jeudi 22 janvier 2015

Lettre à...

C'est un peu comme rester là, des heures, au soleil sous la brise chaude d'une journée parfaite. Fermer les yeux et sentir les chauds rayons effleurer ma peau. Ouvrir mes sens et entendre la vie fourmiller sous mes pieds. Me sentir parfaitement, si justement à ma place.

C'est un peu comme arriver à un carrefour inconnu et savoir pourtant, à la seconde même, quel est le chemin à prendre. Et savoir qu’à partir de maintenant, à chaque carrefour s’imposera la même évidence.

C’est aussi comme se taire. Apaisée. Écouter le silence. Et cette douce musique du cœur qui bat tout près.

C’est comme confier un grand trésor. Fermer doucement le loquet sur un cœur palpitant et s’en remettre à la confiance de son porteur.

C’est comme mettre fin à une longue marche épuisante. Et poser, un à un, tous ses bagages sur le sol. Puis s’asseoir, contempler l’amas de souvenirs et décider de ce qui restera sur place. Et accepter de partager un peu son fardeau, pour repartir le cœur en fête et le pas léger.

C’est comme ouvrir la porte d’une chapelle inconnue et se savoir dans un endroit familier.

C’est un peu comme rouvrir ce livre tant aimé, dont la couverture cornée porte les traces des lectures nocturnes, de ses errances dans le sac à main ou de la fois où il a glissé dans le bain. L’ouvrir en connaissant déjà la fin, en souriant aux dialogues qui reviennent en mémoire et pourtant l’ouvrir le sourire aux lèvres et prendre un plaisir immense à tourner à nouveau les pages entre ses doigts.

C’est un peu comme se glisser lentement dans l’eau chaude d’un bain le soir, lorsque les enfants dorment. Et savourer la saveur du baiser brulant de l’eau qui embrase l’âme de ses vapeurs.

C’est comme une de ces soirées douces autour d’une bougie à traîner, encore un petit peu. Les murmures se taisent, les cœurs se rapprochent. Les amis qui se parlent peu mais savent s’écouter en silence. Savoir que le réveil sera difficile, la nuit trop courte mais le faire quand même. Et sourire.

C’est un peu comme mettre les mains dans la farine, puis s’essuyer sur son tablier comme on a vu cent fois sa mère le faire. C’est rassurant, ça a quelque chose de délicieux. C’est un nouveau partage qui se crée.

C’est un peu aussi comme me sentir le cœur débordant, prêt à exploser. Et pourtant, à la minute suivante, réaliser qu’il a encore grandi mais que l’explosion ne vient pas.

C’est un peu tout ça à la fois et tellement plus encore.

Et putain, qu’est-ce que c’est bon !

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