vendredi 3 août 2012

M'accepter

Voilà LE grand débat de ma vie. Pas que je sois laide, non. Je ne suis pas en surpoids non plus. Plutôt "banale", en somme. Ca, c'est la réalité. Ce que les gens voient.

Et il y a ce qui se passe en moi... ce corps que je n'ai (presque) jamais su accepter. Je me suis toujours vue énorme, avec des proportions complètement à l'opposé de ce que je trouve harmonieux. Je sais que ce que je dis est choquant, j'ai des amies qui souffrent de leur poids et je me sens moche de dire cela. Finalement ce n'est pas le tour de taille qui fait que l'on s'accepte, que l'on est belle - ou pas. C'est plutôt au niveau du cerveau que ça se situe. J'ai la cervelle quelque peu déglinguée (Mais ça, c'est pas nouveau...)

L'année de mes 17 ans, j'ai tellement focalisé là-dessus que j'ai cessé de manger. J'avais mal au ventre, des nausées à répétition et la tête qui tournait comme une toupie mais je me sentais maigrir et j'adorais cette idée. Ca a duré quelques semaines, le temps que ma mère se rende compte, et me suive pas à pas pour me forcer à remanger. J'ai voulu jouer, j'ai frôlé l'anorexie et je me suis fait cette promesse de ne pas recommencer. J'ai en tête le souvenir de mes premiers repas forcés. J'ai cru que j'allais mourir tellement j'avais mal, envie de vomir...

La vie a continué, moi me trouvant toujours "grosse" et ne l'étant pas. C'est là que c'est vicieux. Je SAIS que j'ai une vision erronée de moi, mais rien à faire. Je ne sais pas changer cette image que me renvoie le miroir de mes peurs. J'ajoute à cela quelques remarques anodines pour ceux qui les ont prononcées et dévastatrices pour moi... et je ne suis pas au bout de galérer!

Les années passent, je rencontre celui qui deviendra mon mari, puis le père de ma fille. Mon corps n'a pas changé mais je m'y suis faite. Installée dans une relation, ça me paraît moins grave, je me sens acceptée et je mets ça de côté.

Puis, un beau jour (ou peut-être une nuit) de septembre, une micro crevette décide d'élire domicile dans mon ventre. A compter de cet instant, et 8 mois et demi durant, je n'aurais de cesse de trouver que mon corps est beau. J'aime ses rondeurs, mon ventre qui s'arrondit et se tend, mes seins qui se gonflent (hourra!). Pour la première fois de ma vie j'ai envie de me voir grossir, de montrer au monde entier que je porte la vie et que je me sens belle. Ah, paradoxe quand tu nous tiens...

Petite Elfe entre dans ma vie, l'allaitement se met en place et mes kilos fondent comme neige au soleil. En quelques semaines, je passe de +15 à -23. Je suis devenue extrêmement mince, je n'ai plus de ventre, plus de fesses et plus de poitrine. Tout s'est envolé et je me sens le coeur léger. Ca a ruiné mon allaitement mais je me suis enfin réconciliée avec mon corps, il m'aura fallu 26 ans. Au début, je n'ai pas osé y croire, j'ai refusé de refaire ma garde robe, et, un an durant j'ai porté des vêtements une à deux tailles au-dessus de la mienne. Car tout le monde me disait que j'avais perdu à cause de l'allaitement mais que ça reviendrait. J'attendais donc, morte de trouille, que ça revienne.

Mais je ne suis pas du genre à me laisser abattre, les kilos ne revenant pas, j'ai décidé de prendre les choses en main. Il faut dire qu'à l'époque, cela fait plusieurs mois que j'ai décidé de me séparer du père de Petite Elfe et mon coeur bat à nouveau. C'est donc le moment de me bouger. Je renouvelle mes pantalons, passe chez l'esthéticienne pour apprendre à me maquiller. En un mot comme en cent, je me sens BELLE.  J'ai trouvé mon corps de rêve, je me sens à l'aise dedans et je n'ai plus aucun complexe (si l'on excepte mes seins complètement tués par le cocktail grossesse/allaitement et dont j'ai du faire le deuil). 

Fin de l'histoire? Non, hélas... J'ai traversé un épisode plutôt douloureux de ma vie sentimentale, et, comme je le faisais parfois avant, je suis tombée dans la nourriture. Le chocolat pour oublier, ne plus penser à la vie qui est la mienne, à tout ce que j'ai raté, aux épreuves qui m'attendent. Quatre mois. Plus six kilos. Retour à la case départ, et pire encore. J'ai connu mon corps mince, maigre, même, ça ne le rend que plus difforme aujourd'hui. D'autant que je déteste l'idée que mon corps porte les stigmates de mes échecs. Perdre mes seins suite à ma maternité, d'accord. Prendre 6 kilos parce que je n'ai pas su gérer mes émotions, là, ça coince.

Aujourd'hui, je n'ose plus monter sur ma balance. Mes pantalons sont trop petits, je ne peux plus fermer mes jupes. Je ne suis toujours pas grosse mais je me trouve énorme. J'ai la sensation qu'à chaque bouchée que j'avale, c'est comme si je prenais un kilo et je ne sais pas. Je ne sais pas lutter contre ma faim, contre mon envie de manger. J'ai besoin de maigrir et je suis incapable d'y arriver. Je ne vois en moi que cellulite, seins qui tombent et ventre qui dépasse. Je ne m'aime plus...

Alors j'ai peur. Peur parce que je ne suis plus seule. Parce que je ne veux pas le décevoir. Parce que je ne veux pas qu'il ait honte de ce que je suis. Et, toujours ce foutu paradoxe, j'ai tellement confiance en lui que j'ose croire que tout ira bien...

On va y aller mollo sur les petits gâteaux...

7 commentaires:

  1. Beaucoup de femmes sont dans ton cas. Moi même, mais pour certaines cela est justifié, d'autres non. Mais vu que tout se passe dans la tête, on n'y peut rien.
    C'est difficile de concevoir que tu en es arrivée à un tel point, j'aurais pas cru :)
    As-tu calculé ton point idéal ? Voir un nutritionniste t'aiderait-il pour faire un point peut être ? Je veux dire le fait de voir un professionnel t'aiderait peut être dans ta démarche d'acceptation dans ta tête, histoire d'avoir un déclic ?

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    1. J'avais jamais réfléchi à tout ça avant de poser des mots dessus hier.... Donc ça va faire son chemin :-)

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  2. Dur d'accepter son corps, surtout après des grossesses, j'en sais quelque chose ... Bisous

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    1. Sauf que moi, qui suis un paradoxe ambulant, je n'ai aimé le mien qu'après ma grossesse!

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  3. ton corps te dit quelque chose et il faut l'écouter... tu ne t'es jamais fait aider ? (Kinésiologue, psychologue ... chacun son truc, pourvu que ça aide)
    Bon courage.

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    1. Comme je disais au dessus, je n'ai pris conscience du probleme qu'en écrivant ce billet... Maman est kinésiologue

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