dimanche 22 avril 2012

Dans mon coeur...

A midi trente aujourd'hui, le téléphone a sonné. J'ai su tout de suite ce qui se passait, bien qu'aucune information ne me soit parvenue avant et que je n'ai eu de nouvelles de cette partie de ma famille depuis des mois. "Mon père est parti hier", a dit mon père. Sur le coup, je me suis sentie con, impossible de trouver un truc intelligent à dire. D'ailleurs, je crois que j'ai dit "oh merde". Puis j'ai enchaîné sur "tu me diras quand est l'enterrement". Quelle inspiration.


Voilà. Je n'ai pas vu mon grand-père depuis 3 ans, et je n'ai jamais eu de vrais contacts avec lui ou sa femme depuis environ 20 ans.  A vrai dire, sur le coup je me suis même demandée comment je pourrais trouver ma place à l'incinération. Puis j'ai compris. J'avais ressenti l'information avant que mon père ne prononce les mots, et même si je ne me sens pas liée à mon père comme je peux par exemple l'être à ma mère, la preuve est là que finalement je le suis. Par respect pour mon père, donc, j'irai. Jeudi après-midi, pour la première fois je vais dire "adieu" à un membre de ma famille.

Seulement voilà, je n'ai pas versé une larme à l'annonce de cette triste nouvelle, mon coeur n'a pas fait de bond, ma voix qui me trahit si facilement n'a pas flanché. Rien. Le vide intersidéral. Jeudi,la situation sera très certainement différente mais là, je ne suis pas touché. Pas comme je le devrais.

Ce qui m'amène à réfléchir à ma famille...

Déjà, à la base, c'est compliqué. Mes parents se sont séparés lorsque j'avais 5 ans et ont chacun refait leur vie. Du côté de la famille de mon père, qui déjà n'avait visiblement pas grande affinités avec moi, beaucoup de  pseudos liens se sont à ce moment cassés. Je n'ai jamais su trouver ma place parmi ces gens que je sens loin, si loin de moi. A leurs côtés, j'ai toujours l'impression d'être une extra-terrestre, une nana qui soudain perd ses moyens et fait mine de trouver passionnant de parler de la météo parce qu'elle ne voit franchement pas de quoi d'autre elle pourrait parler. Bref. Je ne dis pas que ces gens sont nuls, je dis qu'ils ne sont pas ma famille de coeur. Je ne dis pas non plus que je parle de TOUS, seulement de certains.

Et là, j'entends déjà leur indignation. C'est vrai que j'ai toujours été bizarre, je n'ai jamais su garder mes opinions pour moi et surtout, j'ai toujours refusé de suivre l'opinion générale, la tradition ou le "respect familial".  Je suis désolée. J'estime être une petite partie de ce que mon sang m'a transmis, et une grande partie de ce que j'ai construit, grapillé, choisi au fil de ma vie. Je suis pour beaucoup celle que j'ai choisi d'être, et j'en suis fière.


Ma famille, elle se trouve dans mon coeur. Pour la plupart, tous les gens que j'y ai rassemblés ne sont pas de mon sang, et pourtant je les aime. Infiniment.

Dans ma famille de coeur, j'ai réuni toutes les personnes qui, d'une façon ou d'une autre, ont un jour mis le pied dans mon monde. Ceux qui savent rêver, aimer, s'émerveiller avec moi. Ceux qui ont su me témoigner de l'amour, sous quelque forme que ce soit. Ceux qui savent être présents. Ceux que je peux retrouver sans les avoir vus depuis des mois et avec qui le lien est toujours aussi fort.


Alors à tous ceux qui ne sont pas de mon sang...
A Hugues, Bruno, Laura, Thomas, Frédéric, Nathalie, Margot, Théo, René. A Adeline, Thibault, Laure, Gérard, Emilie, Stéphanie, Julien et Marjolaine. A tous ceux que je garde cachés et ceux que j'attends de découvrir...

Sachez que je n'attends rien en retour, je vous aime librement.



J'ai écrit ce billet il y a quelques jours, et aujourd'hui je reviens ici pour apporter quelques modifications. Je m'étais trompée sur certaines choses. J'ai été émue jeudi, pour diverses raisons qui n'appartiennent qu'à moi. Le fait est que ce billet mérite précisions... que vous trouverez ici. Et j'en profite pour adresser à ma famille mes plus sincères condoléances.


13 commentaires:

  1. émouvant Maman Elfe. courage ...

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  2. Je partage entièrement ton point de vue...
    Merci pour cet article <3

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  3. rooo une vieille poussière dans l’œil encore.... Moi aussi je t'aime peu importe le temps qui passe, qui défile et qui par moment nous éloigne... Depuis peu je t'ai 'retrouvé", toi, vraiment toi et je suis très heureuse. tu le sais déjà je ne cesse de te le répéter mais je suis là si besoin (je suis aussi ça si pas besoin hein ;) ) et je suis très touché d'avoir une place dans ton cœur; Sache que tu as la tienne depuis longtemps dans le mien. Je t'embrasse fort

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  4. "J'estime être une petite partie de ce que mon sang m'a transmis, et une grande partie de ce que j'ai construit, grapillé, choisi au fil de ma vie. Je suis pour beaucoup celle que j'ai choisi d'être, et j'en suis fière."
    J'aimerais te citer tant cette phrase me touche et me ressemble. Je te comprends tellement.
    Merci <3

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  5. Mary et les Mini Nous26 avril 2012 à 08:29

    Très bel article et je comprends ce que tu ressens.

    Je n'ai jamais été proche de la famille de mon père et je me suis brouillée avec ma grand mere le jour de mes 18 ans. 4 ans plus tard elle est décédée. Quand ma mère me l'a annoncé, j'ai réagi comme toi par un "oh merde", puis j'ai enchainé "bah en même temps ça devait arriver un jour. Et papa comment ça va ?" Par contre par respect pour mon père, je ne suis pas allée à l'enterrement. Je ne pense pas que du haut de mes 22 ans, j'aurai pu me retenir d'envoyer bouler tous ces cons ....

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  6. C'est beau ce que tu dit, comme d'habitude <3

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Et toi, tu en dis quoi?