vendredi 21 décembre 2012

Et la semaine de 5 jours fut... (ou pas) (ou presque)

Comme vous l'avez compris, je suis instit. Enfin, plus exactement professeur des écoles. Dénomination soit dit en passant sournoise qui laisse à penser aux gens que l'on serait une sorte de professeur. Mais bien sûr.... y'a qu'à regarder nos salaires pour comprendre que c'est tout à fait ça. Ou pas.
 
Bref, que l'on soit instit, prof' des écoles, éducatrice spécialisée dans l'enseignement pour gnomes change peu de choses. Je crois que si on est ici, c'est par passion, ou par vocation ou appelez ça comme vous voulez. On aime ça. Enfin, moi, j'aime ça.

Les yeux qui brillent, le silence qui se fait. Les rires dans la cour et les chuchotements étouffés. Les lectures communes et les sorties pédagogiques. Les cadeaux pour Noël et les séparations des vacances. Les progrès énormes et les petites victoires.

J'aime mon métier, donc. Et je fais ce que me demandent mes supérieurs (dans la limite de mes capacités disponibles). Sauf que voilà. Faudrait arrêter de nous prendre pour des jambons, non?

Je commence à saturer des annonces incessantes, floues au possible et contradictoires à qui mieux mieux. Je ne sais pas l'année prochaine quel poste j'occuperai, si je travaillerais 4 jours ou bien plus. Si mes horaires vont changer ou pas.

Je ne sais pas si je dois chercher une autre nourrice. Encore moins quoi lui dire sur mes horaires qui ne seront peut être même pas fixés en mai si jamais je change de poste. (pratique, pour septembre...)

Je ne  sais pas. Je ne sais rien. Et j'ai le vague, très vague sentiment qu'on se fout de notre gueule.

De notre gueule à tous d'ailleurs. Les enfants, les parents et les enseignants. On voudrait être celui qui a changé les choses, qui a remis notre beau pays dans le droit chemin de la réussite scolaire et des bons résultats aux évaluations européennes. On oublie trop souvent de penser VRAIMENT aux principaux intéressés plutôt qu'à soi. Et on oublie que par là même on va se casser la figure. Comme tous ceux avant. Comme tous ceux après qui persisteront à vouloir copier les autres, changer pour paraître "meilleurs" mais sans se demander pourquoi le système actuel pêche.

Je suis instit. En classe rurale. Je suis de ceux que l'on oublie, de tous ces "fantômes" de l'éducation nationale que les gens adorent voir en film mais dont même nos supérieurs ignorent gentiment l'existence.

Je suis des "mis à part" des réunions. De ceux qui ne rentrent pas dans les cases. Je suis une instit "pas comme les autres". Je suis la maîtresse, l'infirmière, la prof' d'anglais, celle de musique. Je suis la directrice, je suis un peu parfois une autre maman. Je suis de ceux qui sont seuls dans leurs écoles. De ceux qui se débrouillent. De ceux qui ont peur de voir fermer l'école, de voir mourir un village. De ceux qui s'attachent à ces gamins qui traversent 3 ou 4 ans de nos vies.

Je suis instit et je n'aime pas qu'on se foute de ma gueule. Je n'aime pas qu'on mette en péril l'avenir des élèves sur un coup de tête. Je n'aime pas qu'on oublie que l'égalité des chances, c'est AUSSI penser aux gosses des campagnes. Ceux qui ne vont jamais au musée. Ceux qui vont travailler à l'écurie le soir. Ceux qui parfois n'ont pas d'école parce qu'il a tellement neigé que la maîtresse n'aura pas pu venir. Ceux qui posent leurs fesses 4 ans de suite sur la même chaise dans la même salle devant la même maîtresse. Ceux qui doivent faire 15 kilomètres pour prendre un cours de musique ou de cheval.

Je suis instit et je suis en colère.

Alors à vous qui ne me lirez pas, les ministres et les présidents. les "spécialistes" des rythmes, des enfants et de tout ce que vous voulez.... Quittez deux minutes votre bureau et vos idées étriquées sur un monde qui n'est pas le vôtre. Venez nous voir, venez prendre conscience des réalités de chaque parcelle de ce pays que vous prétendez diriger. Venez apprendre que la France est multiple et qu'elle est belle dans sa multiplicité.

Faites votre métier, mais ne nous empêchez pas de faire bien le nôtre.  Les petits d'aujourd'hui seront les grands de demain et ils ont besoin de nous.



jeudi 6 décembre 2012

Mon arbre...

Mon arbre est incomplet. Il ploie sous la tempête et gémit dans le vent. Mon arbre souffre et a besoin de réponses.

Je ne sais pas d'où je viens. Enfin, si, bien sûr, je sais qui sont mes parents, et leurs parents. Et les parents de leurs parents avant eux. Et puis...ça devient plus compliqué.

Lorsque notre héritage est voilé, lorsque les branches de l'arbre, sans être cassées sont invisibles et ne le seront peut être jamais. Qui est-on? Comment se construit-on, avec cette part de vide en nous?
Comment expliquer cette vague nostalgie qui court dans nos veines? Cette peur incontrôlée d'être abandonnée? Cet amour si fort qui nous lie à notre mère, incassable, immuable. Comme un défi lancé au passé. Comme pour dire que malgré tout, nous, on y est arrivées.

Je ne sais pas d'où je viens. Mais je commence à le découvrir. Ces derniers temps, tout s'est accéléré. Des noms. Des femmes, qui entrent dans notre vie sans frapper alors qu'on les avait cherchées sans savoir ce que l'on aller trouver derrière. Juste ce besoin, si violent. Savoir. Juste savoir.

Étaient-elles blondes, ou brunes? Avaient-elles une fossette au coin des joues et les yeux qui pétillent? Étaient-elles mariées, avaient-elles un foyer au cœur duquel elles trouvaient un certain apaisement?
Et ces pères "inconnus", qui étaient-ils? Quelle est ma source? De quel secret sommes nous issues?

Je cherche des réponses, doucement. Tout en sachant que je ne les aurai probablement jamais toutes.
Je cherche, pendant des heures, sur internet. J'abîme mes yeux à en pleurer. J'épluche les archives, je traque les noms. Je dessine des arbres comme je dessinerai le fil de ma vie qui se remonte. Sans certitudes mais avec de l'amour. Beaucoup d'amour.

J'imagine, aussi. Les secrets qui peuvent être nos origines. La douleur de ces femmes qui abandonnent certains enfants, qui en gardent d'autres auprès d'elle.

Je ne juge pas, surtout pas. Je ne vis pas au XIXème siècle, je ne porte pas le poids des traditions, du mariage. Je ne vis pas dans un monde où avoir 4, 5, 6 ou 10 enfants est courant. Je ne sais pas.

Je cherche des personnes, au-delà de mes réponses. D'autres personnes sur cette Terre dont l'arbre est incomplet et qui ne l'ont jamais su.

Finalement, je crois que je me cherche, moi. Je voudrais trouver ma paix, je voudrais que ma fille soit libéré du poids de ces absences. Je voudrais que l'on construise notre vie, sans traîner le fardeau de ce passé absent mais si présent.

Je voudrais. Et on y arrivera. Je me le promets.

vendredi 23 novembre 2012

Sur le fil

Je suis la mère de Petite Elfe, depuis bientôt deux ans et demi. Deux ans et demi sur le fil...

Depuis plusieurs semaines, j'ai senti le vent du changement (pas le souffle venu de Hollande, non...le changement à la maison), je vois bien que son comportement est perturbé, j'entends bien ses peurs.
Et j'ai la sensation de plus en plus nette de marcher sur un fil, puis au moindre faux pas de chuter, pour devoir nous relever, encore, et repartir, espérant atteindre l'autre côté de la faille sans choir encore.

J'ai toujours donné le maximum de mon amour à mon enfant, sans la laisser pleurer (dans la limite des stocks de calme disponibles), en la serrant contre mon coeur si tel était son besoin.

J'ai toujours pensé que je devais lui "apprendre à faire seule" (Maria, si tu m'entends...), être là pour la guider sur le chemin de son autonomie.

Je ne sais pas vraiment quand tout a basculé. Quand de guidance, je suis revenue à gérance. Quand, loin de la serrer contre moi pour la réconforter, j'ai refermé mon amour sur elle pour l'empêcher de voler.

Comment brise-t-on sa promesse inconsciente? Pourquoi oublie-t-on qui l'on est?

Et puis j'ai atteint la limite. Alors j'ai ouvert les yeux. Et j'ai vu. Ce que j'avais fait, sans doute, trop engluée dans les méandres de mes propres problèmes pour me rendre compte à quel point mon enfant glissais dans sa propre souffrance.

Je me suis vue, finalement, l'empêcher de faire toute seule. Etre fatiguée d'être sans cesse l'objet de ses besoins mais ayant créé de toutes pièces probablement, cette situation. 
Je crois bien que j'ai fait tout ce que je m'étais jurée de ne jamais faire. Je crois que sans être consciente de cela, j'ai fait en sorte que ma fille redevienne totalement dépendante de moi. Accrochée à moi comme un jeune koala à sa mère. Refusant le contact avec les autres, refusant tout ce qui ne venait pas de moi. C'est commode, ça me permet d'exister, d'être le centre de son monde. Ca me permet de me raccrocher à elle lorsque tout autour s'effondre.

Ces derniers temps j'ai oublié qui je suis.  J'ai tressé moi-même brin à brin le fil sur lequel nous marchons.

Mais j'ai compris. Pleuré aussi. Beaucoup.

Et puis...tout doucement... j'ai recommencé l'apprentissage. Lui montrer qu'elle peut voler de ses propres ailes, des ses propres Elle. Ne plus faire pour elle mais avec elle. Tenir sa main, oui, mais surtout faire en sorte qu'elle s'autorise à le faire parce que je lui en aurais laissé la latitude.
La laisser retourner vers les autres, ma petite fille au grand coeur et au sourire immense. Lui montrer que j'ai suffisamment confiance en elle pour être sûre qu'elle saura toute seule où elle se sent bien.

Chaque "victoire" emplit mon coeur de joie. Je me rends compte que tout va très vite, elle est intelligente cette petite, mine de rien (comme sa mère. Hum). En quelques jours les pleurs se sont estompés considérablement, les nuits sont redevenues plus sereines. Les couchers remplis d'amour, de calme et de confiance. Les matins douceurs sont revenus sans pleurs.
En quelques jours, elle a grandi parce que je l'ai laissée le faire. Parce que j'ai RE-pris ma place d'adulte. Parce qu'au fond je suis une femme (et une mère) responsable, je crois. Parce que mon Bonheur n'appartient qu'à moi et que j'en suis la propre actrice.

Parce qu'elle est une enfant, mais qu'aujourd'hui autant que lorsqu'elle aura 20, 30 ou 40 ans je n'ai pas le droit de lui voler sa vie. Etre mère, c'est lui donner les plumes pour qu'elle s'envole. Et souffler, doucement, pour qu'elle prenne le vent.

Et cesser, enfin, de marcher sur le fil.

vendredi 16 novembre 2012

Elle...

Je ne crois pas au hasard. De fait, je pense qu'il était écrit quelque part, sur une étoile ou sur un oreiller ou au fond de la galaxie que nous devions nous rencontrer.

Cela fait un an que l'on a échangé nos premiers mots, sans se connaître, sans savoir rien l'une de l'autre que ce témoignage que j'avais déposé à l'époque dans le secret d'un blog.

Elle a dans la voix ce soleil qu'elle a laissé derrière elle et qui chaque fois me redonne le sourire.
Elle a dans le cœur une place immense.
Elle a le courage démesuré d'exercer le travail qu'elle a choisi et j'admire la manière dont elle fait face à tout ce qui se présente.
Elle a passé récemment 8 heures dans le train en deux jours, pour passer une soirée concert avec moi.
Elle est un peu comme moi, et en même temps si différente.
Elle a aussi fabriqué une petite princesse au caractère bien affirmé.
Elle est sans doute la seule fille qui pourrait me supporter à long terme avec qui je pourrais vivre.
Elle a un forfait "Mamanelfeillimitix" et il manque toujours un petit quelque chose à ma journée quand on ne s'est pas appellées.
Elle est toujours là depuis 12 mois, dans les bons comme dans les mauvais moments.
Elle a un don pour me faire rire quand elle téléphone pour poser juste une question...toujours hyper incongrue (en vrai, elle est un peu folle comme moi, mais chut, ne lui dites pas que je l'ai dit)
Elle sait bien que si je ne donne pas de nouvelles pendant quelques temps j'ai besoin de ma solitude, elle le respecte et elle ne me le reproche pas.

Hier, elle fêtait ses 20 ans (bon, d'accord, un peu plus...). Alors...Si j'avais été moins loin (moins pauvre aussi), j'aurais pu l'inviter au resto. Ou venir sonner à sa porte avec mon costume elfique et mes grandes oreilles pointues (mais peut-être que ses voisins auraient alors appelé la police et que ça aurait très mal fini pour un anniversaire). J'aurais pu lui faire livrer 20 (et quelques) roses pour lui montrer à quel point elle compte pour moi (mais le bouquet, sa maman m'a piqué l'idée... et je suis toujours pauvre, si vous suivez...). J'aurais pu au moins écrire ce billet hier (si seulement je n'avais pas eu à la maison une Petite Elfe en perdition de l'oreille droite).

Comme je n'ai rien fait de tout ça, j'ai décidé de juste rassembler ces quelques mots ici, parce que je sais bien qu'elle me lit...parce qu'elle mérite bien que tous mes lecteurs sachent qu'elle est une fille géniale. Parce qu'elle est mon amie...

Ma Petite Maman préférée... Que cette année de ta vie qui commence déroule le long chemin d'un Bonheur infini. Bon anniversaire!

dimanche 14 octobre 2012

C’est l’histoire d’une fille….



Qui n’était même pas inscrite sur facebook il y a deux ans, « fesse de bouc », comme elle disait pour se moquer des copines accro. Puis qui un jour, lassée d’entendre que tout le monde savait pleins de choses qu’elle ignorait grâce aux fameux réseaux sociaux se dit « allez, c’est mon tour. »

Cette fille, elle avait 25 ans. Cette fille, c’est moi. Un an après l’inscription qui a changé le cours de ma vie, poussée par le désir d’écrire, j’ouvre alors cette espace, le mien, là où je vais pouvoir parler de ma vie, exorciser mes peurs, dépasser mes colères, partager un peu de ma vie avec toi, avec vous… 


C’est l’histoire d’une fille qui se réveille un matin en se rendant compte qu’elle pense en termes de statut facebook. Genre « oh, il m’est arrivé ça, je pourrais le tourner comme ci, comme ça… ». Une fille qui regarde les derniers mois autrement, et qui se dit que certaines choses doivent être changées.

Oui, finalement, facebook a changé ma vie. J’ai rencontré des ami(e)s merveilleux(ses), des gens qui comptent énormément pour moi. J’ai aussi retrouvé ma moitié que je cherchais dans cette vie depuis 27 ans sans espérer que mes doigts retrouvent les siens. Un hasard incroyable. Ou pas. Je ne crois pas au hasard.

Facebook, c’est aussi l’espace de mes désillusions : une histoire pleine de promesses qui tourne mal et me blesse plus que je n’ai jamais voulu l’avouer, une branche de mon arbre familial qui se brise, mon temps qui disparaît dans le trou noir des amitiés factices. Facebook, c’est aussi mes nuits à nouveau ridiculement courtes, et pas pour cause de bonheur installé dans le berceau tout proche. Facebook, ce sont des dizaines d’ « amis » qui ne m’ont même jamais laissé le moindre petit mot. 

Facebook est devenu également l’espace qui concentre tout ce qu’il y a de pire en moi (en nous ?) : le besoin de savoir, de fouiller dans la vie des gens, en quelque sorte. Alors pourquoi ? Pourquoi alors qu’en général je ne regarde jamais la télé, que j’abhorre les émissions du type « Secret Saloperie », tout d’un coup je me mets à pratiquer une forme de voyeurisme ?

En parallèle, je rentre dans le jeu, facebook est tout autant devenu une façon d’étaler certaines parties de ma vie, comme pour exister. J’ai toujours eu besoin d’exister, depuis ma plus tendre enfance dans laquelle mes peurs ont pris racine. Facebook a accentué ce besoin, ce qui était au début un « remède » est devenu pire que le mal.

Alors voilà.Aujourd'hui j'existe. Dans leurs regard, dans le champ d'amour que l'on cultive. Dans ma condition de mère. Dans mon boulot. Aujourd'hui je me sens en équilibre. Aujourd’hui mon existence est ailleurs. Elle est dans les yeux de ma fille, dans la main de l’homme que j’aime. Dans les longues balades dans les bois, dans les moments à deux, à trois. Dans le partage d’un après-midi avec des amis qui débarquent à la maison, répondant à un appel au secours. Dans les projets d’avenir qui emplissent ma tête. Dans l’envie de fonder une grande et belle famille. Dans le besoin d’être moi, entière et entièrement disponible pour Lui, pour Elle, pour Nous.

Je ne sais pas ralentir, je ne sais pas encore très bien me situer dans la demi-mesure. Je n’ai que 27 ans et la vie devant moi. Ma vie. Celle qu’aujourd’hui je reprends. Aujourd’hui, je suis venue vous dire que je ferme doucement la porte « facebook ». Avec un petit pincement au cœur sans doute, avec un énorme soulagement à la clé. Je ne dis pas que facebook m’a fait mal, je dis que je n’ai pas su me protéger, nous protéger.

Le blog, lui, continue d’exister. Ecrire, c’est vital pour moi, pas question que j’abandonne.
Alors…pour continuer à suivre mes publications, je vous conseille de vous inscrire à la newsletter, afin de recevoir dans votre boîte mail un petit courrier à chaque fois que j’écris. Et puis de cette manière, c’est une autre relation qui se tisse entre l’auteur et le lecteur. S’inscrire pour recevoir mes billets, ce n’est pas juste cliquer sur « j’aime » en ayant oublié le sens de ce mot. 

Pour le reste… je suis toujours joignable sur mamanelfe@gmail.com …je réponds toujours aux mails que je reçois et que j’aime recevoir, d’ailleurs.

Pour mes amis, les réels, ceux qui le sont devenus…je ne suis pas loin, vous le savez. J’ai une adresse mail que je consulte chaque jour, un téléphone que je n’éteins (presque) jamais.

C’est l’histoire d’une fille venue vous dire pardon et…merci.

mardi 2 octobre 2012

Et la critique fut...

Il y a un peu plus de deux ans, je devenais mère. Ma toute petite elfe faisait de moi une autre femme...plus fragile et plus forte à la fois.
Et j'ai envie de dire...que la nature est bien faite.
Parce qu'une fois le statut de mère durement acquis au terme de (ne pas rayer la mention inutile) vergetures, épisiotomie, crevasses, nuits blanches et autres...on en a bien besoin, de toute cette force.

Pour supporter son enfant me direz-vous? Que nenni! Ma fille, je l'ai désirée, je l'aime éperdument et même dans les pires moments de fatigue elle n'a jamais été un poids pour moi. Elle fait partie de moi, elle est ma vie, celle que j'ai donné et qui a dessiné les contours de mon monde.

Non...on a besoin de force pour savoir faire face aux critiques.
La critique (n.f.) est une grave maladie extrêmement contagieuse qui touche votre entourage au moment critique (si je puis me permettre) et qui transforme jusqu'à votre gentille tantine inoffensive en robot à démolir votre éducation.

La critique, en général, vient de :

1- personnes qui n'ont pas d'enfants (mais qui ont déjà gardé leur neveu au vingtième degré au moins 4 heures de leur vie et savent bien comment élever les enfants)

2- personnes qui ont des enfants qui, lorsqu'ils débarquent chez toi, ont un comportement insolent et irrespectueux (de vrais anges, en somme)

3-personnes qui ont élevé leurs enfants il y a plus de 20 ans et ont oublié.

4-la belle-mère : celle qui sait parfaitement ce qui fait mal, comment ça fait mal, parce qu'elle l'a subi elle-même de sa belle-mère et compte bien se venger sur sa bru (j'ai toujours rêvé d'écrire "bru" dans un billet). La belle-mère est un cas particulier, qui mériterait un article à elle toute seule. Ou pas.


La critique peut prendre des formes diverses et variées :

1-La critique sournoise, celle qui vise à toucher le parent en s'adressant à l'enfant (clairement, la méthode de la grand-mère paternelle de Petite Elfe) : "Ah, ce que tu peux être chouineuse...on voit bien que tu as l'habitude qu'on te passe tout". A cette critique, ne pas répondre ou bien alors d'une voix suave murmurer à son enfant en le câlinant "pleure si tu as besoin mon coeur, moi j'ai tant d'amour à te donner..."

2- La critique catégorique (plutôt la copine qui n'a pas encore eu d'enfant et ne comprend pas le sens du fameux adage "Avant, j'avais des principes, maintenant j'ai des enfants") "Ohhhh làlà mais tu lui passe trop de trucs, elle va être super capricieuse!!!". Marmonner quelque chose comme "MmmmMmmmm sans doute"

3-La critique timide (la copine enceinte, légèrement à fleur de peau du fait de sa récente et permanente overdose hormonale). "T'as pas peur qu'elle fasse des caprices si tu lui cèdes?". Une seule solution, sourire gentiment en disant "Oh...on en reparlera dans quelques mois..."

Et sûrement...tant d'autres que j'oublie...


Alors aujourd'hui...j'ai envie de dire que oui, ma fille est une enfant vivante, elle crie (souvent), elle parle (énormément), elle bouge (tout le temps), elle exprime ses joies tout comme ses colères et sa frustration. Et j'en suis fière, à un point inimaginable.
Oui, je m'en occupe énormément (trop, selon les fameux critiques-inspecteurs-des-travaux-finis-de-l'éducation) et c'est MON choix. C'est encore moi qui l'élève, que je sache (et bientôt Monsieur Elfe aussi, lui aussi il aura le droit de mal prendre les critiques qui nous seront adressées)

Ma fille, je l'éveille au monde, je lui donne tout l'amour et toute l'attention qu'elle réclame. Parce que c'est un tout petit être. Parce qu'elle a besoin d'armes pour affronter la vie qui l'attend. Parce qu'il me semble essentiel qu'elle sache qu'elle peut avoir confiance en moi. Parce que je l'aime.

Et je crois vraiment qu'au delà de son caractère, de ses aptitudes, c'est aussi l'éducation qu'elle reçoit qui fait d'elle une petite fille curieuse, éveillée et au caractère fort et affirmé.

Mais...au-delà de ce que je pense, au-delà de ce que je constate subsiste une question...
Pourquoi toutes ces remarques qui feraient de mon enfant une petite diablesse en puissance? Ai-je souvent demandé de l'aide?
Parce que c'est bien là que le bât blesse...je n'ai (presque) jamais fait appel à mon entourage pour garder ma fille. A moins que je sois dans l'impossibilité de le faire, je m'en occupe constamment. Ce n'est donc pas comme si ces personnes souffraient de l'attitude de ma fille qui ne leur convient pas. Ce n'est pas pour une visite une fois par mois, une fois par an...

Alors...pourquoi parler? Critiquer l'enfant pour mieux blesser la personne responsable de son éducation? Pour faire en sorte de lui voler la confiance qu'il a en lui?

Aujourd'hui je voulais juste dire que je suis lasse des "petites remarques pas méchantes", lasse d'entendre que ma fille est comme-ci ou bien comme-ça...
De toute façon, elle est Elle (beaucoup comme moi, j'avoue, quand même...). Je suis heureuse qu'elle ait un caractère bien trempé parce que d'ici peu, elle saura elle-même envoyer paître tous ceux qui croient que s'attaquer à plus petit que soi renforce son égo.

Ma fille, ma lumière... Continue comme ça, surtout ne change rien...je suis si fière de toi!



dimanche 2 septembre 2012

Chez moi...

Je suis née là où le printemps renaît dans l'éclosion de mille bourgeons, dans le chant des abeilles qui réveille mille graines enfouies dans le sol des montagnes. Lorsque doucement Dame Nature recolore de vert le tableau des paysages.

Là où le soleil estival brûle les champs de blé entre deux explosions de tonnerre qui résonnent jusqu'aux tréfonds des vallées.

Là où l'automne se pare de douces couleurs, lorsque les châtaignes jonchent le sol et que vient le temps des soirées blottis au coin du feu et des tartes à la citrouille.

Là où l'hiver la neige tombe doucement  comme à petits pas feutrés jusqu'à recouvrir de son lourd linceul le sol et étouffer chaque bruit sous la blancheur de son manteau. Au moment où la nature force l'Homme à faire une pause dans le tourbillon de sa vie.

Là où la Terre en colère a modelé le paysage, là où les volcans fièrement sortent la tête du sol pour aller tutoyer le ciel et parler aux nuages.

Là où dans l'immensité verte coulent des centaines de ruisseaux dont le murmure emplit les prés et auprès desquels les Demoiselles viennent chaque été reproduire leur ballet aérien dans un chatoiement de bleu métallique.

Là où la gentiane d'or perce les pentes des volcans, où les fades se nichent sous quelques pierres anciennes.

Là où l'histoire se mêle aux mythes, là où jadis un illustre gaulois défit les légions d'un certain César.

Là où la ville voisine les champs. Où jamais loin un chemin caillouteux serpente entre deux parcelles de fleurs du soleil.

Là où les forêts de résineux dissimulent des trésors de perles violettes et des tapis de champignons.

Je suis née là où chaque années recommence le bal des saisons lorsqu'arrive le printemps dans l'immuable floraison des lilas.

Je suis une enfant des volcans, je suis née là où mon coeur ne cesse de battre à la vue des paysages qu'il connaît si bien. J'ai grandi ici et je ne saurais pas expliquer cet amour qui m'attache à ma terre.

 Mais chez moi c'est aussi dans les yeux de ma fille, dans le sourire de l'être aimé.  A chaque endroit dans lequel j'ai posé mes valises et laissé un petit bout de moi comme pour mieux y revenir un jour. 

Chez moi c'est ici et ailleurs.

samedi 4 août 2012

T'as pensé à ta fille?

Oh la jolie question pourrie que voilà! Celle qu'au cours de ces derniers mois je n'ai malheureusement pas entendu qu'une seule fois... Celle qui me fait comprendre à quel point je déteste l'intrusion des gens dans ma vie. Celle qui me donne envie de leur coller une bonne fois pour toutes dans la figure ce que je pense de leurs jugements.

En général, il s'agit de la première réaction lorsque j'annonce que je quitte le père de Petite Elfe. "Et ta fille? Tu y as pensé?". Alors voilà, je suis une fille polie, je réponds toujours cordialement mais en-dedans je bous.

Parce que d'abord, puisque ces gens croient me connaître, comment peuvent-ils oser poser une telle question? Comment ignorer que cela fait deux ans que je vis par et pour ma fille? Deux ans que je m'occupe intensivement d'elle dès que nous sommes ensemble. Deux ans que ces mêmes gens me reprochent de trop m'occuper d'elle. Délicieux paradoxe... un jour ils jugent que je m'occupe trop d'elle, le lendemain que je ne pense pas à elle. Bande d'abrutis d'hypocrites, les amis.... La nature humaine est-elle ainsi faite qu'elle pousse à (trop) parler sans réfléchir?

Alors voilà... à vous tous les curieux, les emmerdeurs d'un jour, les donneurs de leçon, à vous qui parlez pour parler, sachez que...

Je n'ai pensé qu'à elle. A ma fille qui refusait de dormir. A l'enfant que chaque soir je berçais des heures contre mon sein en attendant d'entendre sa respiration ralentir, de sentir son petit corps devenir lourd entre mes bras. A ma fille qui pleurait beaucoup et dont les yeux criaient la souffrance. A mon enfant aux besoins soudain intenses et que je ne comprenais pas.
Et j'ai compris. Ce que je n'avais pas su voir, et pas su dire, elle le savait. Depuis le premier jour. Depuis les heures accrochées à mon sein comme pour oublier le monde désordonné qui tournait autour d'elle. Depuis les longues minutes à hurler dans son lit chaque fois qu'elle avait besoin de dormir, refusant mes bras tout autant que le cocon de ses draps.

Ma fille savait ce que je refusais de voir. Alors elle m'a poussé à bout...au bout de mes réflexions. Mon enfant d'un an à peine m'a ouvert les yeux par la porte des siens.

Alors j'ai pris ses mains si minuscules entre les miennes, j'ai plongé mon regard au fond du sien et ouvert la porte de mon âme déchirée. Et je lui ai dit...

Je lui ai dit que ce que nous vivions, son père et moi, n'était pas de l'Amour. Que c'est ailleurs qu'elle devrait trouver un modèle de couple. Que je l'aimais, que son père aussi mais que nous ne nous aimions plus, nous les adultes.
Je lui ai dit que ce n'était pas de sa faute. Qu'il fallait se séparer pour pouvoir correctement continuer à l'aimer, ELLE, et que c'était l'essentiel.
Je lui ai dit qu'un jour nous partirions vivre dans une autre maison, et que son père aussi trouverait un nouveau chez-lui. Qu'on ne se verrait plus tous les jours mais le plus souvent possible.
J'ai senti ma gorge se nouer, des larmes invisibles dévaler les pentes de mes joues et apaiser ma peine.

A cet instant j'ai su que le monde avait changé. Que rien ne serait comme avant, que, plus que jamais, j'allais savoir ce que signifiait "assumer ses actes". J'avais donné la vie, j'avais la charge de guider cette vie jusqu'à ce qu'elle ait en mains les clés pour la reprendre. Je suis une mère, ce n'est pas rien. Je n'ai pas le droit de refuser à ma fille de connaître l'Amour. Je ne peux pas la priver d'un modèle de famille. Je n'ai pas le droit de faire semblant d'être celle que je ne suis pas car mon sang coule en elle et à elle je ne peux mentir.

A compter de ce jour, Petite Elfe a changé. Elle a dormi plus sereinement, spontanément a accepté de dormir seule. La malice a pris dans ses yeux la place de la colère. Non, bien sûr, tout n'est pas parfait. Notre situation compliquée n'arrange pas les choses. Mais ma fille sait maintenant ce qu'il en est. Depuis un an je ne lui ai pas menti, je ne lui ai rien caché, de toute façon cela ne sert à rien, ceux qui la connaissent comprendront ici de quoi je parle.

J'ai une enfant-lumière, dont j'ai la charge de faire un soleil et sachez que je ne pense qu'à elle...


vendredi 3 août 2012

M'accepter

Voilà LE grand débat de ma vie. Pas que je sois laide, non. Je ne suis pas en surpoids non plus. Plutôt "banale", en somme. Ca, c'est la réalité. Ce que les gens voient.

Et il y a ce qui se passe en moi... ce corps que je n'ai (presque) jamais su accepter. Je me suis toujours vue énorme, avec des proportions complètement à l'opposé de ce que je trouve harmonieux. Je sais que ce que je dis est choquant, j'ai des amies qui souffrent de leur poids et je me sens moche de dire cela. Finalement ce n'est pas le tour de taille qui fait que l'on s'accepte, que l'on est belle - ou pas. C'est plutôt au niveau du cerveau que ça se situe. J'ai la cervelle quelque peu déglinguée (Mais ça, c'est pas nouveau...)

L'année de mes 17 ans, j'ai tellement focalisé là-dessus que j'ai cessé de manger. J'avais mal au ventre, des nausées à répétition et la tête qui tournait comme une toupie mais je me sentais maigrir et j'adorais cette idée. Ca a duré quelques semaines, le temps que ma mère se rende compte, et me suive pas à pas pour me forcer à remanger. J'ai voulu jouer, j'ai frôlé l'anorexie et je me suis fait cette promesse de ne pas recommencer. J'ai en tête le souvenir de mes premiers repas forcés. J'ai cru que j'allais mourir tellement j'avais mal, envie de vomir...

La vie a continué, moi me trouvant toujours "grosse" et ne l'étant pas. C'est là que c'est vicieux. Je SAIS que j'ai une vision erronée de moi, mais rien à faire. Je ne sais pas changer cette image que me renvoie le miroir de mes peurs. J'ajoute à cela quelques remarques anodines pour ceux qui les ont prononcées et dévastatrices pour moi... et je ne suis pas au bout de galérer!

Les années passent, je rencontre celui qui deviendra mon mari, puis le père de ma fille. Mon corps n'a pas changé mais je m'y suis faite. Installée dans une relation, ça me paraît moins grave, je me sens acceptée et je mets ça de côté.

Puis, un beau jour (ou peut-être une nuit) de septembre, une micro crevette décide d'élire domicile dans mon ventre. A compter de cet instant, et 8 mois et demi durant, je n'aurais de cesse de trouver que mon corps est beau. J'aime ses rondeurs, mon ventre qui s'arrondit et se tend, mes seins qui se gonflent (hourra!). Pour la première fois de ma vie j'ai envie de me voir grossir, de montrer au monde entier que je porte la vie et que je me sens belle. Ah, paradoxe quand tu nous tiens...

Petite Elfe entre dans ma vie, l'allaitement se met en place et mes kilos fondent comme neige au soleil. En quelques semaines, je passe de +15 à -23. Je suis devenue extrêmement mince, je n'ai plus de ventre, plus de fesses et plus de poitrine. Tout s'est envolé et je me sens le coeur léger. Ca a ruiné mon allaitement mais je me suis enfin réconciliée avec mon corps, il m'aura fallu 26 ans. Au début, je n'ai pas osé y croire, j'ai refusé de refaire ma garde robe, et, un an durant j'ai porté des vêtements une à deux tailles au-dessus de la mienne. Car tout le monde me disait que j'avais perdu à cause de l'allaitement mais que ça reviendrait. J'attendais donc, morte de trouille, que ça revienne.

Mais je ne suis pas du genre à me laisser abattre, les kilos ne revenant pas, j'ai décidé de prendre les choses en main. Il faut dire qu'à l'époque, cela fait plusieurs mois que j'ai décidé de me séparer du père de Petite Elfe et mon coeur bat à nouveau. C'est donc le moment de me bouger. Je renouvelle mes pantalons, passe chez l'esthéticienne pour apprendre à me maquiller. En un mot comme en cent, je me sens BELLE.  J'ai trouvé mon corps de rêve, je me sens à l'aise dedans et je n'ai plus aucun complexe (si l'on excepte mes seins complètement tués par le cocktail grossesse/allaitement et dont j'ai du faire le deuil). 

Fin de l'histoire? Non, hélas... J'ai traversé un épisode plutôt douloureux de ma vie sentimentale, et, comme je le faisais parfois avant, je suis tombée dans la nourriture. Le chocolat pour oublier, ne plus penser à la vie qui est la mienne, à tout ce que j'ai raté, aux épreuves qui m'attendent. Quatre mois. Plus six kilos. Retour à la case départ, et pire encore. J'ai connu mon corps mince, maigre, même, ça ne le rend que plus difforme aujourd'hui. D'autant que je déteste l'idée que mon corps porte les stigmates de mes échecs. Perdre mes seins suite à ma maternité, d'accord. Prendre 6 kilos parce que je n'ai pas su gérer mes émotions, là, ça coince.

Aujourd'hui, je n'ose plus monter sur ma balance. Mes pantalons sont trop petits, je ne peux plus fermer mes jupes. Je ne suis toujours pas grosse mais je me trouve énorme. J'ai la sensation qu'à chaque bouchée que j'avale, c'est comme si je prenais un kilo et je ne sais pas. Je ne sais pas lutter contre ma faim, contre mon envie de manger. J'ai besoin de maigrir et je suis incapable d'y arriver. Je ne vois en moi que cellulite, seins qui tombent et ventre qui dépasse. Je ne m'aime plus...

Alors j'ai peur. Peur parce que je ne suis plus seule. Parce que je ne veux pas le décevoir. Parce que je ne veux pas qu'il ait honte de ce que je suis. Et, toujours ce foutu paradoxe, j'ai tellement confiance en lui que j'ose croire que tout ira bien...

On va y aller mollo sur les petits gâteaux...

lundi 9 juillet 2012

Tu seras un homme, mon fils...

J'abordai récemment la notion de maternité au cours d'une conversation passionnante. Et j'en concluais.. que pour moi, être femme et donner la vie, c'était... Ne plus penser qu'à soi, pour soi.

Envisager un avenir pour lui, son enfant ;  être fière de le voir croître sous la pluie de notre amour et s'épanouir sous la lumière du soleil de notre coeur.
Essayer de lui donner les clés pour quitter le nid qu'on lui a patiemment construit.
Etre mère, c'est l'antithèse de l'égoïsme. Bâtir pour lui, pour son enfant. Et ne rien attendre en retour, que la fierté de voir que le fruit de notre amour est devenu un bel arbre.

Etre mère c'est espérer, à chaque heure qui s'avance, que l'on a réussi. Qu'un jour on pourra entendre quelque chose qui ressemblerait à "Merci, Maman, je suis heureux et ça, c'est un peu grâce à toi".

C'est aussi parfois avoir mal. Quand le cœur de notre enfant saigne, quand on se demande ce que l'on a bien pu rater pour que son sourire cache autant de tristesse. Quand on aimerait le voir déployer ses ailes immenses pour rejoindre le ciel de son bonheur.

Etre mère, c'est tout concilier. Faire en sorte de ne pas s'oublier dans la maternité, être une femme, rester la femme de l'homme que l'on aime. Se partager en cent sans oublier de rester une.

Etre mère c'est penser au jour où son enfant nous annoncera les yeux brillants de bonheur qu'il a tissé le fil de la vie, qu'il va à son tour endosser le merveilleux rôle de parent. Et sentir son coeur se gonfler de bonheur.

Etre mère c'est pouvoir tout entendre même si on ne le comprends parfois pas toujours.

Etre mère c'est ne jamais baisser les bras. Lui ouvrir encore et toujours les bras, la maison et le coeur tant qu'il en aura besoin. Et continuer à tout faire pour qu'il s'envole. Lui apprendre à prendre le risque de vivre, parce que ça fait mal,parce que ça fait du bien, parce que c'est beau.

Etre mère c'est cacher ses larmes. Les laisser couler dans son coeur ou bien derrière la porte doucement refermée sur ses songes. Porter à bout de bras son monde, quel qu'en soit le prix. Silencieusement, discrètement, être là.

Etre mère, c'est pouvoir dès le premier instant lui dire "tu seras un homme, mon fils".

mercredi 4 juillet 2012

Voilà, c'est fini....

Voilà, nous y sommes. Demain, le grand livre de l'année scolaire se referme. Sur ses bonnes notes et ses ratures. Sur les colères et les petits bobos.Sur les discussions philosophiques. Sur les parties de foot dans la cour de l'école.

Demain, une année de plus s'achève dans cette même école où j'ai débuté ma courte carrière. Je débrancherai un à un les ordinateurs, rangerai soigneusement mon bureau. Je reprendrai ma trousse et mes chewing-gum cachés dans le tiroir sous le bureau. Je regarderai encore une fois en arrière, puis doucement je fermerai la porte sur mes souvenirs. Oh non, je ne pars pas, je serai là en septembre mais j'ai besoin de ce rituel. Clore l'année comme on clôt un livre pour ne pas y revenir, ou plus tard, avec nostalgie.

Je rejoindrai ensuite mes élèves dans le couloir, la gorge serrée je dirai au revoir à mes CM2, en leur faisant promettre de revenir me voir quand ils le pourront. Je ferai un gros bisou à ceux qui en ont envie puis je les laisserai se disperser comme des papillons vers le bus qui les entraînera dans la folle aventure des vacances.

L'année s'achève et moi je rêve... à mes vacances à moi, et aux dizaines de livres que je vais pouvoir avaler. A mes départs vers des contrées que je veux découvrir. Aux travaux de la maison, qu'on puisse enfin la vendre. Au futur qui m'attend et qui se bâtit aujourd'hui.

L'année s'achève et je dresse le bilan. Les réunions interminables, les discussions plutôt âpres. Les mauvais moments. Les belles surprises. Les erreurs qu'on répare mais qu'on n'oublie pas. Les 21 âmes que j'ai eu entre les mains et que j'ai vu grandir et progresser. Les 5 ou 6 stylos rouges que j'ai vidés. Les centaines de kilomètres avalés, sous le vent, la pluie, la neige et le soleil. Les renards et les chevreuils croisés au petit jour sur la route de l'école. Les bouquets de jonquilles offerts pas les filles, qui me donnaient la migraine mais qui trônaient quand même sur mon bureau. Les dizaines de livres lus le soir, sur le canapé vert ou au pied du grand arbre, dans la cour. Les dictées du vendredi matin et l'origami du jeudi.

S'il faut fermer la porte, je la fermerai demain sur les yeux qui pétillent et les sourires. Sur les dessins par dizaines et les poèmes appris.

Demain, de maîtresse je redeviens juste maman, pour deux mois seulement. Pour une éternité.




vendredi 29 juin 2012

Rester enfant...

Aujourd'hui était mon jour favori de l'année scolaire. Mais non, mauvaise langue, pas le dernier. Le dernier jour, je l'aime bien et je ne l'aime pas. Je ne sais jamais comment laisser partir mes gnomes le temps d'un été ou pour toujours, pour ceux qui partent au collège. J'ai envie de leur dire que je suis fière d'eux, que j'ai observé chacun de leurs progrès et que je les ai notés dans mon esprit comme autant de pépites d'or humain collectées dans ma vie. J'ai envie de leur souhaiter bonne route sur le chemin de leur vie. J'ai parfois envie de les serrer tout contre mon cœur, furtivement, comme pour leur dire "je ne t'oublierai pas...". Bref, le dernier jour, ou plutôt la dernière heure de l'année n'est pas une partie de plaisir.

Mais cela est une autre histoire....
Aujourd'hui était un jour spécial, celui où je recevais dans ma classe un auteur de littérature jeunesse dont nous avions lu des oeuvres en cours d'année. Cela arrive chaque année, dans le cadre d'un petit salon du livre jeunesse qui s'organise dans la commune avec laquelle je me trouve en RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunal).

Nous avons donc la chance, chaque fin d'année, de recevoir dans notre classe un auteur, de pouvoir le questionner, échanger, comprendre ce qui le pousse vers l'écriture et connaître son métier. Rire et nous émerveiller. Je ne sais pas si mes élèves prennent la mesure de la chance qui est la nôtre, mais je m'efforce de leur en faire prendre conscience.
Et cette année, cette rencontre a eu une saveur tout particulière. La première raison est que, lorsque nous avons du choisir l'auteur que nous souhaitions rencontrer, parmi ceux qui participent au salon, un livre a attiré mon attention sur la table. Je l'ai ouvert et je suis tombée en amour pour ce livre. L'histoire, l'illustration, tout me parlait, m'attirait. J'ai rarement été aussi émue devant un livre, allez comprendre... Je crois que mon coup de foudre fut clair, tout le monde a bien vite compris qui je souhaitais recevoir. J'attendais donc aujourd'hui sa venue avec une impatience notoire...

Et Jean-Yves le Guen est arrivé. Avec son sourire, ses livres et sa guitare. J'ai su que je ne m'étais pas trompée à l'instant où je l'ai vu. Il s'est présenté, lui, le "petit auteur-bah oui je mesure 1m63 hein". A dit préférer le terme d'auteur à celui d'écrivain, expliquant que nous étions tous des auteurs, dès lors que nous produisions un texte. En un mot comme en cent, je l'ai adoré. Et à en croire mes élèves suspendus à ses lèvres, eux aussi.

Tout de suite, Jean-Yves nous a mis à l'aise. Il m'a très vite tutoyée, nous a parlé de sa vie, de sa maman et de ses petits-enfants. De la petite dernière, Rose. Il a attrapé sa guitare et nous a fait chanter ses chansons. Il m'a émue, certains mots ont résonné en moi bien plus profondément que je ne l'aurais imaginé. Il a su capter l'auditoire bien plus sûrement que n'importe quel combat Beyblade ou qu'un millier de cartes Pokémon ultra rares. Mieux qu'un match de foot avec un arbitre "qui comprend rien". Mieux qu'une rencontre avec Monsieur Pi. Mieux qu'une lecture commune à l'ombre du grand arbre les derniers jours de l'année.

Les élèves ont découvert de façon vivante le parcours d'un livre, depuis son écriture jusqu'à nous, lecteurs. Ils ont été impliqués dans chaque étape de son intervention et ils ont adoré ça. Leurs yeux pétillaient, et que dire des miens... Ce jour-là c'est celui que je préfère car je m'accorde à me laisser submerger par l'âme de l'enfant qui est resté en moi. Et j'aime ça. Passionnément. Autant vous dire que l'heure trente a filé comme l'eau entre mes doigts. Et que je bous d'impatience de me rendre au salon, demain, faire dédicacer par ce très grand monsieur mon coup de coeur... Le grand voyage d'Hortense.

Le grand voyage d'Hortense, c'est l'histoire d'une vie, des quatre saison que l'on y traverse. Avec beaucoup de pudeur, de douceur, Jean-Yves Le Guen y raconte le premier et le dernier voyage de cette petite bonne femme qui n'avait jamais quitté son jardin... L'album est illustré par sa fille, Christelle Le Guen, et c'est un vrai régal. Un plaisir pour les yeux et l'esprit. En bref, au cas où ça ne serait pas clair, c'est un livre que je vous conseille. On peut le lire assez tôt, et y voir chacun quelque chose. Mes CE1 par exemple ont bien accroché et ont compris beaucoup de choses. Une perle à avoir dans sa bibliothèque, je pense.


Voilà pourquoi cette année, cette journée s'est particulièrement bien déroulée. Mais ce n'est pas fini!
On nous avait proposé de recevoir dans nos classe, le temps d'une demi-heure, un certain Antoine Boivin, auteur des Boivinoscopies. Sans nous donner trop de détails, en nous expliquant que ce serait une surprise. Et moi, j'adore les surprises.

Voilà donc que ce matin, en pleine séance de correction de dictée ardue, quelqu'un toque à la porte.  Entre alors un grand monsieur. Il porte un costume que même en plein nuit on ne pourrait manquer de remarquer, arbore un large sourire et laisse à pense que ce qui va suivre sera un petit délice...

D'abord, Antoine Boivin se présente, il est "le pape du pop up". Ambiance...
Les enfants se taisent, ils sont captivés par cet étrange personnage qui s'est installé dans notre classe comme s'il nous connaissait depuis toujours. J'avoue que j'en suis au même stade. Etonnée, émerveillée. Silence...je savoure.

Nous comprenons assez vite qu'Antoine Boivin est ici pour nous parler de livres pop-up, ce pape en a d'ailleurs apporté deux géants de sa conception. Un polar intitulé "ça bute à Chaumont" (déjà rien que ça....j'applaudis!), plein d'allusions géniales et d'humour décapant...
Dans la vie, il y a des hauts et...
Des bas :D
Ce premier pop-up est, nous explique-t-il, un livre au format italien, c'est àdire qu'il se lit posé à l'horizontale. Les enfants sont captivés, et moi je souris à pleines dents. C'est bon, c'est drôle. C'est génial.

Ensuite, ce génie nous évoque La Fontaine, ses fables. Pour être bien sûr que les enfants savent de quoi il parle, en moins de trente secondes, il dessine le fameux La Fontaine au tableau. Instant magique, j'immortalise.



S'ensuit alors la lecture d'un pop-up au format anglais, celui-là. Un de ceux qui se lit verticalement. Moments choisis, rien que pour vous...




A la fin de sa lecture, Antoine Boivin nous annonce la fin. Comme tout le reste de son "show". Pas comme tout le monde.

Puis doucement, il remballe ses livres et plie bagage. Cinq minutes plus tard, il a disparu. Comme un mirage. C'était génial, c'était trop court. Vivement demain, il paraît qu'il a préparé tout un spectacle. Je vais, je crois, me glisser au milieu des enfants. M'asseoir au fond de la salle, discrètement, et ouvrir grand mes yeux sur le monde fabuleux dont il ouvre la porte. Et rêver, encore. Toujours.

Aujourd'hui, c'était le plus beau jour de l'année scolaire. Et demain, ça continue...

mercredi 13 juin 2012

N'oublie pas...

J'ai déjà écrit une fois sur le sujet mais quand je parle autour de moi, je prends conscience que le monde est rempli de personnes comme celle qui m'a faite souffrir... et qu'il est important d'en parler.
Toujours, pour ne jamais oublier. Pour ne jamais laisser la peur ou la culpabilité prendre le dessus. Pour briser le silence et faire en sorte que ça ne devienne pas la "norme".

Parce que subir une agression sexuelle, c'est une lourde épreuve. Une épreuve qui marque à vie, qui trace une partie du chemin à venir sans que l'on puisse changer ce qui s'est passé. Et ce, quelle que soit la gravité de l'acte que l'on a subi.

Bien sûr qu'on peut vivre avec. Chercher, à chaque instant, à avancer pour faire de cette attaque une force, pour se forger dans la douleur une carapace protectrice. Et puis...a-t-on vraiment le choix?

Bien sûr qu'on peut croire qu'on oubliera. Sauf que l'on n'oublie jamais. En tout cas, moi je n'ai jamais su oublier. Je m'efforce depuis des années de masquer cette douleur, d'en faire quelque chose de bien pour moi. Ça m'a rendue plus forte que je n'aurais seulement pu l'imaginer mais je suppose que je préfèrerais être moins forte et ne pas porter ce poids sur mon cœur. Je suppose...

Bien sûr qu'on sait que l'on n'est pas coupable et pourtant...c'est difficile de se défaire de ce sentiment et de la honte qui l'accompagne...ça m'a pris des années, pour faire le point et m'en libérer. Ça m'a pris aussi une rencontre. Une thérapeute, une personne totalement extérieure et dont c'est le métier qui est là pour te dire que non, ce que tu as subi n'est pas normal et que oui, c’est gravissime.

Bien sûr que l'on a peur. Peur de le croiser, parce qu'on vit dans la même ville, sinon ça ne serait pas drôle. Et pas question de déménager, je ne fuirai pas devant mes peurs, j'essaie au contraire de les apprivoiser!
Peur aussi pour ma fille. Parce qu'être mère c'est aussi ça. Ne pas vouloir mais projeter sa vie sur son enfant. Et trembler. Je suis parfois morte de trouille à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose. Non pas qu'elle meure hein, mais qu'elle subisse ce genre de traumatisme, qui la marquerait à jamais et la ferait souffrir, ELLE, du plus profond de son être.
Peur de rencontrer un homme qui ne comprenne pas. Ou pire, qui ait peur de cela. Je n'ai pas besoin de peurs, j'ai besoin d'amour. De tendresse, et de douceur. Essentielle, la douceur...

Et pourtant... pourtant je crois qu'aujourd'hui, 21 ans plus tard, je commence à aller mieux. Je crois que j'ai détruit tous les remparts qui s'opposaient à la construction d'une vie sexuelle "normale". Que je suis prête à partir sur de bonnes bases. Devenir mère a changé mon corps, qui n'est plus celui qu'il avait "désiré". Petite Elfe m'a offert une seconde chance,je saurai la saisir...
Finalement, après tout ça, je me demande aujourd'hui si mon refus d'accoucher sous péridurale ne tenait pas aussi à ça. Sentir, avoir mal. Vivre pleinement chaque seconde de la transformation de mon corps pour être sûre d'avoir trouvé la paix, ma paix.




mardi 12 juin 2012

731 jours...

Petite Elfe, mon amour...
Il y a trois jours, pour la première fois tu as dit "MA tête", "MA main"... Ça m'a profondément émue, car je me rends compte, de plus en plus que tu grandis, tu t'affirmes en tant qu'être détaché de moi. Tu es Toi, ma Petite Elfe...

Et c'est normal... Aujourd'hui, tu as deux ans. Tout comme la maman que je suis. Deux ans d'amour intense, de bonheur partagé. Tes progrès ont jalonné ces deux années comme autant de pierres sur la route de notre vie. Je suis si fière de toi, mon amour...

Tes éclats de rire parsèment ma vie de perles de bonheur, tes facéties me font rire aux éclats.
Ton caractère bien trempé affirmé ressemble tant au mien... Tu sais exactement ce que tu veux, et tu essaies toujours de m'amadouer avec cet air espiègle et ce joli sourire qui est le tien... En vain, bien souvent...à ton plus grand désespoir.

Tu aimes les livres, que tu dévores passionnément, au sens propre comme au figuré, et rien ne pouvait me faire plus plaisir.
Tu imites le moindre de mes gestes et j'aime t'observer discrètement quand tu crois que je ne t'ai pas vu piquer mon épilateur et te le passer sur les jambes en tentant de le faire fonctionner.
J'adore te voir touiller dans ton gobelet comme je le fais avec ma tasse de thé...ou glisser dans les verres de toute la tablée des bretzels pour touiller l'apéro :D
Je suis fière de toi lorsque tu as des attentions pour les autres, et lorsque ta petite main se glisse jusqu'à ma bouche pour me donner à manger.
J'ai de la chance que tu m'aies choisie pour être ta maman, toi mon enfant si particulière... Toi qui en deux ans m'a appris bien plus sur moi que tous les autres événements de ma vie en 25 ans.

Tu m'as offert le plus beau des cadeaux, lorsque je t'ai sentie bouger en moi pour la première fois le jour de mes 25 ans... Puis ce 12 juin 2010, quand à 4h24 tu as ouvert les yeux sur moi et que la gorge serrée je t'ai souhaité la bienvenue parmi nous. Et chaque jour depuis. Chaque jour qui apporte son lot d'étoiles au fond de nos yeux. Une bruine d'amour sur ma vie.

Cela fait aujourd'hui deux ans que je me dis que chaque journée sans t'avoir vue sourire, c'est une journée à rayer du calendrier...

Je t'aime Arwen, joyeux anniversaire...

mardi 5 juin 2012

L'histoire d'une vie


Aimer, vivre, croire mourir et se relever. Aimer à nouveau pour avancer puis s’effondrer.

Il y a presque un an  j’ai pris la décision la plus grosse de ma vie. Celle d’affronter le regard de ma famille, de prendre ma vie en main, de faire un choix qui marquerait à jamais mon enfant.  J’ai décidé de quitter le père de Petite Elfe.

Les choses ne se font pas sans heurts, quand on a partagé un bout de chemin ensemble on peut tout autant se déchirer, se détester et puis pleurer.

Tout ne s’est pas passé comme prévu, et depuis plusieurs mois c’est une « colocation » aux allures douces-amères qui s’est installée. Vivre séparés mais ensemble. Ne pas se devoir de comptes mais s’en rendre quand même. Vouloir divorcer, vouloir quitter le « domicile conjugal ». Et toujours la même réponse, lancinante… Des problèmes matériels, tout ce que je déteste mais qui jalonne mon quotidien. L’aspect financier des choses a pris une place dans ma vie que j’exècre. 

Cette décision, je l’ai prise depuis longtemps et mes proches en sont désormais tous informés. C’est une Maman Elfe célibataire qui vit désormais aux côtés de son mari. A côté, pas avec. Comme depuis bien longtemps, d’ailleurs. Etrange situation que la vie m’a réservée, étrange épreuve à passer, encore, pour avancer. Je suis confiante, j’aurai la force de le faire. Il n’y a pas de problèmes, uniquement des solutions à inventer.  J’ai décidé d’être inventive.


Parce que, je regarde mes amies autour de moi et… j’ai envie. Envie de croire, envie de construire une autre vie. Envie d’ouvrir un nouveau grimoire vierge à écrire avec Lui. Envie d’aimer à en pleurer. Envie d’avoir peur de le perdre lorsque je suis sans nouvelles de lui depuis quelques heures. Envie de mêler mes doigts aux siens. Envie d’effleurer le contour de son visage jusqu’à en connaître chaque centimètre par cœur. Envie d’atteindre ce moment où mon âme et mon corps se mêlent pour créer la plus belle des danses.

Envie d’entendre que je suis belle à ses yeux. Envie de le voir fier d’être à mes côtés. Envie de montrer à ma fille le vrai visage d’un couple, de lui apprendre l’amour partagé.

J’ai envie de me sentir femme, d’exister à nouveau dans mes yeux au moment où je me noierai dans les Siens. Envie de boire à la source de ma vie sur ses lèvres. Envie de me nourrir de ses paroles. Envie de mourir dans ses bras pour mieux y renaître quelques heures plus tard. Envie de sentir son souffle dans mon cou.

Voilà… j’ai envie… j’ai besoin de L'aimer. Je L’attends, je sais qu’il est là, quelque part, à n’en pas douter. Je sais aussi que je ne dois pas Le chercher, il viendra de lui-même. Peut-être viendra-t-il sur la pointe des pieds pour prendre place peu à peu dans ma vie. Ou peut-être entrera-t-il en trombe dans mon univers comme un cyclone qui viendra balayer mon passé. Peut-être frappera-t-il à ma porte demain. Peut-être mettra-t-il des années à trouver le petit chemin ombragé qui serpente entre les vieux chênes et mène à mon jardin.

 Je suis sûre que je le reconnaîtrai au premier regard. Je crois que je rougirai, un peu, puis que j’ouvrirai grand mes bras pour le serrer contre mon cœur. Et respirer, fort. Le respirer, le découvrir. Et, ma main dans la sienne, commencer à écrire.

Il était une fois…