de ton cœur comme la mélodie qui m'a donné la vie.
Je me souviens de l'odeur de ta peau et de la douceur que tu dessines du bout de tes doigts.
Je connais les profondeurs insondables de l'émeraude de tes yeux.
Je sais que tes menues épaules sont si larges qu'elles peuvent porter des mondes, le mien, et puis tant d'autres.
J'ai pu puiser chez toi le courage de continuer, toujours, quoi qu'il en coûte parce que je sais qu'avancer est la seule option envisageable.
J'ai pu trouver mon chemin parce que tu m'as déposée sur la route et que tu m'as laissée le chercher en tenant ma main lorsque j'en avais besoin.

Et aujourd'hui, parce que tes yeux sont la Vénus de mon ciel, parce que tes bras sont le cocon apaisant de mes retours à la vie, parce que ton sourire ramène le soleil, parce que tes fous rires remplissent mon monde de couleurs, parce que tu es mon plus grand repère, du début à la fin de toutes choses.
Parce qu'ensemble on a traversé des épreuves pour toujours renaître un peu plus fortes, parce que j'ai eu si peur de te perdre quand tu te battais pour rester avec moi.
Parce que parfois ça m'a énervée d'être "la fille de" mais qu'aujourd'hui ça me rend fière, parce que j'essaie en tant que mère de suivre le chemin de l'amour que tu as esquissé pour moi.

Aujourd'hui est un jour particulier pour toi Maman,je voudrais te dire combien je t'aime, combien ton soutien indéfectible m'est précieux au-delà de tout, combien je suis fière d'être devenue celle que je suis sous ton regard. Je voudrais te dire combien tu es le centre de gravité de toute notre famille qui tourne autour de toi. Je voudrais te dire tout ce qu'il est impossible de dire. Je voudrais te dire que j'aimerais faire tant pour toi comme tu le fais pour moi. Je voudrais t'envoyer un immense bouquet d'oiseaux du paradis portés par une petite elfe au regard espiègle.
Aujourd'hui je viens te souhaiter un heureux anniversaire Maman.



samedi 28 juin 2014

Recommencer

Il y a trois jours, j'ai décidé de recommencer. Je me suis dit qu'après des mois sans avoir approché la "chose", il était temps.
Et puis... J'avais déjà repoussé plusieurs fois l'opportunité, un peu morte de trouille, il était temps de reprendre mes esprits, mon courage et de me jeter à l'eau.

Il y avait l'episio, pas très loin et encore fraîche dans mon esprit. Mais la dernière chose qui avait visité mon intimité ayant maintenant 6 mois, il fallait bien avancer. 

J'avais envie, en plus. Au moins autant que peur. J'en avais gardé un bon souvenir certes, j'étais plutôt nostalgique du bien être apporté par la "chose". 

Pour recommencer il fallait que je me sente totalement en confiance, et que j'arrive aussi à trouver un peu de temps, entre les deux filles toujours dans mes basques... Pas super pratique me direz-vous.

Bref, en un mot comme en cent, il y a trois jours, j'étais prête.
Le jour J, une fois décidée, j'avais peu de temps devant moi. Il fallait faire vite, sans trop de préparation. Tant pis. Quand il faut, il faut. 

Je me détends, on y va.
J'ai les mains un peu moites, je tremble. A peine. Et reprends vite confiance. Si ça se trouve, c'est comme le vélo, ça s'oublie pas. Les copines avaient sûrement raison. Ça me rassure, je me laisse aller un peu plus. Avoir confiance, c'est la clé. 

Depuis tout ce temps que mon corps n'avait rien vu entrer (ou sortir) de lui, les sensations sont étranges. Sentir quelque chose à l'intérieur de moi me paraît incongru. Mais je m'habitue rapidement, et tout me revient. Je n'ai même pas mal. Au bout de plusieurs minutes je me souviens qu'en effet c'est plutôt chouette. Ça détend. Ça me plaît. 

C'est sûr, très vite je vais recommencer.

Bref, il y a trois jours... J'ai recommencé à utiliser ma coupe menstruelle.

mercredi 25 juin 2014

Il était un petit poisson...

Depuis sa naissance, Petite Elfe a toujours aimé l'eau. Les bains interminables avec moi, les douches, la piscine, la patouille...

Lorsqu'elle avait tout juste deux ans, je me souviens d'une MNS étonnée devant ma fille qui se jetait dans l'eau en totale confiance munie de ses brassards et se débrouillait entièrement pour se déplacer seule dans le grand bain.

Petite Elfe aimait tellement l'eau que lorsqu'elle a eu un peu plus de 2 ans, nous avons débuté ensemble une nouvelle activité : jardin d'eau. Le principe étant que la piscine accueille un groupe de 8 enfants maxi (accompagnés d'un ou deux adultes chacun). Dans le bassin sont installées différentes activités (parcours, toboggan, jeux...). 
Lors de cette rentrée aquatique, Petite Elfe, pourtant très méfiante de nature, adopte très rapidement le MNS, se sentant en confiance avec lui et accepte même de pratiquer certaines activités avec lui, rien que lui -ô joie- dans le bassin. Lors de ces séances, nous avons accès à la pataugeoire et au petit bassin, l'enfant se rendant où il le souhaite. Très vite, notre temps pataugeoire se réduit, Petite Elfe aime profiter du bassin dans lequel elle n'a pas pied et dans lequel rapidement elle évolue sans brassards, seulement munie d'une frite.
Elle est la plus jeune du groupe, elle devient rapidement la coqueluche des MNS par son enthousiasme à la "nage". Lorsque nous arrivons à la piscine, nous sommes accueillis d'un "bonjour, la famille poisson!".
Que du bonheur, que je suis heureuse de partager avec ma fille. J'aime l'eau, nous avons cela en commun et ces séances sont un délice. Une fois par semaine, c'est même trop peu!

Lorsque la fin de l'année arrive, il faut faire vite, les places pour l'année suivante étant rares. J'inscris donc in extremis Petite Elfe, et ce pour les trois trimestres, tant qu'à faire.
Les deux mois d'été passent vite, nous nous rendons régulièrement à la piscine avec un enthousiasme intact.

Arrive septembre. 

Le MNS qui encadre cette activité a changé, c'est désormais une jeune femme qui est aux commandes. 
Première séance, à peine sommes nous entrées dans l'eau qu'elle s'adresse à Petite Elfe, 3 ans à peine, et lui demande de retirer ses brassards pour aller au fond du bassin chercher des objets. Et se heurte à un refus. 
Ma fille a trois ans, on reprend tout juste l'activité (ce pourrait d'ailleurs être la première fois, la demoiselle n'en sait rien après tout) et elle ne souhaite pas aller au fond de l'eau sans "bouée" de secours. Rien d'anormal à mon sens. La séance dure 45 minutes, la MNS vient plusieurs fois relancer Petite Elfe sur des trucs qu'elle a envie ELLE de voir ma fille faire. Résultat des courses, ma fille ne fait rien, refuse tout en bloc. Ajoutons à cela les réflexions de type "ben XXX lui au moins il le fait!" qui ne mènent à rien et qui montrent à quel point cette demoiselle maîtrise la psychologie enfantine (ou pas enfantine d'ailleurs...Ce n'est pas parce que mon voisin lui au moins brûle ses déchets lorsque mon linge est étendu que ça va me donner envie de faire la même chose. Ce n'est pas non plus parce qu'une amie elle au moins vote pour tel parti que je vais moi aussi subitement en avoir envie. Oui, vous l'avez compris, je déteste cet argument que je trouve inapproprié au possible et même carrément stupide)

Cette première séance fut le début de sympathiques réflexions adressées à ma fille : "de toute façon TU ne veux jamais rien faire", "TU ne veux même pas parler", "bon Petite Elfe pas la peine de demander puisque tu feras rien". On se heurte au mépris de la MNS qui n'a rien compris à ma fille. Quand à moi je l'encourage à faire ce qui lui plaît, à garder le goût de l'eau. Et je ne la pousse pas à apprendre à nager comme le souhaite la MNS, ce que j'ai rapidement compris en la voyant au fil des séances se tourner vers les plus âgés et commencer à leur enseigner les mouvements de brasse-je me suis trompée d'activité ou bien?! 
Les moments merveilleux de l'an passé sont désormais bien loin et les 45 minutes de piscine hebdomadaires prennent un goût tout autre.
Nous avons participé à moins de 8 séances. Jusqu'au jour où mon enfant en pleurs m'a suppliée de ne plus l'emmener à la piscine. Je me revois aujourd'hui dans ce vestiaire, serrant contre moi ma toute petite grelottant tant de froid que sous l'effet de ses larmes. "Je veux plus que tu m'emmènes maman je veux plus jamais venir à la piscine". 
J'ai tenté de l'y envoyer avec son papa, devinant que la MNS n'aurait pas le même comportement face à lui. Petite Elfe y est allée, elle a passé 45 minutes dans la pataugeoire et la MNS ne leur a même pas adressé la parole. Fin des séances pour nous.

En définitive j'ai payé (oui parce qu'il fallait payer à l'avance, donc l'an passé). J'ai payé 135 euros pour dégoûter mon enfant de l'eau. Payé pour qu'une jeune femme qui voulait apprendre à nager à ses "élèves" de moins de 5 ans et en faire des génies de la natation détruise l'amour de l'eau de mon enfant. 
J'ai payé pour casser une confiance que je ne sais pas si je saurais un jour réparer. 
J'ai payé pour que cette femme qui ne comprend rien aux enfants puisse continuer à travailler avec eux.
J'ai payé pour que Petite Elfe refuse de retourner dans cette piscine avec moi
J'ai payé et, des mois plus tard sans y avoir remis les pieds, je suis encore envahie de colère.
 
Je suis tellement en colère que j'envisage de réecrire ce billet et de l'envoyer à la Communauté de Communes qui gère la piscine.
L'été arrive, Petite Plume a 6 mois, elle adore l'eau et je ne sais même pas si on arrivera à se rendre à la piscine. 
J'ai envie de pleurer.


lundi 23 juin 2014

La Naissance

Je suis déjà venue ici-ou plutôt mes chaussettes-vous raconter la venue au monde de Petite Plume.
J'avais voulu que ce texte fasse sourire (surtout moi), j’avais envie de sourire de cette naissance comme on étale doucement du baume sur son cœur.

Je crois qu'aujourd'hui je peux. L'écrire, le dire, sans regrets ni amertume. Remplir la page pour la tourner.

Tout d'abord, vous devez savoir. Cette Petite Plume, je l'aime. Elle a au creux de mon cœur cette place immense qu'a tout autant sa grande sœur.Dès les premières heures je l'ai aimée et mes doutes se sont envolés.  Mais jamais rien n'effacera ce qui a été... c'est pourquoi je le dis, au nom de ce qui sera. Pour avancer, parce que je sens bien que si certaines choses aujourd'hui coincent c'est que cette partie-là n'est pas complètement réglée.

Toute à notre Bonheur, je n'ai pas hésité. Deux barres sur un morceau de plastique et déjà cette folle envie d'agrandir ma maternité. Toute à l'amour que je respirais, j'ai préféré ne pas voir ce qui déjà parfois enrayait la machine de cette vie à deux si neuve et pas tout à fait réelle. C'était si beau d'aimer qu'un enfant, surprise qui plus est, ne pouvait qu'illuminer un peu plus ce bonheur si...parfait.

Les premiers mois sont difficiles, je suis terriblement malade mais j'essaie fort de ne pas me rappeler ce que m'avait dit cette sage-femme lors de mon précédent accouchement. Ça ne peut pas être un signe que notre couple va mal. Certes, on ne se touche plus. Certes, j'ai plus envie de le fuir que de le suivre. Mais tout ça, ce sont les hormones, ça va passer, ça sera encore mieux, encore plus beau.

J'ai du mal à m'installer dans cette nouvelle vie à deux, alors que jamais ça ne m'était arrivé. C'est sans doute parce que c'est trop, son arrivée, puis ce bébé qui se loge en moi, la solitude souvent avec Petite Elfe, les nausées, la fatigue extrême. Doucement, tout commence à m'énerver. Son inaction, tout comme ses actes. Sa façon de faire, sa façon de vivre. Le partage des tâches quotidiennes. Son rythme de vie radicalement opposé au mien. Tout. Et cette fatigue, lancinante, qui me submerge...

Il y a des hauts bien sûr. Et puis des bas, souvent. Il y a la déception qui nous est renvoyée-que je n'attendais pas-à l'annonce de cette grossesse. Il y a l'homme que j'aime qui une nuit ne me rejoint pas dans son lit. Il y a ce matin où je crois que tout est terminé, où je commence à remplir mes valises et à déjà imaginer ce que sera le futur, seule avec cette grossesse, puis seule avec mes enfants. Peu importe, je sais que j'aurai la force, je n'ai pas peur. Je suis juste déçue.

Je crois qu'au fond c'est ce jour-là que tout s'est cassé. J'ai tout bien recollé les morceaux et j'ai mis ça sur le compte des hormones. Et puis...c'est devenu pire.

De tout m'énerve est arrivé le tout m'exaspère. Du tout m'exaspère a découlé le je ne l'aime plus. De la fatigue, de ma déception et de ma colère envers moi-même est né le dégoût. De cette vie nouvelle que déjà je déteste. De cet homme qui vit à mes côtés et sur qui je n'arrive même plus à poser mes yeux.

Mais j'imagine que les hormones n'y sont pas étrangères. J'attends, j'espère, je veux espérer plutôt. Un jour j'enfouis ma tête dans le sable, le lendemain je prends rendez-vous chez une psy. Mais le duo ne se reforme pas, c'est plutôt un duel qui se joue là et cette femme au milieu qui joue les arbitres.
Mais personne ne gagne, tout le monde perd. L'amour est mort, je le sais bien et je le fuis, de tout mon être.

Je ne suis que colère, c'est elle qui me maintient en vie. Elle et ma fille, dont les sourires chaque jour me rappellent que je n'ai pas vraiment envie de mourir. Peu importe si je me suis trompée. Peu importe ce que diront les gens. Peu importe si cela m'amène à faire place nette autour de moi. Peu importe et merde, aussi. J'ai mal et j'ai envie de tout envoyer valser. Lui le premier.

Je commence à me sentir mal dans cette maison que j'adore. Mon refuge, ma bulle envahie par cet homme devenu étranger et que toutes mes cellules rejettent. Alors je pars, je pars retrouver le cocon familial. Déposer les armes chez ma mère, réapprendre à vivre sans armure du matin au soir et l'épée au côté.

C'est à ce moment-là que la fatigue m'engloutit. Jusqu'ici j'ai tenu, résisté, et puis le flot des émotions a tout emporté. Je marche un peu, chaque jour, pour déclencher la naissance, pour rencontrer enfin cet enfant que je ne veux pas connaître. Je l'aime déjà bien sûr et en même temps... si elle n'était pas là, son père non plus ne serait pas à la maison. Si elle n'était pas là, je ne me serai pas engluée dans cette situation désespérée.

Je ne sais plus ce que je veux. L'élever seule, ne pas l'élever. Je ne sais même pas si je vais l'aimer autant que Petite Elfe tant cela me semble impossible. Je ne sais même pas si je vais l'aimer tout court d'ailleurs.

Évidemment, le moment arrive.

Je me souviens de cet accouchement si parfait pour Petite Elfe. La douleur largement supportable, le plus beau moment de ma vie.
J'avais juste oublié que les circonstances étaient différentes.
Cette fois-ci j'ai souhaité que le père soit ailleurs qu'à mes côtés, je pense franchement que j'aurais été capable de l'étrangler et pour le moins incapable de partager mon intimité avec celui que je considère désormais comme un étranger.
J'accouche avec ma mère pour me tenir la main, sans me juger, juste être là et partager.

Je ne sais pas si elle a eu si peur que moi. Ce jour-là j'ai cru que j'allais mourir. Ne n'exagère pas, je dois juste maintenant dire les choses, justement, comme elles sont. Le dire parce que je sens que cette ombre plane encore sur nous, que si Petite Plume a des difficultés avec le sommeil c'est lié à ce qui s'est passé, à notre histoire. Je veux passer à la suite du roman. Remplir la page pour la tourner.

J'ai cru mourir. Je n'ai même pas envisagé la péridurale, mon besoin de le vivre et-sans doute- de me punir aussi étant bien plus intense.
J'ai cru mourir de ce travail qui a duré trois heures et m'a paru trois jours.
J'ai cru mourir de ce bébé qui ne sortait pas tandis que je hurlais.
J'ai cru mourir lorsque j'ai croisé mon propre regard dans le miroir.
J'ai cru mourir en voyant cette femme blanche comme la mort et que l'espace d'un instant je n'ai pas reconnu.
J'ai cru mourir d'une souffrance que plus jamais je ne veux revivre.
J'ai cru mourir de cet instant qui marquait à tout jamais le lien inéluctable entre son père et moi. 

C'était dur de mettre Petite Plume au monde. C'était dur parce que c'était la suite logique de notre histoire, de cette grossesse terrible. C'était la mort de ces sentiments ambivalents et mauvais qui m'emplissaient toute entière.
C'était dur parce que ça signifiait qu'à jamais j'allais être sa mère en même temps que cet homme que j'en étais venu à détester serait son père. C'était dur parce qu'il allait falloir composer avec mes choix jusqu'à la fin de ma vie.
C'était dur, parce qu'à l'instant même où ses yeux s'ouvraient sur le monde, tout ce que j'avais imaginé était à présent mort.

Une mort pour une naissance.
La naissance.

lundi 16 juin 2014

Le tournant

Je ne crois pas que j'aurais voulu que ma vie ressemble à un chemin large et droit, sans embûche. Je crois qu'à tout prendre je préfère ressembler à un petit chemin tortueux qui serpente au creux de la campagne qu'à une autoroute.

Moi qui ne supporte pas le tumulte de la ville, qui n'aime pas le bruit des voitures, qui préfère respirer les âpres odeurs de la campagne que celles des pots d'échappement.

 Je préfère sentir mon souffle mourir, chercher l'air dont j'ai besoin de me nourrir, haletant de sentir mes pieds s’écorcher sur les pierres du chemin. Je préfère ne pas voir ce qui se cache au tournant en imaginant y découvrir des senteurs plus belles encore. Je préfère me tromper, encore une fois, ma chance reviendra d'une façon ou d'une autre ; le monde peut s'effondrer mais toujours le printemps revient. Je préfère prendre le temps plutôt que croire l'avoir perdu.

Depuis quelques semaines, je sens que le vent change. Il murmure à mon oreille des choses dont j'ai encore de la peine à saisir le sens mais chaque jour il me semble que la clé n'est pas loin, qu'il suffit de prendre le temps de tendre l'oreille, un peu plus...
Depuis quelques semaines, il me semble qu’imperceptiblement plus souvent le soleil perce la cime des arbres pour venir éclairer le chemin.

C'est étrange cette sensation d'être arrivée comme au tournant de ma vie. C'est comme se tenir là, debout dans la clairière et sentir qu'il va falloir avancer. Mais le chemin n'est pas encore dévoilé et je n'ai pas envie, je n'ai plus envie d'emprunter la noirceur. J'ai envie de choisir un chemin de soleil. Un chemin de chaleur, un chemin sur lequel des bras doux comme des nuages m'entourent et protègent mes secrets.

C'est sans doute aussi le moment de doucement déposer à terre mon costume de "juste maman" et de glisser timidement dans celui de la femme qui était et qui sera. Le moment de cueillir les fleurs de ma féminité qui poussent juste sous mes pieds au lieu de les fouler douloureusement.

C'est peut-être le moment de réapprendre à faire de ma maternité une force pour vivre ma vie de femme. Le moment de retrouver mon sourire caché derrière mes pitreries, le moment de rouvrir mes grands yeux baissés sur mes deux filles.

C'est peut être le moment d'avoir envie d'à nouveau frissonner, m’exalter, de rougir jusqu'au bout des oreilles et d'ouvrir mon cœur plus grand.

C'est peut être ça, le tournant...
Le moment de laisser refleurir la passion de vivre.

jeudi 12 juin 2014

Ce n'était presque rien

Ce n'était rien qu'un peu d'eau.
Rien qu'une vague qui allait et venait sur mon rivage.
Ce n'était qu'une journée du mois de juin.
Ce n'était qu'une main ouverte sur la tienne.
Ce n'étaient que des petits doigts cherchant ma peau
Ce n'était que ton cœur, là tout contre le mien. 
Ce n'étaient que tes yeux immenses ouverts sur le monde.
Ce n'était que ta bouche pressée contre mon sein 
Ce n'était qu'un moment complice avec ton père.
Ce n'étaient que cinq lettres toutes emplies du monde des elfes et huit autres qui la rattachaient aux fées.

C'était il y a quatre ans tout juste. Quatre ans d'une folle aventure. Quatre ans de complicité, quatre ans d'amour fol.
Quatre ans de rires interminables. Quatre ans de pleurs aussi, de disputes aussi brèves et fortes qu'un orage estival.
Quatre ans de nos deux caractères l'un tout contre l'autre, qui s'apprivoisent quelquefois un peu fort.
Quatre ans à retrouver en elle un peu de mon enfance, comme pour mieux la revivre, comme pour panser les blessures qui la retiennent.
Quatre ans à laisser le monde doucement l'entourer.
Quatre ans à me dire que j'ai de la chance d'avoir été choisie, et que j'espère en être digne.
Quatre ans à voir sortir de moi le meilleur et le pire, pour toujours trouver meilleur ensuite.
Quatre ans à constater que la maternité nous change plus profondément que n'importe quoi d'autre. Quatre ans à me rapprocher de mes amis devenus parents et quatre ans à en perdre d'autres sur le chemin, pas tous heureusement.

Et des quatre ans comme ça... un millier ne suffiraient pas à étancher la soif d'amour que cette source a créée.

Ce n'était presque rien, de ces presque riens qui changent une vie. C'était comme le battement d'aile d'une libellule un soir d'été qui devient une tornade de vie dans le jardin de mes rêves.
Ce n'était rien qu'elle ma fille, ma première née, le sang de mon arbre qui se fond pour lui donner racine. Rien qu'elle devenue toute une énorme partie de moi.
Ce n'était rien qu'un tout petit bébé qui m'a changée en mère.

Ce n'était presque rien et c'était tout. C'était toi. C'était le début de nous. 
C'était la première pierre du chemin de ta vie. 
C'était la première lueur du soleil de la mienne.






vendredi 6 juin 2014

De l'impatience

Je suis une femme impatiente. Pas avec mes enfants (quoique...mes heures de sommeil se réduisant de plus en plus comme peau de chagrin depuis des mois je devienne beaucoup, beaucoup moins patiente avec Petite Elfe, à mon grand désespoir), non. Je suis impatiente de vivre.

Du plus loin qu'il m'en souvienne, j'ai toujours aimé le tourbillon de ma vie. Toujours détesté stagner, avoir le sentiment que rien n'avance et que je reste là, à regarder ma vie qui passe en attendant de pouvoir monter dans un wagon.

Je suis impatiente de vivre et ça m'a joué des tours...trop souvent.
Impatiente je fus de quitter le nid familial, impatiente je fus d'aimer, toujours, encore...
Quitter mes parents m'a plutôt réussi, le reste pas vraiment.

Il ya eu ces hommes qui ont traversé ma vie, s'y posant pour quelques jours ou un peu plus.
J'ai eu envie d'y croire, j'ai été impatiente d'aimer, impatiente de vivre à deux, impatiente de me marier, impatiente d'avoir un enfant, impatiente qu'elle grandisse, impatiente de laisser mon mal-être derrière moi, impatiente de divorcer, impatiente d'aimer, impatiente que mon ex-mari quitte enfin la maison, impatiente de vivre avec un nouvel homme.

Impatiente, toujours.
Puis Petite Plume est arrivée, j'ai été si impatiente qu'elle grandisse que je n'ai pas vu filer ces 5 mois et demi avec elle. Elle qui commence à gazouiller, qui me tend les bras quand elle m'aperçoit. Elle qui rit aux éclats de mes âneries. Elle qui aime mes câlins. Je me réveille certains matins en me demandant comment le temps a pu passer si vite sans que je ne le vois filer entre mes doigts.

J'ai été si impatiente d'aimer quand, tentant de sortir la tête de l'eau j'ai rencontré son père. Si impatiente de connaître celui dont les lettres avaient touché mon coeur. Je l'aimais sûrement déjà alors que même mes yeux n'avaient jamais croisé les siens. J'ai été impatiente de ces week end d'escapade à deux, impatiente de retrouver la cohésion des corps.

J'ai été impatiente d'avoir une enfant avec celui que je voyais comme l'homme de ma vie. Ma vie du moment, sans doute, oui...
Finalement, sans qu'on ne le veuille, Petite Plume a pris ses quartiers en moi. J'ai été impatiente de lui trouver un prénom, impatiente de la sentir bouger, impatiente de la rencontrer. Impatiente de voir si l'Amour serait là, au premier regard.

J'ai été si impatiente que ma vie tourbillonne, remplie par les rires de mes enfants.  Impatiente de les voir s'apprendre, de voir se construire sous leur doigts cet amour fraternel.

J'ai été si impatiente de les aimer, si impatiente d'avoir ma famille.

J'ai été si impatiente que je l'ai trop été. C'est comme si je n'avais pas su apprendre de tous ces cailloux sur lesquels ma vie avait déjà trébuché. Comme si chaque matin je me levais innocente comme l'agneau qui vient au monde et que je découvrais mon monde. J'ai été si impatiente que j'en ai été stupide.

Stupide de croire qu'un homme à ce point différent de moi pourrait me convenir. Stupide d'imaginer un seul instant qu'une personne qui aspire à une vie calme et rassurante de ses habitudes puisse avoir une place auprès de moi toujours en mouvement comme l'eau d'un torrent qui emporte tout sur son passage.

Stupide d'imaginer une seconde que je puisse me passer des surprises de la vie. Que je puisse m'enfermer dans une cage. Que je puisse faire taire ce qui crie en moi cette impatience de Vivre.

J'ai été si impatiente de vivre que je ne regrette rien. J'ai deux filles magnifiques que j'aime plus que la Vie elle-même. Deux filles qui portent si bien leurs prénoms si différents, comme deux facettes de moi. Deux filles heureuses j'espère et dont je suis si fière.

J'ai deux filles à protéger désormais. Je n'ai plus envie de courir les yeux fermés, plus envie de me tromper.
Je n'ai plus le droit d'être impatiente, de refaire les mêmes erreurs.

Je suis une femme, une mère. J'ai 29 ans et deux enfants. De deux pères différents. Séparée des deux pères. Ca ne me rend pas fière. Ca ne me rend pas idiote ni courageuse. Ca me met face à mes responsabilités. Face à cette impatience de toujours. face au futur qui s'approche inéluctablement. Face à un homme peut-être qui un jour mettra ses pas dans les miens. A qui mes enfants ne feront pas peur. Qui pourra prendre mon impatience à bout de bras et d'un sourire me faire comprendre que je n'ai plus besoin de courir, de chercher, que ça y est, il est là. Ou au contraire qui prendra mes doigts dans les siens et courra avec moi, avec nous. A jamais et surtout pour toujours.
Peut-être, mais pas aujourd'hui. Pas demain. Pas maintenant.

Il est venu le temps des cathédraaaaaaaaaaaaales de la patience. Le temps de montrer à ma vie que ce dont je suis capable avec mes enfants je le peux aussi pour moi même. Il est venu le temps de prendre conscience que si je peux rester de longues minutes à regarder la pluie, à sentir la caresse du vent sur mon visage je peux aussi prendre le temps de vivre. Le temps d'aimer un Autre viendra un jour, lorsque je serai capable de m'aimer moi. Avec tous les défauts qui me composent. En attendant j'ai le coeur tout juste assez grand pour aimer la Vie et mes enfants.
Commençons par ici. La Vie est là, devant.


vendredi 18 avril 2014

Ecrire

Hier j'écrivais un billet sur les nouveaux bonheurs qui s'offrent à moi depuis que je suis mère, et après en avoir parlé avec une amie, une autre réflexion m'est venue. A propos de ce que j'écris et de ce que ça laisse entrevoir de ma vie.

Il est vrai que je prends souvent le clavier pour vous dépeindre mes beaux moments. La douceur de vivre qui fait que j'arrive peu  peu à avancer. Plus ou moins.
C'est important pour moi d'écrire ce qui est beau pour mieux ancrer le positif dans mon esprit, pour me rappeler, aujourd'hui, demain ou dans un an, que ma vie est belle, toute tordue qu'elle soit parfois, et que je l'aime.

Mais il ne faudrait pas penser que je suis une maman merveilleuse, que tout est rose et que ma vie se déroule telle une envolée de licornes dans un ciel pailleté.
Bien sûr qu'il y a -souvent- des soirs longs, si longs. Que parfois, durant quelques minutes, je sens le découragement m'envahir. Je lui interdis juste de prendre ses quartiers chez moi, je n'ai pas la place pour lui.
Bien sûr que les nuits sont hachées (menu), toujours. Que je n'ai pas dormi une nuit entière depuis des mois, que mon dos me fait souffrir plus que de raison et que mes cernes me défigurent. Bien sûr que je me trouve moche, que j'atteins chaque jour un peu plus ce que je pense être les limites de ma fatigue. Et puis non finalement. J'avance, je survis. C'est difficile les premières minutes, j'ai mal, je voudrais tellement m'exiler sous ma couette pour mille années au moins et dormir... Mais ça serait manquer quelques sourires, une occasion de déjeuner ensemble. Et je vois bien que le temps file, si vite...

J'ai envie de profiter de chaque instant, de ne jamais me réveiller plus tard avec au cœur des regrets.
Je suis une femme exigeante, très. Avec les autres oui mais avant tout avec moi même. Je ne peux pas me faire à l'idée qu'un jour je puisse m'en vouloir alors je fais tout pour ne pas atteindre ce point là.

Alors oui, bien sûr, parfois c'est dur. Souvent, même, depuis la naissance de Petite plume. Mon corps souffre et ça me pèse. Mais tant pis. Ce n'est pas ce que je veux retenir. Quand j'y repenserai, dans un mois, dans un an.
Elle aura 4 mois très bientôt et déjà c'est comme l'éternité à ses côtés qui s'est déroulée.

Alors j'écris, j'écris pour retenir les beaux moments au creux de moi. Les longues balades sous le soleil et la brise printanière, pour oublier les après-midi pluvieux à tourner en rond avec deux enfants énervées à la maison. J'écris les gâteaux au chocolat recouverts de bonbons pour oublier les kilos de pâtes ingurgités depuis quelques mois. J'écris les câlins à deux ou trois, mon cœur qui se gonfle à en éclater de joie. Et je n'écris pas les longues soirées de pleurs qui s'éternisent. Je n'écris pas ma fille qui ne sait toujours pas s'endormir sans mon petit doigt. Un jour elle le lâchera alors peu importe.

J'écris pour ne pas oublier de vivre ma vie comme je la veux et non pas comme je la subis. J'écris pour qu'un jour lointain, quand elles me liront, elles sachent que chaque minute à leurs côtés me fut précieuse.  Que ce ne m'a jamais réellement coûté de mettre des parenthèses à certains aspects de ma vie pour les élever dans ce que je pensais important.

Bien sûr que parfois j'ai envie d'un bon gros carré de chocolat au lait et au sel de Guérande, mais je n'allaiterai pas Petite Plume toute ma vie et tant pis le chocolat attendra puisque le lait lui fait si mal au ventre. Bien sûr que danser me manque à en crever, que je suis incapable de regarder des gens qui dansent sans qu'une larme me monte aux yeux, sans que mon cœur se serre à la pensée que moi je ne danse plus. Un jour ça reviendra et ce jour-là ce sera encore plus beau qu'avant.

Bien sûr que parfois je perds patience, que je crie, toujours un peu trop encore. Que mon caractère impulsif prend encore le dessus.  Bien sûr que chaque fois, juste après, je me déteste.
Alors j'écris. J'écris pour moi, pour ne pas oublier que jamais je ne lève la main sur mon enfant. Que même si je suis une grosse brute je respecte mes enfants. J'écris pour me souvenir que ces quelques années de ma vie à prendre sur moi bâtissent les dizaines d'années de leurs futurs à elles et à leurs enfants. J'écris pour me rappeler que d'autres solutions existent. J'écris pour que plus tard elles sachent que toujours ça ne va pas de soi mais que l'Amour est un moteur plus puissant que n'importe qu'elle autre énergie renouvelable.



Bien sûr qu'une sourde angoisse m'étreint parfois quand je songe à tous ces aspects de ma vie que je n'ai pas réussi. Je suis fière de certains de mes choix, je me trouve assez naze en concernant certains autres. J'écris pour me permettre de faire le tri de ce que je veux garder. Sans doute pas les regrets.

J'écris pour me rappeler qu'écrire dans cet espace m'a ouvert un champ des possibles insoupçonnable. Que je me nourris de vos rencontres, de vos idées, de ces pistes glanées ici ou là.

Je ne suis pas une mère qui aurait la prétention de se croire parfaite. Je pense que chaque mère a en elle la capacité d'être la mère parfaite pour ses enfants, il suffit de ne pas oublier chaque matin d'enfiler sa confiance en sautant hors du lit.  Je pense que nos enfants nous ont choisi, bien avant d'arriver, lorsqu'ils étaient là haut dans les étoiles comme je dis à Petite Elfe. En connaissance de cause. Pour grandir et pour nous faire grandir. Le cercle de la vie, un éternel recommencement.

Je voudrais vous dire, à toutes les mères, qu'on a reçu le plus beau des cadeaux. Que chaque matin se renouvelle la possibilité de rendre la vie plus belle. Qu'on a le choix de la saisir ou non. Qu'il y a des matins plus pénibles que d'autres, des jours où on a le droit de s'accorder la vivacité d'une limace. Qu'on peut parfois enchaîner 2 DVD parce que ce jour là ben non impossible de faire autrement. Nous sommes humaines, toutes (oui même moi "Maman Elfe").
Notre vie a de beaux aspects, toujours, quelle que soit notre journée.
Je sais aussi que parmi mes lecteurs il y en a dont les enfants sont loin. L'épreuve est difficile, je n'ai même pas idée à quel point ça peut l'être. Je pense aussi à vous. Ne pas perdre l'espoir, chaque épreuve de la vie nous renforce et un jour les choses prendront leur sens.

On peut choisir, toujours. Voir les mauvaises petites choses cumulées qui font que la journée a été juste pourrie ou voir le rayon de soleil qui a brillé certes une seule minute mais qui en cet instant a réchauffé notre cœur. Tout est une question de point de vue...

Je ne vous raconte pas que ma vie est merveilleuse, loin de là . Il y a beaucoup trop de choses qui cafouillent, beaucoup d'angoisses tapies en moi. Des regrets, de la colère. De la tristesse.

Mais il y a aussi une tonne d'espoir. Et cet espoir, c'est lui qui vous écrit....



jeudi 17 avril 2014

Avant, je ne savais pas...

Avant, j'étais une femme encore plus active que maintenant (si, en vrai c'est possible).
Je sortais peu mais de fait j'adorais ça...la rareté de ces moments les rendaient plus précieux encore.

J'aimais aller à des concerts, chanter à tue tête ou rester muette d'émotion, sentir mon corps battre au rythme de la musique de longues minutes encore après être rentrée à la maison. Un jour prochain je recommencerai, quand le temps sera venu.

Je voyageais, j'ai toujours aimé ça. Survoler les nuages pour partir à la rencontre d'inconnus qui n'attendent que d'ouvrir leur cœur au vôtre et agrandir votre famille. Laisser à chaque endroit traversé un petit bout de mon cœur comme pour marquer les endroits dans lesquels un jour je reviendrais volontiers. J'ai cueilli des pierres de lune sur la sable d'une plage ensoleillée, j'ai marché sur les pas des Amérindiens et j'ai nagé dans l'eau couleur turquoise. J'ai aimé chaque instant de ces aventures. Un jour, c'est sûr, je recommencerai. Pour transmettre à mes enfants le bonheur de ces doux partages, l'envie d'être curieuses et le respect de l'Autre.

Avant j'allais où bon me semblait quand l'envie me prenait. Je pouvais faire des heures de route en une journée, des kilomètres improbables en un week-end, pour changer d'air, voir des amis ou découvrir de nouveaux paysages. Il est vrai qu'aujourd'hui tout a un peu changé...les filles aiment les transports autant que moi enfant (c'est dire!) et je limite mes déplacements au minimum qui nous est vital. Ce qui inclut par ci par là une virée à Paris en train car voir certains de ses amis...c'EST vital.

Avant je pouvais passer des journées entières au jardin, couchée dans l'herbe, tournant sous la pluie ou jardinant pieds nus dans la terre. Maintenant il est vrai que je peine à trouver dix minutes pour semer des capucines.

Avant j'adorais marcher dans les chemins, m'égarant sur les bords d'un ruisseau, marchant encore un peu plus, juste plus loin, pour voir, pour continuer, pour ne pas rentrer encore, juste un peu...  Maintenant je marche dans les chemins une petite main dans la mienne, un petit corps contre le mien lové dans une écharpe et j'aime encore plus observer les papillons, raconter la naissance des fruits et cueillir des bouquets colorés en sentant mon cœur se réchauffer des rires de mon enfant. C'est un peu moins long, c'est différent. C'est mieux.



Avant je ne comprenais pas qu'un beau jour tout changerait, que subitement ça serait comme si je découvrais un nouvel horizon.

Avant je ne savais pas que la naissance d'un seul être pouvait changer le monde, mon monde. Que chaque battement d'un autre cœur pouvait sonner plus fort que n'importe lequel des miens.

Avant je ne savais pas que la plus belle des destinations était là, tout près, dans leurs yeux qui s'émerveillent.


Avant je ne savais pas encore à quel point j'aimais aimer, j'aimais la vie qui se cache en toute chose.
Je ne savais pas encore que j'étais quelqu'un d'optimiste.

Avant je pensais qu'un jour je serais une mère un peu stressée, et je ne savais pas à quel point je me trompais.

Avant je ne savais pas quel plaisir je prendrais à transmettre ce que je savais du cycle de la vie, les valeurs transmises par mes parents et dont je n'avais même pas conscience. Je ne savais pas non plus combien j'aimais l'endroit où j'étais née. Combien cet amour il était important de le transmettre, comme une fenêtre vers le futur, comme le chemin qui était et qui sera.


Avant je ne savais pas qu'un jour mes enfants porteraient des couches lavables, que je prendrai à ma manière soin de notre planète parce que ça sonne en moi comme une urgence pour nos enfants. Je ne savais pas que je serai bien plus touchée par l'écologie que ce qu'on m'en avait transmis.

Avant j'étais une autre, j'ai en partie élevée un petite fille qui n'était pas mienne, j'ai fait des erreurs et si tout était à refaire je ferais tellement différemment. J'ai été si autoritaire parfois... Je ne pourrai jamais revenir en arrière alors parfois je passe un coup de fil et pour quelques jours, cette petite fille devenue si grande, je la prends chez moi et je la serre un peu contre mon cœur. J'ai la chance d'avoir un ex-mari qui a confiance en moi suffisamment pour me confier cette enfant qui est la sienne et pas la mienne. Avant, je ne pensais pas une minute qu'une séparation puisse être aussi sereine. Avant je ne savais pas qu'on arriverait si bien à s'entendre. Que le temps apaiserait les maux/mots et que je me souviendrais alors pourquoi on s'est aimés.

Avant, je n'avais pas imaginé une seule seconde qu'un jour moi que mes amies surnommaient Arwen -en rapport à mon addiction à Tolkien- je donnerai ce prénom à mon premier enfant. J'imaginais encore moins à quel point mon cœur pouvait se gonfler et s'emplir de fierté lorsque cette même enfant et moi, lovées dans un canapé, nous partagerions les images des merveilleux films qu'en a fait Peter Jackson. Avant je ne savais pas combien ce prénom si particulier lui irait si bien.

Avant, je ne savais pas que la vie pouvait être si compliquée tout en étant si simple. Je ne savais pas que je deviendrai une femme pas vraiment comme je le pensais. Je ne savais pas que je trouverais le courage de faire ce qui a été et ce qui sera. Je ne savais pas à quel point l'opinion des autres importerait si peu pour moi.Je ne savais pas non plus le soutien que je recevrais d'une partie de ma famille. A quel point l'amour de ma mère illuminerait ma vie.

Avant, je ne savais pas que chaque lever de soleil m'en apprendrait un peu plus sur moi même et que mon cœur, chaque lune, s'ouvrirait un peu plus beau, un peu plus grand.

Avant Elles, je ne savais rien (j'étais un peu telle Jon Snow quoi...)


vendredi 4 avril 2014

Toi...

J'aurais des milliards de choses à dire sur toi et je ne sais pas trop comment m'y prendre...

T'aurais pu penser que j'étais bien jeune pour être ton amie et pourtant tu m'as ouvert la porte de ton amitié et fait une place au cœur de toi.

T'aurais pu me laisser tomber lorsqu'on s'est retrouvés coincés à habiter dans un appart minuscule bloqués dans la neige, et pourtant chaque matin et chaque soir tu faisais ce long trajet à pied pour que je ne sois pas seule les nuits.

T'as toujours été là pour parler de rien et puis de tout. Pour partager tout ce qu'on a en commun et apprendre tout ce qu'on n'a pas encore.

Tu n'as jamais jugé aucun de mes choix, même les plus mauvais que j'ai su inventer (et que j'invente encore...), tu as juste toujours été là pour accompagner mes chutes et rendre l'atterrissage moins douloureux.

T'as les oreilles tellement grandes que tu dois être un elfe, et tu m'as tant écoutée ces onze dernières années que tu mériterais une médaille du courage.

T'as déployé des trésors d'imagination quand je me suis mariée, t'as tellement joué le jeu...

T'as toujours avec toi mille raisons de faire des choses passionnantes ensemble, pour les filles et pour moi.

Tu plies comme personne et tu aimes encore plus que nous attraper des bestioles et courir la campagne.

Tu aimes passer du temps avec nous - et nous avec toi.

T'aimes toujours ce que je te cuisine.

Tu n'oublies jamais ton sourire, et c'est comme un soleil qui brille dans ma maison.

Je sais que tu détestes qu'on te souhaite ton anniversaire, mais je ne l'oublie jamais et je sais maintenant qu'au fond tu adores ça.

Tu as répondu plusieurs fois à mes appels à venir partager du temps dans ma classe avec les gnomes et leurs questions.

Même quand j'ai eu cet accident, le seul de ma vie, tu étais juste derrière moi et je ne me suis pas inquiétée.

T'as un humour comme le mien, et ça, ce n'est pas rien.

T'es une belle personne, et je suis fière d'être ton amie. Je t'aime fort, tu le sais bien..

T'aurais pu être mon père, un amant ou un grand frère.
T'es mon meilleur ami, et bien plus encore...
Merci, vraiment.


vendredi 21 février 2014

Je serai là

Être une mère depuis les premiers de vos souffles contre ma peau. Du début de cette vie à la fin des temps. Être une mère et être là.

Tenir vos mains entre mes doigts, pour vous aider à avancer.
Plonger mes yeux au fond des vôtres pour vous emplir de confiance.
Glisser mon cœur contre les vôtres et vous réchauffer de mon amour.
Fermer les yeux, vous respirer tout doucement et me gorger de la plus douce des odeurs.
Poser mes lèvres dans votre cou, le plus beau des endroits sur terre.

Écouter même ce que vous ne dites pas, tenir vos mains et être là. Juste là, sans juger. Être là.
Vous voir grandir, vous voir partir. De loin en loin suivre vos pas. Et être là.
Toujours avant vous faire passer, et être là.
Sans vous ne plus m'imaginer, être mère au creux de nos bras. Et être là.

Et quand un jour je partirai, matin d'été ou nuit d'hiver, le printemps toujours reviendra, et à jamais je serai là.
 Dans la douceur de la neige immaculée, dans la chaleur des soirs d'été, dans le printemps qui renaît, je serai là.
Dans les étoiles, au cœur des nuits, dans les orages qui grondent  plus fort, dans le vent qui murmurera mon amour, je serai là.
Dans la chaleur du soleil, dans la fraîcheur d'une pluie d'automne, je serai là.
Le printemps toujours reviendra, et dans vos yeux, je serai là.

Dans les promenades au fond des bois, dans les bouquets de fleurs de champs, dans les baignades à l'Océan, je serai là.

Dans les odeurs chaudes et fruitées, dans les gâteaux de votre enfance, dans les cueillettes de fruits d'été, je serai là.
Le printemps toujours reviendra, et dans vos cœurs, je serai là.

Dans les demoiselles aux ailes bleues, dans le chant d'un rouge queue espiègle, dans une grande ourse étoilée, je serai là.

Dans l'odeur de la menthe froissée du bout des doigts, dans celle du linge qui a séché au grand vent et dans le goût du chèvrefeuille, je  serai là.

Dans les confitures fleuries, dans le goût du sirop d'érable, dans les fraises des sous-bois, je serai là.
Le printemps toujours reviendra et sous vos doigts, je serai là.

Dans ce que vous aurez construit, dans l'amour que vous porterez à la vie, j'espère qu'alors, je serai là.

Le printemps toujours reviendra, et dans vos sourires, je serai là.

Le printemps toujours fleurira, et dans l'Amour, je serai là.






lundi 17 février 2014

Et repartir...

Depuis longtemps j'ai l'impression que ma vie s'est arrêtée, comme si le bouton pause était coincé, comme si tout ce qui faisait ce que je suis était mis en suspens.Tout est en place, le soleil se lève chaque matin et je reproduis les mêmes gestes.

Moi qui déteste la routine, je vis comme coincée dans cette mécanique toute bien huilée qui de jour en jour m'entraîne dans un futur inconnu que je déteste déjà.

 J'ai pourtant bien au monde ma Petite Plume, je l'apprends jour après jour dans ses sourires, dans ses yeux  qui plongent au fond de  mon âme et me questionnent soir après soir.
Je me suis pourtant remise en question, j'essaie de grandir, de comprendre.
J'ai pourtant deux filles adorables, en excellente santé.
Je suis pourtant comblée par ce second allaitement qui fait s'envoler une nuée de papillons dans mon ventre.

Et cependant... il y a toujours là, caché en moi ce sentiment de m'être perdue en chemin, d'avoir oublié comment marcher sur le chemin de ma vie.
Déçue de mal gérer cette seconde maternité, obligée que je suis de moins être présente pour Petite Elfe.
Fatigué d'être énervée, souvent. En colère, beaucoup.
Triste de ne plus me retrouver, me reconnaître. Fuir ces yeux croisés dans le miroir et qui me transpercent de remords.
Perplexe. Où est-elle, Karine? Où est Maman Elfe? Pourquoi?

J'étais rêveuse, j'aimais rire. J'adorais les surprises, autant en faire qu'en recevoir.
J'étais joyeuse. J'étais active, sans cesse.
J'adorais lire, parfois jusque très tard le soir, juste pour continuer un peu, encore un tout petit peu...
J'aimais flâner dans mon jardin, cueillir des fleurs et voir la lumière jouer dans les bulles que j'envoyais vers les nuages.

C'était comme si le temps s'était figé là, laissant sur place celle que  j'étais, prise dans la spirale du temps qui passe et n'emporte rien.

Et puis... il y eut des projets, un en particulier. L'envie de revoir des gens que j'aime, d'en connaître d'autres. L'envie d'ouvrir ma porte et de m'abandonner, pour quelques heures. L'envie de vivre ce joyeux bordel que j'imaginais déjà.

Ils sont venus. Ils ont traversé la France pour rejoindre mon jardin. Même malades, même avec les enfants. En train, en voiture, ils sont venus.

C'était évident, comme si on s'était dit au revoir hier seulement. Comme si depuis notre enfance on marchait côté à côte.

J'ai mis le temps mais j'ai compris. J'ai trouvé.

C'était là, juste sous mes yeux. Dans mes amis que je me cachais. Dans nos échanges que je pouvais exister à nouveau.
C'était avec eux, sous leur regard que je pouvais laisser s'envoler le poids qui pesait si lourd sur mes épaules. C'était dans notre groupe que je pouvais retrouver qui j'étais.
C'était comme ça qu'à nouveau j'avais envie de rire. Que d'un seul coup j'avais l'impression que le chemin devenait plus clair.


Pendant des mois je me suis cachée. J'ai essayé d'enterrer au plus profond de moi ce que j'aurais du laisser vivre. Nous sommes loin, la vie coule et le temps nous manque. Alors j'avais comme oublié.
J'y pensais moins, on s’appelait moins. Je me disais que c'était comme ça, que j'étais peut être juste en train de vieillir, de devenir un peu plus adulte. Je me disais que grandir c'était un peu comme mourir. Mourir à l'enfant qui est en nous. Je trouvais ça bien dommage.

Finalement, c'est en m'autorisant à être moi que je me suis retrouvée. En tenant des promesses, en en brisant d'autres qui n'avaient d'autre sens que de faire mal. En n'essayant plus d'être  celle que j'aurais aimé être que je pouvais être celle que j'étais.

Et puis j'ai adoré préparer leur arrivée. Un anniversaire à fêter, un week end à organiser. J'ai pris le temps de choisir à chacun un cadeau, pour les remercier d'être venus, de me donner le sentiment d'être à ma place. Pris le temps de leur écrire chacun un petit mot. D'imaginer ce qui pourrait plaire aux enfants.
J'ai adoré acheter des bulles, avec l'espoir qu'on déballerait tout ça pour aller buller dehors, ce qu'on a fait.
J'ai aimé chercher le bon cadeau, celui qui toucherait juste là où j'en avais envie. Merci à Stéphanie de Kidéclate de m'avoir aidée dans ma démarche (je vous en reparle très bientôt).



J'ai adoré les heures qui viennent de passer, et celles qui restent à vivre, je les aime déjà.
J'ai adoré la tribu qui a squatté mon canapé et la mini tribu qui le squatte encore.

Les rires des enfants m'ont rempli le coeur à déborder.
Je me suis sentie plus à l'aise, plus patiente avec Petite Elfe.
J'ai été moins à cheval sur l'horaire du coucher, j'ai osé rester plus tard, discuter, rire.
J'ai adoré jouer avec eux. Rire à gorge déployée et constater que oui, c'est évident, Ils me connaissent bien.
J'ai pleuré quand j'ai lu leurs quelques mots sur cette carte. Je me suis dit qu'il était plus que temps d'écrire à nouveau. Plus. Mieux.

J'ai eu à chaque instant le sentiment d'avoir débloqué quelque chose.
Le sentiment qu'enfin ça bougeait. Et que je le pouvais.
Repartir.

Aujourd'hui il me fallait juste dire merci, merci à Toi, Toi et Toi. Merci à vos enfants. Merci d'être vous.
Leur dire merci...et repartir.







jeudi 30 janvier 2014

Avoir si mal à toi...

Il y eut un début. C'était beau, c'était fort, c'était comme un grand soleil qui d'un coup brillait sur moi, éclairant l'avenir d'une perspective des plus belles.
Un début qui laissait présager que la suite serait grande. Je rêvais déjà à l'avenir, j'imaginais la famille qui s'agrandirait sûrement. Les enfants, leur fratrie complice, je l'espérais.

Il y eut un début, l'impatience qui me caractérise allant en grandissant, l'envie de plus que quelques heures volées au temps qui passe de loin en loin. L'envie chaque matin d'ouvrir mes yeux dans les siens, l'envie de laisser un peu ma voiture au garage et de cesser d'écumer les routes en quittant Petite Elfe le cœur serré d'être loin d'elle tout autant que bondissant de joie d'aller retrouver sa moitié.

Il y eut un début, puis 8 mois plus tard le jour tant attendu arrivait. Une valise à la main il était là, derrière la porte et je l'ouvrais enfin sur l'avenir.
Les premiers temps l'Amour remplit tout, chaque chose paraît soudain extraordinaire et chaque sourire rend les jours qui passent remplis de bonheur.
On prend nos marques à trois, c'est chouette.
Certains jours, c'est un peu plus compliqué, qui dit nouveau couple dit nouveau mode de communication, il faut s'apprendre.
Difficile pour Lui de quitter véritablement sa vie d'avant, difficile pour moi de prendre le temps de m'adapter, happée par le tourbillon de ma vie qui balaye chacune de mes journées. Pas toujours simple de prendre le temps d'expliquer comment on vit, de faire les compromis qui s'imposent quand je jongle entre ma fille, mon boulot et cette nouvelle vie qui s'ouvre remplie de questionnements. Est-ce que j'ai eu raison, pour Petite Elfe de demander à son père de quitter notre colocation et d'y faire entrer un autre homme qui l'élèvera tandis que dorénavant elle ne verra que très peu son papa? Est-ce que j'ai eu raison de lui demander de venir alors qu'il vient de si loin et que finalement on se connaît si peu?

Il y eut un début et puis tout se précipita.. Quelques semaines après son arrivée, le doute s'insinue en moi, quelques signes me font penser que...
Il est temps d'en être sûre. Il est absent, parti pour quelques jours mais je n'ai pas la force d'attendre, il FAUT que je sache. Un soir, en rentrant du boulot, Petite Elfe regarde calmement un dessin animé et moi je m'isole. Faire le test, savoir, maintenant.

J'en étais sûre. Je déborde d'une joie immense à la pensée qu'une seconde fois je vais connaître le bonheur de donner la vie. Je pleure, je lui parle à ce minuscule têtard en devenir, des millions de projets d'avenir se bousculent dans ma tête, au creux desquels deux enfants courent autour de moi.
Le prévenir, maintenant. Une photo envoyée dans le ciel, un coup de fil puis le tonnerre. Parce que si moi je le sentais, si j'en étais certaine ce n'était pas une évidence pour Lui, ni ce qu'il avait imaginé. Je le trouve glacial au bout du fil, je suis immédiatement douchée de mon nouveau Bonheur. On en parlera plus tard...
Les jours passent, j'attends son retour en caressant distraitement mon ventre empli de questions.

Il y eut un début et il y eut une fin. La fin des premiers émois, des papillons dans le ventre et des yeux qui brillent même au plus profond de la nuit. Le début des doutes, l'énervement qui s'installe. Rien ne va plus, Il est trop ci, pas assez ça... Moi qui quelques semaines auparavant débordait d'amour c'est maintenant, doucement, presque une sorte de haine qui s'installe. J'ai des milliers de griefs et cet enfant qui grandit dans mon ventre, sans prénom, sans véritable existence propre à mes yeux.
Incapable de leur parler, je me raccroche à la seule bouée qui me reste : ma fille. Chaque matin, sa voix me sort la tête de l'eau et me maintient au-dessus des flots pour s'éteindre le soir et me laisser plonger dans le néant.
J'ai mal à moi, j'ai mal à nous, j'ai mal à lui, mal à cette petite fille qui grandit en mon sein. J'ai mal, mal mal.
J'ai même fini par quitter ma maison, étrangère à mes murs, étrangère à tout ce qui faisait mon cocon depuis 3 ans. Retrouver la chaleur du foyer de mon enfance, panser mes plaies, survivre. J'ai l'impression d'être en train de mourir à moi-même, je ne me reconnais plus, bercée par la colère et le chagrin. Et cettte immense fatigue qui me submerge....

Heureusement qu'ils sont là, ma famille, mes amis. Il y a ceux qui sont juste là pour ouvrir leurs bras, il y a ceux qui sans le vouloir m'aident à nourrir ma colère et il y a ceux qui essaient d'apaiser la situation, qui me demandent de revenir sur ma décision, de lui laisser une seconde chance. Pour le moment je suis hermétique à ce genre de discours, j'ai juste mal. Et quand je le vois, j'ai envie de hurler, envie de lui cogner sur la poitrine pour crier ma rage, envie de lui dire que cet enfant je ne le veux plus, que je veux revenir en arrière, le voir repartir d'où il vient, je veux retrouver Karine, retrouver Maman Elfe, retrouver Petite Elfe. J'ai envie de pleurer.

Le 20 décembre, j'ai à nouveau donné la vie. Dans la juste lignée de cette terrible grossesse, dans la douleur. J'avais souhaité donner la vie naturellement, et je l'ai fait en croyant au passage y perdre la mienne. J'ai pleuré en 3 heures tout ce qui n'avait pas pu sortir pendant 9 mois. Je me suis excusée des dizaines de fois dans le délire au creux duquel j'étais plongée. Comme si demander pardon à la sage-femme, à ma mère qui tenait ma main était le premier pas vers la guérison de nous.

Les premiers jours, j'ai flotté dans une mer de doute et de colère qui s'efface, laissant place au chagrin. Je viens de donner la vie, je suis remplie d'amour pour cette petite fille sans laquelle je ne pourrais désormais plus vivre et je suis vide de tout le reste. Je voudrais tellement partager notre enfant, la découvrir, l'aimer, la couver à deux. Mais je n'y arrive pas, j'ai la gorge serrée, le cœur empli de larmes qui ne trouvent plus le chemin.

Il aura fallu plusieurs jours, les hormones qui m'habitaient laissant doucement place à mes yeux qui s'ouvrent. Des élans de tendresse qui me submergent envers celui que deux semaines plus tôt j'avais le sentiment de haïr.
Il aura fallu plusieurs jours pour lui laisser l'ouverture. Des mains qui se frôlent, des lèvres qui s'effleurent.


Il y eut un début, une fin, et le début d'autre chose. Nous sommes une famille, nous sommes quatre unis par un amour qui nous lient tous les uns aux autres. Il est temps désormais que chacun affirme la place qu'il a trouvé, temps que Petite Plume soit submergée de l'amour dont elle a manqué pendant quelques mois.


Ce billet, je me devais de le partager avec vous. Parce qu'écrire est le meilleur moyen de me libérer, parce que je ne suis pas la seule à qui ça peut arriver (coucou ma copine qui comprendra que je parle d 'elle). Parce que j'ai eu la chance qu'Il m'attende et ne refuse pas le premier pas vers un retour à nous. Parce que tout aurait pu finir alors que sans ces fichues hormones on n'en serait jamais arrivés là. Parler, parler et parler encore, c'est le seul moyen de ne pas laisser mourir ce qui fait ce nous. Parler même si c'est pour lui dire qu'on n'arrive pas à montrer notre amour. Parler pour lui expliquer qu'on est remplie de doutes mais parler pour être capable d'attendre l'arrivée de cet enfant, parler pour garder une certaine sérénité.
Parler.
Parler.