samedi 28 juin 2014

Recommencer

Il y a trois jours, j'ai décidé de recommencer. Je me suis dit qu'après des mois sans avoir approché la "chose", il était temps.
Et puis... J'avais déjà repoussé plusieurs fois l'opportunité, un peu morte de trouille, il était temps de reprendre mes esprits, mon courage et de me jeter à l'eau.

Il y avait l'episio, pas très loin et encore fraîche dans mon esprit. Mais la dernière chose qui avait visité mon intimité ayant maintenant 6 mois, il fallait bien avancer. 

J'avais envie, en plus. Au moins autant que peur. J'en avais gardé un bon souvenir certes, j'étais plutôt nostalgique du bien être apporté par la "chose". 

Pour recommencer il fallait que je me sente totalement en confiance, et que j'arrive aussi à trouver un peu de temps, entre les deux filles toujours dans mes basques... Pas super pratique me direz-vous.

Bref, en un mot comme en cent, il y a trois jours, j'étais prête.
Le jour J, une fois décidée, j'avais peu de temps devant moi. Il fallait faire vite, sans trop de préparation. Tant pis. Quand il faut, il faut. 

Je me détends, on y va.
J'ai les mains un peu moites, je tremble. A peine. Et reprends vite confiance. Si ça se trouve, c'est comme le vélo, ça s'oublie pas. Les copines avaient sûrement raison. Ça me rassure, je me laisse aller un peu plus. Avoir confiance, c'est la clé. 

Depuis tout ce temps que mon corps n'avait rien vu entrer (ou sortir) de lui, les sensations sont étranges. Sentir quelque chose à l'intérieur de moi me paraît incongru. Mais je m'habitue rapidement, et tout me revient. Je n'ai même pas mal. Au bout de plusieurs minutes je me souviens qu'en effet c'est plutôt chouette. Ça détend. Ça me plaît. 

C'est sûr, très vite je vais recommencer.

Bref, il y a trois jours... J'ai recommencé à utiliser ma coupe menstruelle.

mercredi 25 juin 2014

Il était un petit poisson...

Depuis sa naissance, Petite Elfe a toujours aimé l'eau. Les bains interminables avec moi, les douches, la piscine, la patouille...

Lorsqu'elle avait tout juste deux ans, je me souviens d'une MNS étonnée devant ma fille qui se jetait dans l'eau en totale confiance munie de ses brassards et se débrouillait entièrement pour se déplacer seule dans le grand bain.

Petite Elfe aimait tellement l'eau que lorsqu'elle a eu un peu plus de 2 ans, nous avons débuté ensemble une nouvelle activité : jardin d'eau. Le principe étant que la piscine accueille un groupe de 8 enfants maxi (accompagnés d'un ou deux adultes chacun). Dans le bassin sont installées différentes activités (parcours, toboggan, jeux...). 
Lors de cette rentrée aquatique, Petite Elfe, pourtant très méfiante de nature, adopte très rapidement le MNS, se sentant en confiance avec lui et accepte même de pratiquer certaines activités avec lui, rien que lui -ô joie- dans le bassin. Lors de ces séances, nous avons accès à la pataugeoire et au petit bassin, l'enfant se rendant où il le souhaite. Très vite, notre temps pataugeoire se réduit, Petite Elfe aime profiter du bassin dans lequel elle n'a pas pied et dans lequel rapidement elle évolue sans brassards, seulement munie d'une frite.
Elle est la plus jeune du groupe, elle devient rapidement la coqueluche des MNS par son enthousiasme à la "nage". Lorsque nous arrivons à la piscine, nous sommes accueillis d'un "bonjour, la famille poisson!".
Que du bonheur, que je suis heureuse de partager avec ma fille. J'aime l'eau, nous avons cela en commun et ces séances sont un délice. Une fois par semaine, c'est même trop peu!

Lorsque la fin de l'année arrive, il faut faire vite, les places pour l'année suivante étant rares. J'inscris donc in extremis Petite Elfe, et ce pour les trois trimestres, tant qu'à faire.
Les deux mois d'été passent vite, nous nous rendons régulièrement à la piscine avec un enthousiasme intact.

Arrive septembre. 

Le MNS qui encadre cette activité a changé, c'est désormais une jeune femme qui est aux commandes. 
Première séance, à peine sommes nous entrées dans l'eau qu'elle s'adresse à Petite Elfe, 3 ans à peine, et lui demande de retirer ses brassards pour aller au fond du bassin chercher des objets. Et se heurte à un refus. 
Ma fille a trois ans, on reprend tout juste l'activité (ce pourrait d'ailleurs être la première fois, la demoiselle n'en sait rien après tout) et elle ne souhaite pas aller au fond de l'eau sans "bouée" de secours. Rien d'anormal à mon sens. La séance dure 45 minutes, la MNS vient plusieurs fois relancer Petite Elfe sur des trucs qu'elle a envie ELLE de voir ma fille faire. Résultat des courses, ma fille ne fait rien, refuse tout en bloc. Ajoutons à cela les réflexions de type "ben XXX lui au moins il le fait!" qui ne mènent à rien et qui montrent à quel point cette demoiselle maîtrise la psychologie enfantine (ou pas enfantine d'ailleurs...Ce n'est pas parce que mon voisin lui au moins brûle ses déchets lorsque mon linge est étendu que ça va me donner envie de faire la même chose. Ce n'est pas non plus parce qu'une amie elle au moins vote pour tel parti que je vais moi aussi subitement en avoir envie. Oui, vous l'avez compris, je déteste cet argument que je trouve inapproprié au possible et même carrément stupide)

Cette première séance fut le début de sympathiques réflexions adressées à ma fille : "de toute façon TU ne veux jamais rien faire", "TU ne veux même pas parler", "bon Petite Elfe pas la peine de demander puisque tu feras rien". On se heurte au mépris de la MNS qui n'a rien compris à ma fille. Quand à moi je l'encourage à faire ce qui lui plaît, à garder le goût de l'eau. Et je ne la pousse pas à apprendre à nager comme le souhaite la MNS, ce que j'ai rapidement compris en la voyant au fil des séances se tourner vers les plus âgés et commencer à leur enseigner les mouvements de brasse-je me suis trompée d'activité ou bien?! 
Les moments merveilleux de l'an passé sont désormais bien loin et les 45 minutes de piscine hebdomadaires prennent un goût tout autre.
Nous avons participé à moins de 8 séances. Jusqu'au jour où mon enfant en pleurs m'a suppliée de ne plus l'emmener à la piscine. Je me revois aujourd'hui dans ce vestiaire, serrant contre moi ma toute petite grelottant tant de froid que sous l'effet de ses larmes. "Je veux plus que tu m'emmènes maman je veux plus jamais venir à la piscine". 
J'ai tenté de l'y envoyer avec son papa, devinant que la MNS n'aurait pas le même comportement face à lui. Petite Elfe y est allée, elle a passé 45 minutes dans la pataugeoire et la MNS ne leur a même pas adressé la parole. Fin des séances pour nous.

En définitive j'ai payé (oui parce qu'il fallait payer à l'avance, donc l'an passé). J'ai payé 135 euros pour dégoûter mon enfant de l'eau. Payé pour qu'une jeune femme qui voulait apprendre à nager à ses "élèves" de moins de 5 ans et en faire des génies de la natation détruise l'amour de l'eau de mon enfant. 
J'ai payé pour casser une confiance que je ne sais pas si je saurais un jour réparer. 
J'ai payé pour que cette femme qui ne comprend rien aux enfants puisse continuer à travailler avec eux.
J'ai payé pour que Petite Elfe refuse de retourner dans cette piscine avec moi
J'ai payé et, des mois plus tard sans y avoir remis les pieds, je suis encore envahie de colère.
 
Je suis tellement en colère que j'envisage de réecrire ce billet et de l'envoyer à la Communauté de Communes qui gère la piscine.
L'été arrive, Petite Plume a 6 mois, elle adore l'eau et je ne sais même pas si on arrivera à se rendre à la piscine. 
J'ai envie de pleurer.


lundi 23 juin 2014

La Naissance

Je suis déjà venue ici-ou plutôt mes chaussettes-vous raconter la venue au monde de Petite Plume.
J'avais voulu que ce texte fasse sourire (surtout moi), j’avais envie de sourire de cette naissance comme on étale doucement du baume sur son cœur.

Je crois qu'aujourd'hui je peux. L'écrire, le dire, sans regrets ni amertume. Remplir la page pour la tourner.

Tout d'abord, vous devez savoir. Cette Petite Plume, je l'aime. Elle a au creux de mon cœur cette place immense qu'a tout autant sa grande sœur.Dès les premières heures je l'ai aimée et mes doutes se sont envolés.  Mais jamais rien n'effacera ce qui a été... c'est pourquoi je le dis, au nom de ce qui sera. Pour avancer, parce que je sens bien que si certaines choses aujourd'hui coincent c'est que cette partie-là n'est pas complètement réglée.

Toute à notre Bonheur, je n'ai pas hésité. Deux barres sur un morceau de plastique et déjà cette folle envie d'agrandir ma maternité. Toute à l'amour que je respirais, j'ai préféré ne pas voir ce qui déjà parfois enrayait la machine de cette vie à deux si neuve et pas tout à fait réelle. C'était si beau d'aimer qu'un enfant, surprise qui plus est, ne pouvait qu'illuminer un peu plus ce bonheur si...parfait.

Les premiers mois sont difficiles, je suis terriblement malade mais j'essaie fort de ne pas me rappeler ce que m'avait dit cette sage-femme lors de mon précédent accouchement. Ça ne peut pas être un signe que notre couple va mal. Certes, on ne se touche plus. Certes, j'ai plus envie de le fuir que de le suivre. Mais tout ça, ce sont les hormones, ça va passer, ça sera encore mieux, encore plus beau.

J'ai du mal à m'installer dans cette nouvelle vie à deux, alors que jamais ça ne m'était arrivé. C'est sans doute parce que c'est trop, son arrivée, puis ce bébé qui se loge en moi, la solitude souvent avec Petite Elfe, les nausées, la fatigue extrême. Doucement, tout commence à m'énerver. Son inaction, tout comme ses actes. Sa façon de faire, sa façon de vivre. Le partage des tâches quotidiennes. Son rythme de vie radicalement opposé au mien. Tout. Et cette fatigue, lancinante, qui me submerge...

Il y a des hauts bien sûr. Et puis des bas, souvent. Il y a la déception qui nous est renvoyée-que je n'attendais pas-à l'annonce de cette grossesse. Il y a l'homme que j'aime qui une nuit ne me rejoint pas dans son lit. Il y a ce matin où je crois que tout est terminé, où je commence à remplir mes valises et à déjà imaginer ce que sera le futur, seule avec cette grossesse, puis seule avec mes enfants. Peu importe, je sais que j'aurai la force, je n'ai pas peur. Je suis juste déçue.

Je crois qu'au fond c'est ce jour-là que tout s'est cassé. J'ai tout bien recollé les morceaux et j'ai mis ça sur le compte des hormones. Et puis...c'est devenu pire.

De tout m'énerve est arrivé le tout m'exaspère. Du tout m'exaspère a découlé le je ne l'aime plus. De la fatigue, de ma déception et de ma colère envers moi-même est né le dégoût. De cette vie nouvelle que déjà je déteste. De cet homme qui vit à mes côtés et sur qui je n'arrive même plus à poser mes yeux.

Mais j'imagine que les hormones n'y sont pas étrangères. J'attends, j'espère, je veux espérer plutôt. Un jour j'enfouis ma tête dans le sable, le lendemain je prends rendez-vous chez une psy. Mais le duo ne se reforme pas, c'est plutôt un duel qui se joue là et cette femme au milieu qui joue les arbitres.
Mais personne ne gagne, tout le monde perd. L'amour est mort, je le sais bien et je le fuis, de tout mon être.

Je ne suis que colère, c'est elle qui me maintient en vie. Elle et ma fille, dont les sourires chaque jour me rappellent que je n'ai pas vraiment envie de mourir. Peu importe si je me suis trompée. Peu importe ce que diront les gens. Peu importe si cela m'amène à faire place nette autour de moi. Peu importe et merde, aussi. J'ai mal et j'ai envie de tout envoyer valser. Lui le premier.

Je commence à me sentir mal dans cette maison que j'adore. Mon refuge, ma bulle envahie par cet homme devenu étranger et que toutes mes cellules rejettent. Alors je pars, je pars retrouver le cocon familial. Déposer les armes chez ma mère, réapprendre à vivre sans armure du matin au soir et l'épée au côté.

C'est à ce moment-là que la fatigue m'engloutit. Jusqu'ici j'ai tenu, résisté, et puis le flot des émotions a tout emporté. Je marche un peu, chaque jour, pour déclencher la naissance, pour rencontrer enfin cet enfant que je ne veux pas connaître. Je l'aime déjà bien sûr et en même temps... si elle n'était pas là, son père non plus ne serait pas à la maison. Si elle n'était pas là, je ne me serai pas engluée dans cette situation désespérée.

Je ne sais plus ce que je veux. L'élever seule, ne pas l'élever. Je ne sais même pas si je vais l'aimer autant que Petite Elfe tant cela me semble impossible. Je ne sais même pas si je vais l'aimer tout court d'ailleurs.

Évidemment, le moment arrive.

Je me souviens de cet accouchement si parfait pour Petite Elfe. La douleur largement supportable, le plus beau moment de ma vie.
J'avais juste oublié que les circonstances étaient différentes.
Cette fois-ci j'ai souhaité que le père soit ailleurs qu'à mes côtés, je pense franchement que j'aurais été capable de l'étrangler et pour le moins incapable de partager mon intimité avec celui que je considère désormais comme un étranger.
J'accouche avec ma mère pour me tenir la main, sans me juger, juste être là et partager.

Je ne sais pas si elle a eu si peur que moi. Ce jour-là j'ai cru que j'allais mourir. Ne n'exagère pas, je dois juste maintenant dire les choses, justement, comme elles sont. Le dire parce que je sens que cette ombre plane encore sur nous, que si Petite Plume a des difficultés avec le sommeil c'est lié à ce qui s'est passé, à notre histoire. Je veux passer à la suite du roman. Remplir la page pour la tourner.

J'ai cru mourir. Je n'ai même pas envisagé la péridurale, mon besoin de le vivre et-sans doute- de me punir aussi étant bien plus intense.
J'ai cru mourir de ce travail qui a duré trois heures et m'a paru trois jours.
J'ai cru mourir de ce bébé qui ne sortait pas tandis que je hurlais.
J'ai cru mourir lorsque j'ai croisé mon propre regard dans le miroir.
J'ai cru mourir en voyant cette femme blanche comme la mort et que l'espace d'un instant je n'ai pas reconnu.
J'ai cru mourir d'une souffrance que plus jamais je ne veux revivre.
J'ai cru mourir de cet instant qui marquait à tout jamais le lien inéluctable entre son père et moi. 

C'était dur de mettre Petite Plume au monde. C'était dur parce que c'était la suite logique de notre histoire, de cette grossesse terrible. C'était la mort de ces sentiments ambivalents et mauvais qui m'emplissaient toute entière.
C'était dur parce que ça signifiait qu'à jamais j'allais être sa mère en même temps que cet homme que j'en étais venu à détester serait son père. C'était dur parce qu'il allait falloir composer avec mes choix jusqu'à la fin de ma vie.
C'était dur, parce qu'à l'instant même où ses yeux s'ouvraient sur le monde, tout ce que j'avais imaginé était à présent mort.

Une mort pour une naissance.
La naissance.

lundi 16 juin 2014

Le tournant

Je ne crois pas que j'aurais voulu que ma vie ressemble à un chemin large et droit, sans embûche. Je crois qu'à tout prendre je préfère ressembler à un petit chemin tortueux qui serpente au creux de la campagne qu'à une autoroute.

Moi qui ne supporte pas le tumulte de la ville, qui n'aime pas le bruit des voitures, qui préfère respirer les âpres odeurs de la campagne que celles des pots d'échappement.

 Je préfère sentir mon souffle mourir, chercher l'air dont j'ai besoin de me nourrir, haletant de sentir mes pieds s’écorcher sur les pierres du chemin. Je préfère ne pas voir ce qui se cache au tournant en imaginant y découvrir des senteurs plus belles encore. Je préfère me tromper, encore une fois, ma chance reviendra d'une façon ou d'une autre ; le monde peut s'effondrer mais toujours le printemps revient. Je préfère prendre le temps plutôt que croire l'avoir perdu.

Depuis quelques semaines, je sens que le vent change. Il murmure à mon oreille des choses dont j'ai encore de la peine à saisir le sens mais chaque jour il me semble que la clé n'est pas loin, qu'il suffit de prendre le temps de tendre l'oreille, un peu plus...
Depuis quelques semaines, il me semble qu’imperceptiblement plus souvent le soleil perce la cime des arbres pour venir éclairer le chemin.

C'est étrange cette sensation d'être arrivée comme au tournant de ma vie. C'est comme se tenir là, debout dans la clairière et sentir qu'il va falloir avancer. Mais le chemin n'est pas encore dévoilé et je n'ai pas envie, je n'ai plus envie d'emprunter la noirceur. J'ai envie de choisir un chemin de soleil. Un chemin de chaleur, un chemin sur lequel des bras doux comme des nuages m'entourent et protègent mes secrets.

C'est sans doute aussi le moment de doucement déposer à terre mon costume de "juste maman" et de glisser timidement dans celui de la femme qui était et qui sera. Le moment de cueillir les fleurs de ma féminité qui poussent juste sous mes pieds au lieu de les fouler douloureusement.

C'est peut-être le moment de réapprendre à faire de ma maternité une force pour vivre ma vie de femme. Le moment de retrouver mon sourire caché derrière mes pitreries, le moment de rouvrir mes grands yeux baissés sur mes deux filles.

C'est peut être le moment d'avoir envie d'à nouveau frissonner, m’exalter, de rougir jusqu'au bout des oreilles et d'ouvrir mon cœur plus grand.

C'est peut être ça, le tournant...
Le moment de laisser refleurir la passion de vivre.

jeudi 12 juin 2014

Ce n'était presque rien

Ce n'était rien qu'un peu d'eau.
Rien qu'une vague qui allait et venait sur mon rivage.
Ce n'était qu'une journée du mois de juin.
Ce n'était qu'une main ouverte sur la tienne.
Ce n'étaient que des petits doigts cherchant ma peau
Ce n'était que ton cœur, là tout contre le mien. 
Ce n'étaient que tes yeux immenses ouverts sur le monde.
Ce n'était que ta bouche pressée contre mon sein 
Ce n'était qu'un moment complice avec ton père.
Ce n'étaient que cinq lettres toutes emplies du monde des elfes et huit autres qui la rattachaient aux fées.

C'était il y a quatre ans tout juste. Quatre ans d'une folle aventure. Quatre ans de complicité, quatre ans d'amour fol.
Quatre ans de rires interminables. Quatre ans de pleurs aussi, de disputes aussi brèves et fortes qu'un orage estival.
Quatre ans de nos deux caractères l'un tout contre l'autre, qui s'apprivoisent quelquefois un peu fort.
Quatre ans à retrouver en elle un peu de mon enfance, comme pour mieux la revivre, comme pour panser les blessures qui la retiennent.
Quatre ans à laisser le monde doucement l'entourer.
Quatre ans à me dire que j'ai de la chance d'avoir été choisie, et que j'espère en être digne.
Quatre ans à voir sortir de moi le meilleur et le pire, pour toujours trouver meilleur ensuite.
Quatre ans à constater que la maternité nous change plus profondément que n'importe quoi d'autre. Quatre ans à me rapprocher de mes amis devenus parents et quatre ans à en perdre d'autres sur le chemin, pas tous heureusement.

Et des quatre ans comme ça... un millier ne suffiraient pas à étancher la soif d'amour que cette source a créée.

Ce n'était presque rien, de ces presque riens qui changent une vie. C'était comme le battement d'aile d'une libellule un soir d'été qui devient une tornade de vie dans le jardin de mes rêves.
Ce n'était rien qu'elle ma fille, ma première née, le sang de mon arbre qui se fond pour lui donner racine. Rien qu'elle devenue toute une énorme partie de moi.
Ce n'était rien qu'un tout petit bébé qui m'a changée en mère.

Ce n'était presque rien et c'était tout. C'était toi. C'était le début de nous. 
C'était la première pierre du chemin de ta vie. 
C'était la première lueur du soleil de la mienne.






vendredi 6 juin 2014

De l'impatience

Je suis une femme impatiente. Pas avec mes enfants (quoique...mes heures de sommeil se réduisant de plus en plus comme peau de chagrin depuis des mois je devienne beaucoup, beaucoup moins patiente avec Petite Elfe, à mon grand désespoir), non. Je suis impatiente de vivre.

Du plus loin qu'il m'en souvienne, j'ai toujours aimé le tourbillon de ma vie. Toujours détesté stagner, avoir le sentiment que rien n'avance et que je reste là, à regarder ma vie qui passe en attendant de pouvoir monter dans un wagon.

Je suis impatiente de vivre et ça m'a joué des tours...trop souvent.
Impatiente je fus de quitter le nid familial, impatiente je fus d'aimer, toujours, encore...
Quitter mes parents m'a plutôt réussi, le reste pas vraiment.

Il ya eu ces hommes qui ont traversé ma vie, s'y posant pour quelques jours ou un peu plus.
J'ai eu envie d'y croire, j'ai été impatiente d'aimer, impatiente de vivre à deux, impatiente de me marier, impatiente d'avoir un enfant, impatiente qu'elle grandisse, impatiente de laisser mon mal-être derrière moi, impatiente de divorcer, impatiente d'aimer, impatiente que mon ex-mari quitte enfin la maison, impatiente de vivre avec un nouvel homme.

Impatiente, toujours.
Puis Petite Plume est arrivée, j'ai été si impatiente qu'elle grandisse que je n'ai pas vu filer ces 5 mois et demi avec elle. Elle qui commence à gazouiller, qui me tend les bras quand elle m'aperçoit. Elle qui rit aux éclats de mes âneries. Elle qui aime mes câlins. Je me réveille certains matins en me demandant comment le temps a pu passer si vite sans que je ne le vois filer entre mes doigts.

J'ai été si impatiente d'aimer quand, tentant de sortir la tête de l'eau j'ai rencontré son père. Si impatiente de connaître celui dont les lettres avaient touché mon coeur. Je l'aimais sûrement déjà alors que même mes yeux n'avaient jamais croisé les siens. J'ai été impatiente de ces week end d'escapade à deux, impatiente de retrouver la cohésion des corps.

J'ai été impatiente d'avoir une enfant avec celui que je voyais comme l'homme de ma vie. Ma vie du moment, sans doute, oui...
Finalement, sans qu'on ne le veuille, Petite Plume a pris ses quartiers en moi. J'ai été impatiente de lui trouver un prénom, impatiente de la sentir bouger, impatiente de la rencontrer. Impatiente de voir si l'Amour serait là, au premier regard.

J'ai été si impatiente que ma vie tourbillonne, remplie par les rires de mes enfants.  Impatiente de les voir s'apprendre, de voir se construire sous leur doigts cet amour fraternel.

J'ai été si impatiente de les aimer, si impatiente d'avoir ma famille.

J'ai été si impatiente que je l'ai trop été. C'est comme si je n'avais pas su apprendre de tous ces cailloux sur lesquels ma vie avait déjà trébuché. Comme si chaque matin je me levais innocente comme l'agneau qui vient au monde et que je découvrais mon monde. J'ai été si impatiente que j'en ai été stupide.

Stupide de croire qu'un homme à ce point différent de moi pourrait me convenir. Stupide d'imaginer un seul instant qu'une personne qui aspire à une vie calme et rassurante de ses habitudes puisse avoir une place auprès de moi toujours en mouvement comme l'eau d'un torrent qui emporte tout sur son passage.

Stupide d'imaginer une seconde que je puisse me passer des surprises de la vie. Que je puisse m'enfermer dans une cage. Que je puisse faire taire ce qui crie en moi cette impatience de Vivre.

J'ai été si impatiente de vivre que je ne regrette rien. J'ai deux filles magnifiques que j'aime plus que la Vie elle-même. Deux filles qui portent si bien leurs prénoms si différents, comme deux facettes de moi. Deux filles heureuses j'espère et dont je suis si fière.

J'ai deux filles à protéger désormais. Je n'ai plus envie de courir les yeux fermés, plus envie de me tromper.
Je n'ai plus le droit d'être impatiente, de refaire les mêmes erreurs.

Je suis une femme, une mère. J'ai 29 ans et deux enfants. De deux pères différents. Séparée des deux pères. Ca ne me rend pas fière. Ca ne me rend pas idiote ni courageuse. Ca me met face à mes responsabilités. Face à cette impatience de toujours. face au futur qui s'approche inéluctablement. Face à un homme peut-être qui un jour mettra ses pas dans les miens. A qui mes enfants ne feront pas peur. Qui pourra prendre mon impatience à bout de bras et d'un sourire me faire comprendre que je n'ai plus besoin de courir, de chercher, que ça y est, il est là. Ou au contraire qui prendra mes doigts dans les siens et courra avec moi, avec nous. A jamais et surtout pour toujours.
Peut-être, mais pas aujourd'hui. Pas demain. Pas maintenant.

Il est venu le temps des cathédraaaaaaaaaaaaales de la patience. Le temps de montrer à ma vie que ce dont je suis capable avec mes enfants je le peux aussi pour moi même. Il est venu le temps de prendre conscience que si je peux rester de longues minutes à regarder la pluie, à sentir la caresse du vent sur mon visage je peux aussi prendre le temps de vivre. Le temps d'aimer un Autre viendra un jour, lorsque je serai capable de m'aimer moi. Avec tous les défauts qui me composent. En attendant j'ai le coeur tout juste assez grand pour aimer la Vie et mes enfants.
Commençons par ici. La Vie est là, devant.