mercredi 5 octobre 2011

On joue au docteur, tu veux?

Aujourd’hui, je suis venue te parler d’un sujet bien plus grave, mais qui me tient à coeur lui aussi. Si tu as l’âme sensible (genre si tu viens d’accoucher ou pire…si tu es enceinte), passe ton chemin, ou…ne m’en veux pas trop !
Je suis venue te dire que je m'en vais que ce n'est pas tous les jours facile de vivre avec un traumatisme. Que oui, il faut en parler, même si tu l'as déjà fait. Que tant que tu ressentiras le besoin d'en parler, tu devras le faire, pour -un peu- exorciser.
Quand je n'étais encore qu'une toute petite fille, un garçon en qui j'avais confiance a abusé de moi. Il a abusé de ma confiance et a essayé de faire des choses avec mon corps, des choses que l'on ne fait pas à une enfant de cinq ans. Cette phrase, je ne l'oublierai jamais : "On va jouer au docteur, viens...et ne dis rien aux parents, c'est notre secret, d'accord?".
J'ai grandi, j'ai ri, pleuré et aimé. Je suis devenue mère. Et je n'ai jamais oublié. Le traître a bien oeuvré, et le temps n'a rien effacé. Lorsque tu es agressée, la non-logique veut que tu te sentes coupable. Et ça marche à tous les coups. Tu te sens coupable car ton agresseur a instillé le doute en toi, il t'a appris à culpabiliser, à douter de toi-même et à souffrir, inexorablement puisque tu ne peux pas te dépêtrer de tous ces sentiments qui tourbillonent dans ton cerveau. Tu n'as aucune raison de culpabiliser, tout le monde te le dira, et toi-même, au fond de toi, tu le sais bien. Mais le savoir et l'appliquer... c'est un grand gouffre qui se trace entre les deux. Le temps n'efface rien, le temps creuse le gouffre. J'ai beaucoup de haine en moi. Je m'en veux de n'avoir pas su me protéger à temps, pas su dire non. D'avoir attendu toutes ces longues années pour parler vraiment. Je lui en veux d'avoir déréglé ce qui aurait dû être un apprentissage "normal" de la sexualité. D'avoir toujours nié la gravité des faits. De m'avoir dit cent fois "je t'aime" (et moi, j'ai envie de te vomir dessus).
Aujourd'hui, je voulais te dire à TOI qui a vécu, peut-être, la même chose, que tu peux apprendre à vivre avec ça. Que ça te rendra plus forte, un jour, plus tard... Que tu dois en parler, dire cette vérité qui dérange mais qui soulage. Tu dois le faire pour toi, mais surtout pour tes enfants. Le poids d'un tel secret est bien trop lourd à porter en héritage.
Maintenant, j'ai décidé d'agir. Parce qu'une personne extérieure qui t'écoute, et qui te dit que ce que tu as vécu est inommable et anormal, c'est nécessaire. Pas un ami, pas un parent. Un professionnel qui sait de quoi il parle et qui va t'aider à tracer ton chemin hors de celui que tu as toujours suivi. Une amie m'a dit il n'y a pas longtemps "mais tu sais, je crois que tout le monde devrait voir un psy". Tout le monde, je ne sais pas, mais moi, ma psy, je la remercie...
Et toi aussi, je te remercie...endurer cet article jusqu'au bout, chapeau!

11 commentaires:

  1. Dur en effet ce que tu confies là maman K. Je comprends tout à fait ton envie d'en parler et c'est sûr que ça doit te faire un plus grand bien. COmme tu dis, on ne peut que te conseiller d'en parler et de ne rien garder en toi. Ce salaud t'a volé ton innocence d'enfant, et ça ta forcemment pourri la vie à l'adolescence, quand on a tant de questions en tête. Continue de parler, d'évacuer toute la haine qu'Il a crée en toi. L'amour de ta petite elfe et de ta famille est aussi un bon remède. Je suis bien d'accord, les psy ont du travail et ils font du bien aux gens.
    bisous et n'hésite pas si tu as besoin d'une oreille amicale

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  2. Merci maman L... Je sais bien que je peux compter sur vous les nanas, vous êtes chouettes! Je vous z'aime!

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  3. J'ai suivi ton lien depuis chez moi. Suis un peu sonnée. De voir à quel point c'est fréquent surtout je crois.
    Je vois que tu grandis avec, tu fais bien d'en parler, et tu en parles drôlement bien.
    Plein de pensées à toi, je m'en vais découvrir ton blog. A bientôt,

    Mamma Loup

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  4. Merci, maman loup! Et merci pour ton article à toi qui était super!

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  5. je n'ai pas enduré ton article, j'ai simplement lu comme si j'écoutais ... c'est bien de briser la loi du silence même si j'imagine bien qu'au départ cela doit être surhumain. C'est bien que tu l'écrives ... ça ne peut qu'aider d'autres victimes à dénoncer pour mieux vivre j'espère.

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  6. le psy n'est pas une solution pour tout le monde
    ça n'a pas été la solution pour mon mari et ça n'est pas la solution pour moi.
    Notre solution c'est de s'être trouvé, d'avoir sentit s'en parler qu'il y avait une douleur
    On est un couple particuliers et quand les gens savent ce qu'on a chacun enduré, on nous évite comme la peste ou on nous infantilise.
    Mais il y a tellement de colère en nous.

    Je pense que chacun peut trouver sa solution.

    Je te souhaite bon courage

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  7. Non en effet... Chacun doit trouver sa propre solution... Mais il faut en trouver une! Pour moi il faut quelqu'un d'inconnu, qui sera complètement objectif... Mais c'est mon opinion :-)
    Et c'est merveilleux si Dark papa et toi vous êtes de vrais soutiens l'un pour l'autre. Félicitations... Et longue route! :-)

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  8. Tu as trouver LE psy qui te convient.. hélas ce n'est pas donné à tout le monde..
    En parler, soulage, oui.. Ya toujours un truc qui cloche quand même..
    Lorsque tout va bien, il faut que ces "moments" reviennent effleurer mon cerveau.. Et là c est partit pour un mauvais cycle..
    Entre les souvenirs et les non souvenirs ( hélas oui, on sait que cela s'est passé, mais on ne s'en souvient pas.. soucis de mémoire) la vie est possible, mais chasser ces démons peut être un long voyage..

    Courage à tous ceux qui ont subi, on se reconstruit doucement mais surement..

    D.

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  9. Ton témoignage est poignant. Je ne sais pas quoi dire, car je pense ne jamais pouvoir imaginé ce que tu vis. Je peux juste te souhaiter plein de courage et de force sur ton chemin vers la reconstruction.

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  10. pouvoir en parler et déjà une grande chose ! courage et que ces mauvais moments disparaisses

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Et toi, tu en dis quoi?