vendredi 18 avril 2014

Ecrire

Hier j'écrivais un billet sur les nouveaux bonheurs qui s'offrent à moi depuis que je suis mère, et après en avoir parlé avec une amie, une autre réflexion m'est venue. A propos de ce que j'écris et de ce que ça laisse entrevoir de ma vie.

Il est vrai que je prends souvent le clavier pour vous dépeindre mes beaux moments. La douceur de vivre qui fait que j'arrive peu  peu à avancer. Plus ou moins.
C'est important pour moi d'écrire ce qui est beau pour mieux ancrer le positif dans mon esprit, pour me rappeler, aujourd'hui, demain ou dans un an, que ma vie est belle, toute tordue qu'elle soit parfois, et que je l'aime.

Mais il ne faudrait pas penser que je suis une maman merveilleuse, que tout est rose et que ma vie se déroule telle une envolée de licornes dans un ciel pailleté.
Bien sûr qu'il y a -souvent- des soirs longs, si longs. Que parfois, durant quelques minutes, je sens le découragement m'envahir. Je lui interdis juste de prendre ses quartiers chez moi, je n'ai pas la place pour lui.
Bien sûr que les nuits sont hachées (menu), toujours. Que je n'ai pas dormi une nuit entière depuis des mois, que mon dos me fait souffrir plus que de raison et que mes cernes me défigurent. Bien sûr que je me trouve moche, que j'atteins chaque jour un peu plus ce que je pense être les limites de ma fatigue. Et puis non finalement. J'avance, je survis. C'est difficile les premières minutes, j'ai mal, je voudrais tellement m'exiler sous ma couette pour mille années au moins et dormir... Mais ça serait manquer quelques sourires, une occasion de déjeuner ensemble. Et je vois bien que le temps file, si vite...

J'ai envie de profiter de chaque instant, de ne jamais me réveiller plus tard avec au cœur des regrets.
Je suis une femme exigeante, très. Avec les autres oui mais avant tout avec moi même. Je ne peux pas me faire à l'idée qu'un jour je puisse m'en vouloir alors je fais tout pour ne pas atteindre ce point là.

Alors oui, bien sûr, parfois c'est dur. Souvent, même, depuis la naissance de Petite plume. Mon corps souffre et ça me pèse. Mais tant pis. Ce n'est pas ce que je veux retenir. Quand j'y repenserai, dans un mois, dans un an.
Elle aura 4 mois très bientôt et déjà c'est comme l'éternité à ses côtés qui s'est déroulée.

Alors j'écris, j'écris pour retenir les beaux moments au creux de moi. Les longues balades sous le soleil et la brise printanière, pour oublier les après-midi pluvieux à tourner en rond avec deux enfants énervées à la maison. J'écris les gâteaux au chocolat recouverts de bonbons pour oublier les kilos de pâtes ingurgités depuis quelques mois. J'écris les câlins à deux ou trois, mon cœur qui se gonfle à en éclater de joie. Et je n'écris pas les longues soirées de pleurs qui s'éternisent. Je n'écris pas ma fille qui ne sait toujours pas s'endormir sans mon petit doigt. Un jour elle le lâchera alors peu importe.

J'écris pour ne pas oublier de vivre ma vie comme je la veux et non pas comme je la subis. J'écris pour qu'un jour lointain, quand elles me liront, elles sachent que chaque minute à leurs côtés me fut précieuse.  Que ce ne m'a jamais réellement coûté de mettre des parenthèses à certains aspects de ma vie pour les élever dans ce que je pensais important.

Bien sûr que parfois j'ai envie d'un bon gros carré de chocolat au lait et au sel de Guérande, mais je n'allaiterai pas Petite Plume toute ma vie et tant pis le chocolat attendra puisque le lait lui fait si mal au ventre. Bien sûr que danser me manque à en crever, que je suis incapable de regarder des gens qui dansent sans qu'une larme me monte aux yeux, sans que mon cœur se serre à la pensée que moi je ne danse plus. Un jour ça reviendra et ce jour-là ce sera encore plus beau qu'avant.

Bien sûr que parfois je perds patience, que je crie, toujours un peu trop encore. Que mon caractère impulsif prend encore le dessus.  Bien sûr que chaque fois, juste après, je me déteste.
Alors j'écris. J'écris pour moi, pour ne pas oublier que jamais je ne lève la main sur mon enfant. Que même si je suis une grosse brute je respecte mes enfants. J'écris pour me souvenir que ces quelques années de ma vie à prendre sur moi bâtissent les dizaines d'années de leurs futurs à elles et à leurs enfants. J'écris pour me rappeler que d'autres solutions existent. J'écris pour que plus tard elles sachent que toujours ça ne va pas de soi mais que l'Amour est un moteur plus puissant que n'importe qu'elle autre énergie renouvelable.



Bien sûr qu'une sourde angoisse m'étreint parfois quand je songe à tous ces aspects de ma vie que je n'ai pas réussi. Je suis fière de certains de mes choix, je me trouve assez naze en concernant certains autres. J'écris pour me permettre de faire le tri de ce que je veux garder. Sans doute pas les regrets.

J'écris pour me rappeler qu'écrire dans cet espace m'a ouvert un champ des possibles insoupçonnable. Que je me nourris de vos rencontres, de vos idées, de ces pistes glanées ici ou là.

Je ne suis pas une mère qui aurait la prétention de se croire parfaite. Je pense que chaque mère a en elle la capacité d'être la mère parfaite pour ses enfants, il suffit de ne pas oublier chaque matin d'enfiler sa confiance en sautant hors du lit.  Je pense que nos enfants nous ont choisi, bien avant d'arriver, lorsqu'ils étaient là haut dans les étoiles comme je dis à Petite Elfe. En connaissance de cause. Pour grandir et pour nous faire grandir. Le cercle de la vie, un éternel recommencement.

Je voudrais vous dire, à toutes les mères, qu'on a reçu le plus beau des cadeaux. Que chaque matin se renouvelle la possibilité de rendre la vie plus belle. Qu'on a le choix de la saisir ou non. Qu'il y a des matins plus pénibles que d'autres, des jours où on a le droit de s'accorder la vivacité d'une limace. Qu'on peut parfois enchaîner 2 DVD parce que ce jour là ben non impossible de faire autrement. Nous sommes humaines, toutes (oui même moi "Maman Elfe").
Notre vie a de beaux aspects, toujours, quelle que soit notre journée.
Je sais aussi que parmi mes lecteurs il y en a dont les enfants sont loin. L'épreuve est difficile, je n'ai même pas idée à quel point ça peut l'être. Je pense aussi à vous. Ne pas perdre l'espoir, chaque épreuve de la vie nous renforce et un jour les choses prendront leur sens.

On peut choisir, toujours. Voir les mauvaises petites choses cumulées qui font que la journée a été juste pourrie ou voir le rayon de soleil qui a brillé certes une seule minute mais qui en cet instant a réchauffé notre cœur. Tout est une question de point de vue...

Je ne vous raconte pas que ma vie est merveilleuse, loin de là . Il y a beaucoup trop de choses qui cafouillent, beaucoup d'angoisses tapies en moi. Des regrets, de la colère. De la tristesse.

Mais il y a aussi une tonne d'espoir. Et cet espoir, c'est lui qui vous écrit....



jeudi 17 avril 2014

Avant, je ne savais pas...

Avant, j'étais une femme encore plus active que maintenant (si, en vrai c'est possible).
Je sortais peu mais de fait j'adorais ça...la rareté de ces moments les rendaient plus précieux encore.

J'aimais aller à des concerts, chanter à tue tête ou rester muette d'émotion, sentir mon corps battre au rythme de la musique de longues minutes encore après être rentrée à la maison. Un jour prochain je recommencerai, quand le temps sera venu.

Je voyageais, j'ai toujours aimé ça. Survoler les nuages pour partir à la rencontre d'inconnus qui n'attendent que d'ouvrir leur cœur au vôtre et agrandir votre famille. Laisser à chaque endroit traversé un petit bout de mon cœur comme pour marquer les endroits dans lesquels un jour je reviendrais volontiers. J'ai cueilli des pierres de lune sur la sable d'une plage ensoleillée, j'ai marché sur les pas des Amérindiens et j'ai nagé dans l'eau couleur turquoise. J'ai aimé chaque instant de ces aventures. Un jour, c'est sûr, je recommencerai. Pour transmettre à mes enfants le bonheur de ces doux partages, l'envie d'être curieuses et le respect de l'Autre.

Avant j'allais où bon me semblait quand l'envie me prenait. Je pouvais faire des heures de route en une journée, des kilomètres improbables en un week-end, pour changer d'air, voir des amis ou découvrir de nouveaux paysages. Il est vrai qu'aujourd'hui tout a un peu changé...les filles aiment les transports autant que moi enfant (c'est dire!) et je limite mes déplacements au minimum qui nous est vital. Ce qui inclut par ci par là une virée à Paris en train car voir certains de ses amis...c'EST vital.

Avant je pouvais passer des journées entières au jardin, couchée dans l'herbe, tournant sous la pluie ou jardinant pieds nus dans la terre. Maintenant il est vrai que je peine à trouver dix minutes pour semer des capucines.

Avant j'adorais marcher dans les chemins, m'égarant sur les bords d'un ruisseau, marchant encore un peu plus, juste plus loin, pour voir, pour continuer, pour ne pas rentrer encore, juste un peu...  Maintenant je marche dans les chemins une petite main dans la mienne, un petit corps contre le mien lové dans une écharpe et j'aime encore plus observer les papillons, raconter la naissance des fruits et cueillir des bouquets colorés en sentant mon cœur se réchauffer des rires de mon enfant. C'est un peu moins long, c'est différent. C'est mieux.



Avant je ne comprenais pas qu'un beau jour tout changerait, que subitement ça serait comme si je découvrais un nouvel horizon.

Avant je ne savais pas que la naissance d'un seul être pouvait changer le monde, mon monde. Que chaque battement d'un autre cœur pouvait sonner plus fort que n'importe lequel des miens.

Avant je ne savais pas que la plus belle des destinations était là, tout près, dans leurs yeux qui s'émerveillent.


Avant je ne savais pas encore à quel point j'aimais aimer, j'aimais la vie qui se cache en toute chose.
Je ne savais pas encore que j'étais quelqu'un d'optimiste.

Avant je pensais qu'un jour je serais une mère un peu stressée, et je ne savais pas à quel point je me trompais.

Avant je ne savais pas quel plaisir je prendrais à transmettre ce que je savais du cycle de la vie, les valeurs transmises par mes parents et dont je n'avais même pas conscience. Je ne savais pas non plus combien j'aimais l'endroit où j'étais née. Combien cet amour il était important de le transmettre, comme une fenêtre vers le futur, comme le chemin qui était et qui sera.


Avant je ne savais pas qu'un jour mes enfants porteraient des couches lavables, que je prendrai à ma manière soin de notre planète parce que ça sonne en moi comme une urgence pour nos enfants. Je ne savais pas que je serai bien plus touchée par l'écologie que ce qu'on m'en avait transmis.

Avant j'étais une autre, j'ai en partie élevée un petite fille qui n'était pas mienne, j'ai fait des erreurs et si tout était à refaire je ferais tellement différemment. J'ai été si autoritaire parfois... Je ne pourrai jamais revenir en arrière alors parfois je passe un coup de fil et pour quelques jours, cette petite fille devenue si grande, je la prends chez moi et je la serre un peu contre mon cœur. J'ai la chance d'avoir un ex-mari qui a confiance en moi suffisamment pour me confier cette enfant qui est la sienne et pas la mienne. Avant, je ne pensais pas une minute qu'une séparation puisse être aussi sereine. Avant je ne savais pas qu'on arriverait si bien à s'entendre. Que le temps apaiserait les maux/mots et que je me souviendrais alors pourquoi on s'est aimés.

Avant, je n'avais pas imaginé une seule seconde qu'un jour moi que mes amies surnommaient Arwen -en rapport à mon addiction à Tolkien- je donnerai ce prénom à mon premier enfant. J'imaginais encore moins à quel point mon cœur pouvait se gonfler et s'emplir de fierté lorsque cette même enfant et moi, lovées dans un canapé, nous partagerions les images des merveilleux films qu'en a fait Peter Jackson. Avant je ne savais pas combien ce prénom si particulier lui irait si bien.

Avant, je ne savais pas que la vie pouvait être si compliquée tout en étant si simple. Je ne savais pas que je deviendrai une femme pas vraiment comme je le pensais. Je ne savais pas que je trouverais le courage de faire ce qui a été et ce qui sera. Je ne savais pas à quel point l'opinion des autres importerait si peu pour moi.Je ne savais pas non plus le soutien que je recevrais d'une partie de ma famille. A quel point l'amour de ma mère illuminerait ma vie.

Avant, je ne savais pas que chaque lever de soleil m'en apprendrait un peu plus sur moi même et que mon cœur, chaque lune, s'ouvrirait un peu plus beau, un peu plus grand.

Avant Elles, je ne savais rien (j'étais un peu telle Jon Snow quoi...)


vendredi 4 avril 2014

Toi...

J'aurais des milliards de choses à dire sur toi et je ne sais pas trop comment m'y prendre...

T'aurais pu penser que j'étais bien jeune pour être ton amie et pourtant tu m'as ouvert la porte de ton amitié et fait une place au cœur de toi.

T'aurais pu me laisser tomber lorsqu'on s'est retrouvés coincés à habiter dans un appart minuscule bloqués dans la neige, et pourtant chaque matin et chaque soir tu faisais ce long trajet à pied pour que je ne sois pas seule les nuits.

T'as toujours été là pour parler de rien et puis de tout. Pour partager tout ce qu'on a en commun et apprendre tout ce qu'on n'a pas encore.

Tu n'as jamais jugé aucun de mes choix, même les plus mauvais que j'ai su inventer (et que j'invente encore...), tu as juste toujours été là pour accompagner mes chutes et rendre l'atterrissage moins douloureux.

T'as les oreilles tellement grandes que tu dois être un elfe, et tu m'as tant écoutée ces onze dernières années que tu mériterais une médaille du courage.

T'as déployé des trésors d'imagination quand je me suis mariée, t'as tellement joué le jeu...

T'as toujours avec toi mille raisons de faire des choses passionnantes ensemble, pour les filles et pour moi.

Tu plies comme personne et tu aimes encore plus que nous attraper des bestioles et courir la campagne.

Tu aimes passer du temps avec nous - et nous avec toi.

T'aimes toujours ce que je te cuisine.

Tu n'oublies jamais ton sourire, et c'est comme un soleil qui brille dans ma maison.

Je sais que tu détestes qu'on te souhaite ton anniversaire, mais je ne l'oublie jamais et je sais maintenant qu'au fond tu adores ça.

Tu as répondu plusieurs fois à mes appels à venir partager du temps dans ma classe avec les gnomes et leurs questions.

Même quand j'ai eu cet accident, le seul de ma vie, tu étais juste derrière moi et je ne me suis pas inquiétée.

T'as un humour comme le mien, et ça, ce n'est pas rien.

T'es une belle personne, et je suis fière d'être ton amie. Je t'aime fort, tu le sais bien..

T'aurais pu être mon père, un amant ou un grand frère.
T'es mon meilleur ami, et bien plus encore...
Merci, vraiment.